8 décembre 1993 : démasqués

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Média : @reebeex (instagram)

L'après-midi de Remus était libre et il avait désormais sur le dos un animal resté trop longtemps enfermé qui rodait près des fenêtres pour mendier une sortie.

« S'il te plaît ! Répéta ce dernier quasiment agenouillé au pied de Remus dans une position de prière.

- Je peux pas te laisser retourner à Askaban, Sirius. Donc, non, nous n'irons pas à Pré-au-Lard. Ni maintenant ni jamais tant que tu seras recherché. Dit Remus avec diplomatie.

Ils avaient élaboré un plan pour innocenter Sirius, mais pour cela ils auraient besoin de Peter. Personne ne croirait un loup garou venu défendre son ancien amant recherché dans tout le pays. Et visiblement le veritaserum n'était plus prescrit avant de condamner quelqu'un∙e. 

- Je serai sous la forme de Padfoot ! répétât Sirius pour une énième fois, Tout le monde croira que je suis ton chien, tu n'aura même pas à me parler. 

- J'adore te parler, c'est pas le problème ! » s'écria Remus sans avoir préalablement répété le plan de sa phrase dans sa tête, ce qu'il ne faisait jamais... Ou plutôt ce qu'il ne faisait plus depuis que la personne en qu'il avait le plus confiance avait disparue de sa vie. 

Il ferma les yeux un instant pour disperser la honte qui venait de l'envahir puis s'agenouilla par terre, face à Sirius pour le regarder et lui dire doucement :

« Si je croise un∙e professeur∙e de Poudlard, un∙e élève... qu'est-ce quelle leurs dirai ? 

- Que je suis ton chien !

- Iels savent que je n'ai pas de chien, j'enseigne ici et on ne t'y a jamais vu. 

- Que je suis le chien d'un∙e de tes ami∙es, ou d'un∙e membre de ta famille, alors ! »

Le père de Remus vivait sa retraite dans un coin reculé de la campagne anglaise où il avait la place de recueillir des centaines de chiens s'il le voulait sans avoir besoin de les faire garder par son fils, la mère de Remus étaient décédée depuis bien longtemps et il n'avait pas vraiment d'autre famille connue. Quant aux ami∙es, il se voyait mal avouer à Sirius que sa vie amicale était morte en même temps que les Maraudeurs. 

« Et si on ne retrouvait jamais Peter ? soupira Sirius en se relevant et en tournant le dos à Remus pour regarder la fenêtre. S'il trouvait une solution pour tourner la situation à son avantage ? Je suis sur qu'il en est capable. Il nous a bien manipulé pendant toutes ses années... Si on ne trouvait jamais un moyen de m'innocenter j'aurai plus jamais vu Pré-au-Lard, tu comprends ? C'est pour ça que je m'en fiche d'être vu, je m'en fiche de ce qui se passera demain, ce que je veux c'est profiter tant que c'est encore possible ! »

Remus avait toujours eu du mal avec cette façon de penser, de vivre au jour le jour en suivant uniquement ses envies... Mais il pouvait admettre que cette fois-ci il comprenait le raisonnement de Sirius. Ce dernier avait peut-être même était pour une fois bien plus pessimiste que lui en pensant que la libération ne lui serait jamais accordée. Remus, lui, espérait encore revoir un Sirius non-fugitif... Cet espoir se fana partiellement après l'argumentation de Sirius. Il soupira, vit à quel point son ami était sincère et ceda du bout des lèvres :

« C'est d'accord. Mais au moindre débordement, on rentre. »

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Le village était plongé sous une épaisse couche de neige et envahi d'adolescent∙es s'amusant avec dans une joie enfantine. Remus reconnu plusieurs de ses élèves et en salua certain∙es, maudissant la timidité qui pouvait lui faire perdre ses moyens même devant des enfants de onze ans. 

Padfoot, en revanche, savait se fondre parfaitement dans le paysage. Il jouait son rôle en s'y perdant, aboyant sur d'autres chiens, courant après deux ou trois boules de neige. Sans qu'il ne s'en rende compte, un sourire illuminait le visage de Remus. Il ne vit pas la silhouette droite et sévère enroulée dans un manteau à motif écossais qui arriva derrière lui. 

« Bonjour, Remus. dit la voix de Mme McGonagall en faisant faire un bond à l'interpellé. 

- Oh, bonjour Professeure, je ne vous avait pas vue. Vous allez bien ? 

- Très bien, acquiesça la femme avec tout le sourire dont elle était capable, j'allais prendre un thé avec Pompom, vous voulez vous joindre à nous ? 

- Oh c'est très gentil à vous mais je ne voudrais pas vous déranger... tenta de refuser poliment Remus.

- Si vous nous dérangiez, je ne vous le proposerait pas. »

Sirius, même sous sa forme de chien, arrivait à faire comprendre à Remus qu'il devait aller prendre ce fichu thé car son meilleur ami brulait d'envie de revoir d'avantage Mesdames Pomfresh et McGongall. 

À cause de l'agitation évidente de Padfoot, la professeure de métamorphose finit par baisser les yeux sur lui. Ceux-ci s'écarquillèrent. Son visage se déforma en une grimace d'étonnement intense que peu de personnes avaient eu l'occasion de voir sur les traits de Minerva McGonagall depuis son enfance. 

« Tout compte fait, peut-être devrions-nous prendre ce thé dans un endroit plus confidentiel. » 

Et cette fois, son ton n'avait plus rien d'une proposition. 

Remus crut avoir de nouveau treize ans quand il se retrouva dans le bureau de la directrice des Gryffondor. Le chien Padfoot tournoyant derrière lui. 

Le bureau était une vaste pièce sans aucune décoration particulière. Tout y était très classique et ordonné. Des livres et des copies s'empilaient sur le bureau. La maitresse des lieux avaient enlevé son manteau sous lequel elle arborait une stricte robe noire, elle tenait ses coudes appuyer sur la table de bois ciré et se touchait le menton de ses deux mains dans un air de réflexion. À ses cotés Pompom Pomfresh avait une curieuse allure car elle avait troqué sa tenue d'infirmière contre des cheveux lâchés et des vêtements de ville classiques. Sa présence apportait à la pièce une sensation de confiance et de bienveillance qui apaisa Remus, tendu sur la chaise du bureau. 

« M. Lupin, je vais avoir besoin d'explications, déclara Minerva McGonagall, il était très imprudent de votre part de sortir comme ça... je sais reconnaitre un∙e animagus lorsque j'en vois un∙e. Et une hypothèse qui expliquerait beaucoup de choses me tourne dans la tête. Vous voulez bien éclaircir mes idées ? »

Comme même après plusieurs secondes, Remus gardait le silence, la voix douce de Mme Pomfresh intervint. 

« Nous pouvons tout entendre Remus, tu me connais bien, tu sais que je ne te jugerai pas. »

Comme il ne répondit toujours pas, la professeure de métamorphose ordonna :

« Transformez-vous, Sirius. Et expliquez-nous tout. »


Two Kings in a Queen-sized bedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant