10 décembre 1993 : revanche

477 66 36
                                    

Média : @lemonladly (instagram)

La première phrase qu'avait prononcé Sirius lorsqu'il s'était retrouvé face aux deux femmes à visage découvert, avait consisté à les implorer de ne pas en toucher un seul mot à Dumbledore. Elles doutaient grandement que cela marcherait car Dumbledore trouvait toujours un moyen de deviner ce qui se tramait entre les murs de son école, mais elles y consentirent. Elles furent bien plus septique que Remus car elles ne pouvait différencier un rat d'un animagus par une simple photo, mais elles reconnurent que l'histoire paraissait plausible. Plus elles y réfléchissait, plus cette nouvelle histoire à propos du meurtre des Potter devenait logique : Sirius n'aurait trahi James pour rien au monde et ne se serait jamais rallié au camps qu'il avait combattu depuis son enfance. En revanche on ne pouvait pas se figurer la façon de penser de Peter. Il avait toujours été assez timide et semblable aux autres, il ne se démarquait pas, il arrivait qu'on l'oublie. L'idéal pour un assassin. 

L'idée de se venger de Peter en le tuant avait dérivé vers une simple capture depuis que Mme Pomfresh et McGonagall avait été mêlée à l'affaire. Remus y avait consenti sans hésiter, Sirius avait prit un air boudeur qu'il gardait encore. 

La nuit était tombée et avec elle un calme berçant avait envahi le château. Sirius et Remus se trouvaient dans le bureau de ce dernier. On avait, deux jours plus tôt, attribué une chambre inoccupée à Sirius pour qu'il y dorme, mais il était revenu vers Remus après à peine une heure car il s'ennuyait à mourir tout seul. Désormais il ne se rendait dans cette chambre que pour dormir, et encore : il arrivait qu'il dorme en boule sous la forme de Padfoot un peu n'importe où. 

Sirius soupira. Remus, perché sur une copie, perdit son air concentré pour regarder son ami assis par terre, il avait une vague impression de déjà-vu. 

« Qu'est-ce que tu as ? lui demanda-t-il.

- Je pense que Peter mérite de mourir pour ce qu'il a fait. » Répondit Sirius qui regardait le sol, toute lumière dans ses yeux remplacées par une rage intense. 

Remus se sentit -comme très souvent depuis le retour de Sirius- transporté au temps de son adolescence, les souvenirs se rejouant et s'enchaînant. Il revit le temps où Sirius et lui étaient bien plus qu'amis et où ils étaient persuadés de gagner la guerre en combattant le crime... en un sens ils avaient réussit. Remus ressentait lui aussi la perte de James de façon très forte, encore plus la perte de Lily... et de tout les autres qui lui manquaient. La mort avait fait tant de victimes. 

Peter aussi lui manquait. Il avait réellement était son ami... mais Remus devinait que Sirius ne voyait pas les choses de la même façon que lui : Dans le coeur de Remus, il fallait faire le deuil de l'ancien Peter qui était mort au même instant que les Potter. Dans le coeur de Sirius, le nom de Peter Pettigrew équivalait à "revanche". 

« Tu détestes Peter parce qu'il a tué des gens, et pour te venger tu voudrais le tuer ? soupire Remus. 

- Il l'a mérité. 

- Personne ne mérite de mourir, Sirius. C'est toujours un être humain. 

- Il y a un stade où j'ai du mal à le considérer comme tel, justement. »

Sirius serrait les poings. Il plongea ses yeux gris dans ceux de Remus et celui-ci y vit une expression qui le terrifia. Là, il comprit que le Sirius qui se trouvait devant lui avait changé. 

L'ancien Sirius vivait chaque jour comme le dernier, ne se souciait de rien, se révélait toujours, savait illuminer une journée d'une parole, vivait en vibrant et en ressentant tout. 

Le nouveau Sirius gardait dans le fin-fond de son coeur celui qu'il avait été mais, détruit par des années d'enfermement et de prison il était controlé par sa soif de vengeance. 

Remus eut de la peine en réalisant que tout n'était plus comme avant. En retrouvant Sirius il avait cru pouvoir retrouver sa vie, ne plus être seul... finalement c'était un inconnu qui se tenait avec lui, alors sa vie était perdue. 

« On ne peut pas se permettre de le tuer. On est pas au dessus des lois, reprit Remus, tuer est quelque chose de mal, d'horrible, la pire des choses qu'un être humain puisse faire selon moi.

- J'ai vécu douze ans dans une prison, Moony, répondit Sirius, je peux te citer des centaines de choses pire que la mort. 

- Tu n'as pas le droit de priver quelqu'un de sa vie, c'est tout. Si tu le fais, tu ne vaut pas mieux que lui. La violence engendre la violence ! Une fois que tu l'aura tué, peut-être que quelqu'un d'autre voudra le venger !? Alors que si tu arrêtais ce cercle vicieux maintenant tu ferais quelque chose de juste ! 

- Je ne veux pas que ce soit juste ! s'écria Sirius en se levant et en criant, ce qui fit reculer son ami. Je veux qu'il souffre autant qu'il m'a fait souffrir ! 

- On ne puni pas un crime par un crime ! Tu veux être le meurtrier qu'iels pensent que tu es ?

- Je n'en ai rien à faire ce que que les autres pensent de moi ! »

Tout était allé très vite, Remus ne se sentait plus en sécurité avec Sirius en voyant la lueur de ses yeux. Son ami lui faisait peur -était-ce au moins encore son ami ?-.

« Le Sirius que je connais n'aurait jamais tué qui que ce soit. »

Il sortit du bureau, il avait besoin de prendre l'air. 

Sirius resta debout sans se retourner quand il partit. L'ancien Peter n'était peut-être pas le seul à être mort en même temps que James et Lily, finalement. Ils avaient tous perdu un peu d'eux-mêmes. Remus se tenait de l'autre coté de la porte, appuyé contre le bois et les yeux clos. Il en voulait au temps pour ce qu'il avait fait de lui et s'en voulait à lui-même de ne pas savoir accepter que les choses ne pouvaient durer éternellement. C'était terrible de penser que le Sirius dont il était amoureux n'existait plus. 

Two Kings in a Queen-sized bedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant