Le calme avant la tempête ?

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Cela faisait deux jours que j'écumais le salon de long en large, à l'image d'une bête en cage. Eileen m'interdisait toutes sorties, de crainte que j'attrape à nouveau la mort, et le mauvais temps qui s'était brutalement installé dans la vallée ne faisait que la conforter dans sa paranoïa.

«Elle est une bonne mère,» trancha Fïr, exaspérée par mes ronchonnements. «Elle sait garder la bride serrée quand les circonstances l'obligent.»

Je roulai des yeux et me laissai choir dans un fauteuil.

— Je suis coincé ici alors que le meurtrier court toujours ! crachai-je, le regard vissé sur le feu crépitant dans l'âtre.

«Et que feras-tu de plus en sortant? L'appât suicidaire et moi le prédateur du chasseur?»

— Au moins, nous avancerions...

Fïr grogna.

«Si tu meurs, les Griffenoire disparaîtront! Un peu de respect envers tes prédécesseurs qui ont préservé votre lignée.»

— Et comment comptes-tu démasquer l'assassin alors ? grognai-je en braquant un regard sombre sur Fïr.

Elle grimaça, mais resta muette. J'affichai une mine victorieuse qui lui fit retrousser les babines. Elle n'acceptait pas mon idée, mais n'en avait pas de meilleure !

«Détrompe-toi,» souffla-t-elle, consciente de mes pensées. «J'ai bien mon idée sur la question. Il n'existe pas énormément de chasseurs dans les parages.»

Un sourire carnassier étira ses babines.

«— Attendons encore un ou deux jours, le temps que tu récupères complètement, et tu iras demander quelques cours de chasse à Phil. J'aimerais comparer son savoir à celui de ton agresseur...»

Horrifié par ses sous-entendus, je scrutai le salon pour vérifier que personne ne nous épiait.

— Tu ne penses tout de même pas que Phil soit le meurtrier ? m'enquis-je dans un murmure.

«Il est l'unique chasseur de la vallée, mais aussi le seul dans tout le village dont aucun membre de sa famille ne soit jamais mort. Il te l'a avoué lui-même.»

Beaucoup de coïncidences en effet... mais je restai perplexe. Phil m'avait beaucoup aidé sur cette affaire. Pourquoi l'aurait-il fait s'il était le coupable ?

— S'il est le meurtrier, pourquoi ne m'a-t-il pas tué quand j'ai passé la nuit chez lui, après que tu m'aies attaqué pour la première fois ? m'enquis-je tout en réfléchissant à ma propre question.

«Trop de témoins. Ta disparition aurait soulevé des soupçons.»

Je restai tout de même dubitatif. Fïr le sentit et soupira.

«— Tu peux réfléchir pendant des heures, cela ne changera rien!» trancha-t-elle. «Nous en aurons le cœur net dans un ou deux jours après une séance de chasse.»

— Pourquoi attendre ? Si Phil est réellement le coupable, il acceptera certainement que je l'accompagne à la chasse même en mauvais état. Je serais une proie plus facile donc il...

Brume [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant