24. Cauchemar

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Les flaches qui me venaient étaient épouvantables.

Du sang partout, des cris. Des membres éparpillés au sol, partout autour de moi, mon épée ensanglantée entre mes mains. Le bruit de sabots et hennissements attira mon attention, me baissant pour éviter une arme de justesse.

Je roulai au sol, mon regard rencontrant celui du Minoriaga. Il était censé être dans notre camp, alors pourquoi ses hommes massacraient les miens ?

Il sauta à terre, avançant lentement vers moi. Il traînait sa massue derrière lui, faisant un pas en arrière pour lui échapper. Mais il ne s'approcha pas de moi, il fracassa le crâne d'un corps que je n'arrivais pas à distinguer.

J'avais l'impression que tout tournait au ralenti. Je fis un pas en arrière, mon arme ne m'ayant jamais parue aussi lourde, me ralentissant dans ma fuite.

Je m'entravais les pieds sur un corps, projetant mon épée au sol pour me soutenir et m'aider à avancer, m'en servant comme appuie.

Un arbre à ma droite était enflammé, il bougeait comme si une tornade le secouait. Avec effrois je distinguais des bras des branches, comprenant que ce n'était pas un végétal, mais un corps humain qui brûlait vif.

Un oiseau noir vola au dessus de lui, émettant un cri strident.

"Trahison" souffla une voix dans ma tête, encore et encore au point que mes mains se posèrent sur mes oreilles, criant pour qu'elle s'arrête. Que tout s'arrête.

Je me cabrai dans le lit, en sueur, complètement paniquée.

— Augna, tout va bien.

Des bras se retrouvèrent autour de ma taille, un grondement sourd me faisant sursauter.

— Regarde-moi.

Je tournai le regard vers Gabe, m'obligeant à l'écouter.

— Respire, c'est bien.

Je fermai les yeux en essayant d'avoir les poumons remplis, hochant faiblement la tête pour lui signaler que j'allais bien.

— T'as fait un cauchemar ?

J'hochai la tête, espérant que ce ne soit pas une vision. Un coup contre la fenêtre me fit sursauter, croyant qu'il nous avait retrouvé. Mais c'était seulement les branches d'un arbre.

— C'est l'orage. Je vais fermer les volets, bouge pas.

Ma prise sur lui se resserra, me tirant presque derrière lui en n'ayant pas vu que je ne l'avais pas lâché.

— Me quitte pas.

Il m'aida à me redresser, le suivant jusqu'à une des deux fenêtres. Il l'ouvrit, le froid me saisissant de plein fouet, la pluie s'abattant dans la pièce.

Il ferma les morceaux de bois et fit pareil avec l'autre, le bruit étant bien plus étouffé ainsi.

— Tu veux manger ou boire ?

Je fis un signe de tête, et il m'apporta son sac et les provisions. Il m'aida à ouvrir la gourde, mes mains tremblant trop pour ça.

Un cri me fit sursauter en même temps que le tonnerre, mon visage tombant dans une flaque de sang, grelottant d'effroi. Mes yeux se fermèrent, essayant d'oublier le passé, et de me concentrer sur le présent, sur Gabe.

Je sentis une couverture se serrer autour de moi, me collant contre le corps chaud au maximum.

— Il faut rentrer le plus vite possible Gabe. Dès que ça se calme il faut...

— Te préoccupes pas de ça.

— La guerre est proche.

— Je croyais qu'on n'avait pas encore décidé du moment ? Qu'on attendait d'avoir libéré le reste de mon peuple ?

Un Trône Brisé Tome 1 : Apprends-moi [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant