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Les premiers matins d'hiver avaient envahi le parc de Poudlard. Les arbres étaient dénudés de leurs feuillage, un nuage s'était posé sur le sol et une fine épaisseur de givre allait s'installer sur les surfaces qui restaient immobiles et vulnérables. La serre de botanique en était justement couverte. Depuis l'intérieur, on pouvait croire être à l'intérieur d'une boule de neige.
Peter Pettigrew n'y prêtait cependant pas attention. Il surveillait de près une petite fleur blanche extrêmement rare mais qui laissait pourtant indifférent∙es ses camardes ; un niphredil, pour être précis. Il n'avait pas de cahier de notes, pas même un parchemin ou une plume. Pas besoin, il connaissait tout par cœur. Et puis de toute façon il n'aimait pas écrire. Il avait vu Remus disserter pendant des pages sur toutes sortes de sujets que ce dernier voulait comprendre, et ce, même durant son temps de repos mais Peter de son coté évitait de s'approcher de quoi que ce soit qui touchait à l'alphabet lorsqu'il n'y était pas obligé.
Quand il était arrivé à la serre il faisait nuit et il n'avait pas vu le ciel se réveiller. Il s'était infiltré là à une heure interdite, prévoyant vaguement de se changer en rat si Mme Chourave débarquait. Il n'avait aucune mission urgence à remplir, seulement il avait été dérangé dans son long sommeil par Sirius, Remus et leur insomnie. Il n'avait pas réussi à replonger dans son rêve et, après l'ouverture des yeux de James, il y avait carrément renoncé. Il avait décidé de s'éclipser pour avancer dans son travail en la seule matière qu'il maîtrisait haut la main. Il rejoindrait les autres à l'heure du petit-déjeuner, s'était-il dit. Ce qu'il n'avait pas fait. Avec un pincement au coeur, il songea d'ailleurs qu'on ne noterait surement même pas son absence s'il restait là.
Une fois dans la serre, il s'était sentit bien mieux que dans la Grande Salle et n'avait plus eu la moindre envie de sortir. D'après les couleurs du ciel, pourtant, l'heure de manger était passée. Mais il était à peu près certain que le cours de sortilège n'avait pas débuté.
Entouré de plantes, c'était la seule fois où il osait se sentir comme un roi. Il était dans un monde qu'il comprenait sans efforts, à l'aise. Pas besoin de l'aide de Remus et de son cerveau tellement compliqué, il pouvait tout gérer et comprendre seul, se détendre... c'était très agréable. Si agréable qu'il en oubliait l'existence du temps. Un diable faisait avancer les aiguilles de la montre à toute vitesse.
Il hésita à emporter la petite fleur avec lui mais décida d'éviter le désastre. Avec deux amis drogués naturellement à la sérotonine et a fortiori un chien et un cerf potentiellement capable de massacrer cette pauvre plante d'une façon ou d'une autre, on n'était pas à l'abri d'une catastrophe purement marauderesque.
Il la couvrit d'un sort pour la préserver des intempéries jusqu'à sa prochaine visite -qui aurait lieu dans la soirée- puis fila en classe.
James, Sirius et Remus y étaient déjà présents, les deux premiers se faisant passer un vif d'or entre les pupitres et le dernier désespérant en silence de la prochaine pleine lune prévue pour dans treize jours. Peter salua ses amis et alla s'assoir à coté de James qui ne lui accorda pas le moindre intérêt. Il soupira, s'étala sur son bureau et se rendit compte qu'il mourrait de faim.
James était un garçon assez petit -qui avait pourtant récemment atteint sa taille définitive- mais qui compensait cela avec un égo beaucoup trop lourd pour lui. Il n'était pas bien tendre si on était son ennemi mais savait se montrer sympathique avec celleux qu'il estimait. Sirius et lui adoraient se donner en spectacle, jouer la comédie, être exubérants et passer du bon temps. Ils attiraient des jalousies car ils était assez beaux, doués à l'école sans vraiment faire d'efforts et que quand il s'agissait de faire quoi que se soit qui pourrait leurs apporter de l'adrénaline, ils étaient de véritables artistes.
James avaient des cheveux courts et en bataille ainsi que des lunettes rondes qu'il cassait fréquemment ( parfois il faisait exprès de les casser pour un air aventurier ). Il s'arrangeait toujours pour porter son uniforme de la façon la plus débraillée possible car il était friand de tout ce qui concernait le fait d'exprimer ce qu'il voulait dire par ses vêtements. C'était pour cela que, même en décembre et par un climat comme celui de l'Angleterre, il refusait de porter sa cape par dessus la chemise et avait attaché sa cravate autour de sa tête.
Sirius avait lui aussi une façon plus atypique de porter son uniforme, mais elle résultait plutôt en le fait de remplacer son pantalon par une jupe, de vernir ses ongles ou de se tracer un trait d'eye liner -ce qui n'était clairement pas au goût de tous∙tes. Avec ces cheveux arrivant aux épaules, il était arrivé de nombreuse fois qu'on l'appelle "Mademoiselle", puis la puberté avait débarqué et ce n'était plus jamais arrivé. Ce qu'il avait l'air de regretter, parfois.
Presque trois ans au paravant, il avait quitté la maison de ses géniteur∙ices pour s'installer chez James où il avait reçu tout l'amour parental auquel il n'avait jamais eu droit. Depuis, James et lui étaient quasi-officiellement des frères et plus soudés que jamais. Leur amitié était à part dans le groupe d'amis, mais elle n'était pas la plus puissante.
Le lien le plus fort, qu'on ne pouvait saisir de l'extérieur, était celui qui unissait Sirius et Remus. Ce dernier n'était pas quelqu'un d'agité, pas quelqu'un qui aimait particulièrement de noyer dans l'interdit, et pourtant Sirius et lui partageait beaucoup. Il suffisait d'un regard pour qu'ils se comprennent. Parfois ils échangeaient un sourire autour d'un sujet secret, même pour James, parfois on les trouvaient en train de discuter tard le soir. Il suffisait d'une grimace de Remus pour provoquer l'inquiétude de Sirius, d'un rire de Sirius pour provoquer la bonne humeur de Remus.
Ainsi le groupe des quatre amis s'était titré "les maraudeurs". Une équipe soudé que même la mort ne pourrait séparer... même si Peter s'y sentait comme une pièce rapportée, une roue de trop au carrosse devant la complicité des trois autres. On l'oubliait souvent, on ne l'incluait pas. Quand on observait le groupe on avait de l'admiration pour les deux premiers, de la curiosité pour le troisième et on oubliait systématiquement le dernier qui à force en nourrissait une rancune qui devenait de plus en plus grosse au fil des jours mais qu'il refoulait à l'en faire exploser. C'était un gentil garçon, qui ne souhaitait que le bonheur de chacun, après tout.
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Two Kings in a Queen-sized bed
Fanfiction- Calendrier de l'avent - Nous sommes en décembre 1978, les maraudeurs passent leurs dernier hiver à Poudlard et ont prévu de célébrer cet événement comme il se doit. Peter prévoit de prendre soin de la petite plante dont il est le seul à savoir pro...