4 décembre 1993 : justifications

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Cette fois il était certain qu'il s'agissait de Padfoot. Bien sur un∙e humain∙e différencie difficilement un chien noir d'un autre chien noir, mais, iel parvient toujours à distinguer la présence de l'un∙e de ses congénères. Remus n'était pas sur qu'il s'agissait bien du même chien lorsqu'il l'avait croisé dans son bureau deux jours plus tôt : à peine avait-il sursauté que l'animal s'était enfui d'un saut et avait disparu. 

Mais désormais il n'y avait plus de doutes à avoir. Remus avait préalablement bloqué toutes les sorties qui n'étaient pas la porte du bureau et le chien qui ne pouvait s'échapper n'avait plus vraiment l'air un chien. 

Remus ne ressentait que rarement de la colère qui n'était pas causée par son loup et avait d'autant plus rarement envie de frapper les autres. Mais ce soir là il voyait rouge, et en même temps son coeur fut soulagé comme durant le réveil d'après un cauchemar en revoyant Sirius. 

« Re-transforme toi. » ordonna-t-il d'une voix glaciale.

Sirius portait ses vêtements de prisonnier, si sale qu'on peinait à en voir la couleur d'origine sous la boue et la poussière. Il n'avait pas l'air colérique que Remus lui avait vu sur les affiches qui tapissaient les murs de toutes les villes, il avait seulement un visage fatigué et désespéré. Les images du passé refaisait surface une par une : le petit Sirius au cheveux courts qui revenait à Poudlard et s'y sentait chez lui, son amitié avec James... tout jusqu'à l'adulte piteux qu'il était devenu. 

Remus était censé prévenir Dumbledore ou le ministère, mais il ne pouvait s'y résoudre. Il était incapable de bouger. Il lui fallut une longue minutes pour reprendre ses esprits et réfléchir à ce qu'il devait dire. 

Une idée qu'il avait souvent eu débarqua dans son esprit mais il la chassa comme toujours. Sirius avait été arrêté, Sirius avait tué Peter, cela ne faisait plus de doutes et il ne devait plus en avoir : Sirius était coupable. Il s'était assez torturé à chaque fois qu'il avait supposé le contraire durant les douze années précédentes. 

« Moony...

- Stop. coupa le dit-Moony. Je t'interdis de m'amadouer à coup de surnoms. Je n'oublierai jamais ce que tu as fait, Black. 

Sirius tordit sa bouche dans une expression très enfantine pour ne pas laisser échapper une phrase encore plus enfantine. Il avait scandé à qui voulait l'entendre qu'il était innocent et personne ne l'avait cru, ni même écouté. Mais Harry était en danger maintenant, et c'était sa dernière chance. 

- Remus... 

Des les larmes perlaient à la commissure de leurs paupières. Le loup-garou se refusait à regarder son ancien ami. 

- Tu ne crois pas que tu nous a déjà fait assez de mal comme ça ? soupira ce-dernier. 

Le lendemain de la mort de James et Lily, c'était le professeur McGonnagall qui était venu lui annoncer la sinistre nouvelle en personne. Il était littéralement tombé à genoux. Il avait mis une année entière à se persuader que Sirius n'était pas la personne qu'il avait aimé, qu'il était tombé amoureux d'un usurpateur seulement occupé par les ténèbres. Parfois, le doute revenait encore mais il lui suffisait d'imaginer les corps de Peter, Lily et James pour haïr Sirius de nouveau. 

- Remus... reprit Sirius en s'avançant d'un pas, prudemment. Je n'ai pas tué James et Lily. Je n'ai jamais été partisan de Voldemort. »

Remus ferma les yeux très fort. Dans l'obscurité provoquée par ses paupières il pouvait voir un manège de petits points hypnotisants comme les formes déformées d'un kaléidoscope. Il espérât qu'en ouvrant les yeux de nouveau Sirius aurait disparu, qu'il se réveillerait de son rêve... Ce ne fut pas le cas. Sirius se tenait toujours devant lui.

Two Kings in a Queen-sized bedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant