14 décembre 1978 : lunaire

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Média : @artsbyjssy (instagram)

Un vent froid balaya les cheveux de James et Sirius, tout deux dissimulés derrière le tronc d'un arbre. De là, ils pouvaient voir les silhouettes de Remus et Mme Pomfresh se diriger vers l'intérieur du saule cogneur. Peter jouait distraitement avec un coin de la cape d'invisibilité quand un coup de coude de son propriétaire le poussa à les en couvrir. 

Petits, ils pouvait se couvrir tout les quatre sans peine sous la longue cape mais plus les années passaient, plus ils devaient se courber à s'en faire mal au dos pour que leurs chaussures ne dépasse pas du vêtement magique. Peter pouvait se changer en rat pour être invisible, cela était à son humble avis bien plus pratique. 

Wormtail, justement, s'élança de ses petites pattes sur le noeud de l'arbre une fois Mme Pomfresh hors de vue. Après cela tout le groupe put s'élancer dans le tunnel étroit et sombre qui menait jusqu'à l'endroit où Remus se transformait. 

C'était la solution que le directeur Dumbledore avait mise en place avant l'entrée de Remus à l'école : un passage secret débouchant sur une maison. Maison, qui, avec le temps, était réputée hantée. En un sens, c'était véridique car ce que certain∙es considérait comme un monstre venait s'y cacher à chaque pleine lune. Sirius aurait tué n'importe qui aurait prononcé ses mots près de lui. 

Lors de sa cinquième année, quand il avait dut accompagner son ami dans cet endroit pour la première fois, il avait lutter contre lui-même pour ne pas s'enfuir à toutes jambes par lâcheté. La maison grinçante l'effrayait, les cris de douleurs de Remus lui était insupportable... Mais s'il n'était pas resté, il était maintenant sur que sa vie en aurait été moins belle. Après cette panique, il avait vu le loup, avait joué avec lui durant toute la nuit. 

Au fil des pleines lunes, il avait apprivoisé la bête féroce -ou peut-être était-ce l'inverse. Le loup n'était pas la créature immonde qu'il s'était figuré. Il ressemblait à n'importe quel autre loup, et comme il savait qu'il s'agissait de Remus, il le trouvait magnifique. Le loup n'était pas une bête féroce sans pitié qui pouvait dévorer n'importe qui, il fallait seulement le faire courir. Sirius n'était cependant pas dupe, il savait que la bête avait un instinct féroce et que s'il se changeait en humain il ne ferait dévorer. Il savait aussi que sans la présence de Wormtail, Prongs et Padfoot, il se faisait du mal à lui même pour évacuer la rage qui l'habitait. 

Sirius, sous sa forme de chien, observa le loup. Il était probablement plus gros que les autres loups, mais il était difficile de le savoir si on en avait jamais vu d'autre. Son pelage blanc et salit s'illuminait sous les rayons de la lune filtrant par la fenêtre. La cabane était plongée dans une lumière apaisante. Depuis le temps, cet environnement n'était plus effrayant, il était au contraire plutôt une sorte de refuge. Il arrivait être que le groupe d'amis s'y retrouvent en dehors de la pleine lune pour des sorties secrètes. 

Dans l'esprit de Remus, le loup prenait de la place pour remplacer son hôte habituel. Petit à petit, la présence de celui qu'il traitait de monstre se faisait de plus en plus envahissante. Durant de trop long instants, Remus et le loup partageait un cerveau dans lequel aucun des deux ne considérait l'autre comme le bienvenu. Et, un peu avant le milieu de la nuit, quand la lune était à son zénith, Remus avait la sensation de mourir car il cédait son esprit à un autre. Impossible pour lui de savoir ce qui se passait après cela, il ne reprenait conscience qu'au matin, et souvent assaillit de douleurs diverses. C'était le trou noir pendant que les maraudeurs-animaux courait dans la forêt interdite, pendant que Prongs riait de ses bois se coinçant dans les arbres, pendant que tout le monde cherchait Wormtail et pendant que Padfoot et le loup était plus proche que jamais. Car, si Remus était persuadé que la personne qui prenait sa place les nuits de pleines lunes n'avait rien à voir avec lui, c'était à se demander pourquoi, alors, le loup traduisait si bien les émotions de l'adolescent. 

Quand Remus était en colère contre Sirius, le loup était enragé. Quand il était heureux, le loup était euphorique. Et comme il était amoureux, le loup était affectueux. Il jouait avec le chien comme avec un compagnon de très longue date. On avait d'abord mis cela sur le compte de leurs ressemblance physique (un loup restait un gros chien) puis on avait remarqué qu'après une dispute, le loup se montrait bien moins affectueux. 

Courir durant toute une nuit était épuisant, qu'on soit humain∙e ou autre animal. Remus ne se fatiguait pas pour ça, ayant presque trop d'énergie pour se contenter de galoper. Ses compagnons, en revanche, peinait un peu à le suivre. 

La première fois qu'il s'était transformé, Sirius avait été surpris des possibilités que lui offrait ce nouveau corps. Il pouvait aller bien plus vite, bien plus loin. Il avait moins d'endurance que sous sa forme humaine, mais usait moins de force à courir sur quatre pattes. 

Les nuits de pleines lunes étaient fatigantes, mais à force de courir l'adrénaline faisait passer la douleur contre du plaisir de courir. Après une heure, tous était habitué à ce nouveau rythme et aurait put faire encore des kilomètres. À chaque fois, cette tâche qui avait d'abord parut pénible se révélait miraculeusement plaisante : sous une forme animale non-humaine, les trois garçons ressentaient des sensations nouvelles et peu exploré. Sirius avait une rapidité, une ouïe et un odorat fou, même sa vision était autre. Peter s'émerveillait de pouvoir se glisser dans des recoins impossibles et de façon dont il percevait le monde de géant autour de son tout petit corps de rat. James, quand à lui, se réjouissait de pouvoir sauter si haut, détaler si vite, être si grand... Remus ne pouvait malheureusement rien savoir de ce que ressentait un loup mais il savait au moins qu'il avait des amis formidables. Peu de personnes seraient allé∙es aussi loin pour aider quelqu'un d'autre. 

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Il ouvrit doucement les yeux. Il savait que du temps était passé, car il n'était pas au même endroit qu'avant et que le ciel avait une teinte différente, mais il était comme toujours incapable de trouver autre chose qu'un trou noir quand il fouillait dans sa mémoire. 

Les yeux comme pâteux d'avoir dormis, il découvrit ses trois amis à son chevet. Il n'avait pas de blessures, mais Sirius, Peter et James portaient de gros cernes sur leurs visage qui contrastait avec leurs sourire étincelant. 

« Il se réveille ! s'écria Sirius en sautant sur son ami pour le prendre dans ses bras. T'as été super, Moony !

- J'ai rien f-

- On est allé jusqu'à la frontière nord de la forêt. annonça Peter, et on t'as empêché de foncer dans le lac noir. J'étais jamais allé aussi loin, c'est dingue ce que les étoiles sont belles par là bas, on les vois très bien !

- On avait de la boue plein les pattes. rigola James en tentant d'ébouriffer les cheveux de Remus qui se recula d'un mouvement un peu trop brusque. 

Sirius continua de serrer Remus et lança à son meilleur ami un regard qui voulait dire "c'est mon privilège". Sirius était le seul qui avait le droit d'être tactile avec Remus. Ce dernier n'en avait pas conscience, mais c'était l'une des choses qui pouvait trahir la véritable nature de ses sentiments pour lui. 

- Je n'ai fait de mal à personne ? se soucia Remus comme il le faisait après chaque pleine lune. 

- À personne ! » soupira Sirius, lassé de devoir toujours le répéter. 

Il cessa de bouger et se cala un instant contre Remus, la tête sur son épaule. Quand il partit sous ordre de Mme Pomfresh, seulement, l'adolescent châtain réalisa à quel point ce contact lui manquait. Et il se surprit à penser qu'il avait peut-être trouvé l'un des rares avantages à être un loup-garou. 

Two Kings in a Queen-sized bedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant