6. Soldier

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Le lendemain je me levai avant la plupart des habitants, emportant avec moi un arc et des flèches. Je m'enfonçai dans la forêt intérieure du village jusqu'à retrouver l'endroit où je m'entraînais depuis des années, mais d'habitude avec Jaffa.

Les trois arbres alignés devant moi avaient des cercles bien visibles, qui avaient été dessinés au couteau il y a bien longtemps. Ils étaient à une vingtaine de mètres devant moi.

Je mis mon coude en position, tirant sur la corde pour bander mon arc, sentant l'objet fin rentrer dans ma peau, qui était maintenant habituée à la légère douleur. Je me stabilisais sur mes pieds, ancrés dans le sol.

Inspire, expire. Inspire, expire.

Je relâchai la corde et la flèche siffla dans l'air, tournoyant, elle atteignit sa cible en à peine deux secondes. Les quelques autres se fichèrent aussi parfaitement dans leur cible, avec adresse, pratiquant déjà depuis des années mon agilité et ma précision. Voulant la perfection.

Des applaudissements derrière moi se firent entendre, me faisant sursauter, sortant de ma concentration. Mon père se trouvait à présent devant moi, un sourire sur les lèvres.

Je m'approchai de lui et sa main caressa doucement mes cheveux, comme à chacun de ses retours, un geste familier, mais qui ne durait jamais.

- T'es revenu, susurrai-je.

- Comme toujours, pour toi.

Son visage m'apparut sous la lueur de l'aube. Ses sourcils blonds se froncèrent au-dessus de ses yeux noirs et il effleura mon cou tirant vers le bordeaux, entouré de doré.

- J'en ai entendu parler, lâcha-t-il dans un soupir. Ils se rapprochent, il faut être prudent de nos jours, encore plus qu'avant. Je pourrais pas te perdre toi aussi.

J'hochai la tête et me dirigeai vers les arbres, récupérant les flèches plantées.

- Tu repars quand ?

- Dans une semaine, ils ont encore besoin de moi pour construire la maison d'un couple de jeunes mariés. Je suis rentré pour revoir ma petite fille.

- Oui, de toute façon je repars dans la matinée.

En voyant son air interrogateur, je remuai la tête.

- Je peux rien te dire pour le moment, ordre d'Ashia.

Il me fit un signe d'approbation et nous rentrâmes au village en silence.

Les entraînements du matin furent annulés, étant donné que le village le plus proche était à un jour de marche, on n'avait pas le temps.

Trois groupes composés de dix personnes chacun, partirent vers un village différent. Je mis mon sac à dos et me mis en marche à côté de la rousse.

Nous traversâmes la forêt, nous faufilant entre les arbres, ces derniers filtrant la lumière du soleil, ne laissant paraître que quelques rayons à certains endroits. Nous marchâmes comme à notre habitude en faisant le moins de bruit possible, la forêt nous laissant se fondre en elle. Aucun d'entre nous ne parlait, écoutant le moindre petit son, allant du petit rongeur dans les arbres, au vent caressant les hautes herbes dans les champs dégarnis d'arbre.

Lorsque nous nous mîmes à traverser ces derniers, je me concentrai sur le sol, me retournant souvent pour assurer mes arrières. Les rampants étaient une espèce dangereuse, attaquant facilement en tout moment de l'année. Nous avons déjà perdu des gens du peuple à cause d'eux, certaines fois même des enfants, c'était en partie pour ça qu'ils avaient interdiction de sortir seuls en dehors du village. De toute façon, même s'il leur arrivait d'essayer, entre l'aménagement des murs, plus les tours de gardes, aucun n'avait réussi à sortir en douce depuis plusieurs années.

Un Trône Brisé Tome 1 : Apprends-moi [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant