Rumeurs à la dure réalité... - partie 2

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Qui donc pouvait bien me rendre visite en plein milieu de la nuit ? Tout de même pas l'amant caché de Mélissa ! La demoiselle semblait de compagnie facile, mais dans ce village, je doutais que quiconque ose se promener de nuit, même un amoureux passionné.

Une petite bougie passa le seuil.

Je retins mon souffle... et me sentis bien bête dès lors que le visage de Mélissa surgit. Elle se glissa par l'ouverture et referma derrière elle, aussi silencieusement qu'un fantôme.

À quoi jouait-elle ?

— Que fais-tu là ? m'enquis-je d'une voix à peine audible.

Elle souffla sa bougie, qu'elle déposa sur le plancher, puis se glissa sous ma couverture. Ses pieds gelés contre mes mollets me firent frissonner. Je grommelai et frottai mes jambes entre elles dans l'espoir que le bas de mon pantalon redescende à sa place.

— Je n'arrivais pas à dormir en te sachant seul à quelques mètres de moi, murmura-t-elle à mon oreille de sa voix sensuelle.

Je ne compris pas sur le coup ce qu'elle sous-entendait, mais n'était en aucun cas disposé à faire quoi que ce fut avec la fille de l'homme qui m'accueillait sous son toit. Dans un grognement contrarié, je me tortillai pour reculer de quelques centimètres. Mais le sommier restait étroit et je manquai de m'écrouler au sol. Ma manœuvre la fit ricaner, un court instant, avant qu'elle ne bondisse hors du lit tel un chat apeuré.

Je me figeai, dérouté, tandis qu'elle se jeta sur son armoire et en ouvrit précipitamment un battant.

Je l'observai, sans dire mot...

Quand la porte de la chambre s'entrouvrit à nouveau. Un chandelier passa le seuil, fermement agrippé par la main du père de Mélissa. D'un regard noir, il scruta la pièce dans le moindre détail.

— C'est malin ! Tu l'as réveillé, ronchonna Mélissa qui faisait mine de chercher dans son armoire. Moi qui avais fait bien attention...

— Et peux-tu me dire ce qu'il te manque de si important pour te lever au beau milieu de la nuit ? la coupa-t-il d'un ton sec.

Dans un soupir exaspéré, Mélissa referma le battant de son armoire. Je m'attendais à la voir se retourner pour faire face à son paternel, mais elle resta de marbre, la main agrippée à la porte de sa penderie et le visage tourné vers la maigre fenêtre de la chambre.

Dérouté, je coulai un regard à son père. Il semblait aussi confus que moi. D'une voix étranglée par le doute, il l'appela.

Elle ne réagit pas...

Comme pétrifiée.

Soudain, dans un cri d'effroi qui me perça les tympans, elle fit volte-face d'un bond et se jeta à mon cou. Surpris, je basculai en arrière et m'allongeai de tout mon long sur le matelas, Mélissa dans mes bras.

Elle tremblait de terreur.

Sans se poser plus de questions, son père se rua au pied de la fenêtre.

— Par tous les saints ! gronda-t-il avant de reculer à son tour.

Il me jeta un regard épouvanté qui me fit froid dans le dos.

Que se passait-il donc dehors ?

Plus curieux que raisonnable, je décrochai Mélissa de mon cou et me levai. Sa mère et sa sœur arrivèrent en trombe, arrêtées net sur le seuil d'entrée par l'homme de la maison. Je les abandonnai du regard et glissai un coup d'œil par le carreau.

Dehors, tout semblait calme. Je n'observais que le village endormi, sous une couche de neige aux halos bleutés d'une lune haute dans le ciel étoilé. Des nuages jouaient de ses rayons, balayant les rues d'ombres fugaces, quand deux yeux surgirent dans leur pénombre, au pied des rares conifères qui longeait le chalet.

Brume [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant