Un Trône Brisé Tome 1 : Apprends-moi [terminé]

26. Ce n'est qu'un au revoir

Je me dirigeai vers la cabane éloignée, la trouvant vide. Peut-être que Gabe ne reviendra pas, qu'il partira maintenant, ou qu'il se dira que c'était trop tard pour nous. Mais une chose était sûre : je ne regrettais pas nos moments, surtout les derniers.

Demain, je demanderais à Marc de le contacter, je devais au moins lui annoncer que s'il était prêt pour nous, alors il pouvait revenir, parce qu'il n'y avait plus de mariage. Et que cette lettre n'était rien.

Je posais mes affaires aux places habituelles, me demandant comment j'avais fait pour ne pas avoir eu l'idée de partir plus tôt de chez mon père. Sûrement un manque de courage, et un léger espoir que notre relation s'améliore.

Une fois tout mis en place, je m'assis difficilement dans le lit, ayant mal entre les jambes. Je me déshabillais doucement, me sentant sale. Je me dirigeai ensuite vers la table, attrapant des tissus, les trempant dans le seau d'eau, retirant le couvercle. Je m'assis sur la chaise, ne voyant presque rien dans le noir, n'ayant pas la force d'allumer un feu.

Je passais le tissus à tâtons, voulant juste effacer les traces qui me rappelaient ce moment. Mais l'eau n'y changeait rien, elles n'étaient pas visuelles, il n'y avait rien à nettoyer. Je donnais un coup dans le seau, toute l'eau tombant au sol, moi avec en m'étant déséquilibrée de sur la chaise. Je mis mon poing devant ma bouche pour étouffer mes sanglots.

Un frisson me parcourut, les fesses trempées par le liquide. J'avais froid, mais je ne pouvais plus bouger, j'en n'avais plus la force.

Je glissais entièrement au sol, me mettant en boule pour avoir un minimum de réconfort, mais je ne me sentais plus en sécurité. Je n'arrivais pas à ressentir autre chose que la honte, l'humiliation que ce geste avait créé. J'avais été impuissante, il m'avait maintenu au sol sans une once de compassion, et elle, elle avait obéit. Comment une femme pouvait faire ça ? Comment des humains pouvaient être capables de ça ?

Sans que je ne puisse rien y faire, les images tournaient en boucles, les larmes coulant sur mes joues, indomptables. Je me tenais la tête en gémissant, priant pour que ça s'arrête, mais les sons s'amplifiaient et les images passaient de plus en plus vite sans que je ne puisse rien y faire.

Ma respiration se faisait difficile et j'avais froid dans tout mon corps, j'avais l'impression d'être glacée. Je voulais que tout s'arrête, je voulais juste abandonner. Je ne trouvais même plus la force de continuer.

Je relevais la tête en entendant du bruit, le corps glacé, me rendant compte que je m'étais endormie d'épuisement au sol.

Je ne distinguais rien, une lumière m'aveuglant, n'ayant même pas l'énergie de mettre ma main devant mes yeux. J'avais l'impression qu'on avait aspiré toute ma force vitale.

— Qu'est-ce qu'il t'a fait ?

La voix de Gabe fut un trop plein, le peu de contrôle que je m'étais efforcé de garder disparut. Ma respiration se coupa, le sentant enfin contre moi.

Il me souleva, m'emmenant vers le lit, m'accrochant à lui comme si ma vie en dépendait.

— T'es gelée.

J'entendais un son humiliant, et je compris que j'étais complètement en train de craquer, je pleurais comme je n'avais jamais fait depuis des années. Au point d'en avoir du mal à respirer. Au point de trembler tellement fort que le sang se répartit dans ma bouche lorsque je me mordis violemment la langue.

A cause de ce qui s'était passé, et à cause du soulagement d'avoir Gabe à mes côtés. Il n'était pas parti.

Je sentis le lit sous moi, pinçant mes lèvres pour qu'elles arrêtent de trembler.