8. Fièvre

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On descendit au niveau des cachots, la lumière ne s'y aventurant même pas elle-même.

Gabe me suivait de près, mais il faisait trop de bruit. Je n'avais qu'une envie : l'abandonner dans une cellule. Mais si on pouvait passer un accord avec eux, je devais garder mon assurance. Lui.

Je m'arrêtais en entendant du bruit, essayant de voir du mieux que je pouvais, il faisait sombre, énormément.

Il ne semblait y avoir personne, au premier abord. Mais si on s'attardait sur les sons alentours, on entendait un léger tintement. Je savais que c'étaient des chaînes. Sûrement autour de poignets, de chevilles ou autour d'un cou, je l'avais expérimenté moi-même.

Il y avait un prisonnier pas loin, et personne d'autre n'était là. Mon instinct me criait de partir, mais mon cœur ne disait pas la même chose. Je savais ce que c'était de perdre l'espoir qu'on nous sorte de là, je connaissais le sentiment de désespoir qui te faisait perdre toute notion du temps, de la réalité.

Une main se posant sur mon bras me fit sursauter, ayant oublié la présence du jeune homme derrière moi.

— Tu fais quoi ? chuchota-t-il.

Je tournais la tête vers la source du bruit, me mordant la lèvre, serrant les poings.

— Je reviendrai, murmurai-je pour moi-même.

Je fis plusieurs pas, et tout en passant devant la cellule, je m'efforçais de ne pas tourner le regard. Je reviendrai, mais j'ignorais si la personne sera encore en vie à ce moment là.

L'air de dehors me fit un bien fou, chassant toutes mes préoccupations en un instant. Je remis la planche en bois derrière nous puis les feuillages tombant, cachant l'ouverture par laquelle on était sortis.

— Il faut se fondre dans la masse, annonçai-je.

Le brun fit un signe de tête, regardant autour de lui.

— Si tu vois des hommes armées qui se déplacent par deux, tu me fais signe, ce sont les gardes, c'est eux qui sonneront l'alerte.

La foule était peu présente, les habitants n'étaient plus nombreux à sortir. Pour une fois, j'aurais préféré que la place centrale soit bondée. Je rabattis ma capuche, cachant mes cheveux clairs.

Mon regard se tourna vers le compagnon à mes côtés, il ne passait pas pour un homme de notre peuple, il allait nous faire remarquer. Toute seule, ça irait mieux.

Je m'arrêtai à côté d'une porte, attrapant la cape qui pendait devant.

— Mets ça, tu nous fais remarquer.

Il regarda l'habit que je lui tendais, puis sa tenue. Un pantalon avec un drôle d'imprimé, un haut tirant vers le vert foncé. Une arme accrochée à la sangle sur ses hanches. Une des leurs.

Il drapa la cape sur ses épaules, me fixant, attendant mon approbation. Il n'obtint qu'un genre de grognement en tant que réponse. Je savais qu'il faisait partie d'un autre peuple, et je n'arrivais pas à le prendre pour un autre. Mais ça fera l'affaire.

Je redémarrais, décidant de ne pas m'attarder sur les détails.

Seuls les couples mariés sortaient, en principe les autres personnes étaient avec d'autres, ou seules. Ils se tenaient la main aussi, s'arrêtaient parfois pour montrer leur affection avec un baiser rapide. Je savais que si je continuais à être autant tendue, se serait suspect, mais le stress de l'évasion était trop prenant.

Ma main s'empara de celle du brun à mes côtés, observant discrètement le peuple autour de moi, ce que je n'avais pas l'habitude de faire, pas pour regarder les signes d'affection, montrant la proximité.

Un Trône Brisé Tome 1 : Apprends-moi [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant