Sacrifices

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ETAT EPISODE PRECEDENT

Sous les pieds de Galvin, les villageois hurlaient. Mon père me criait de résister. Il en avait de bonnes ! Pendu dans le vide à la force des bras avec mon poids, plus celui d'un enquiquineur bien bâti, je n'allais pas tenir éternellement.

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— Fïr ! grondai-je à court d'idées.

Par chance, mon père eut la présence d'esprit de lui ouvrir. Elle déboula à travers la foule, bousculant les plus lents sans ménagement, et se posta au-dessous de Galvin et moi.

«Prépare-toi!» me somma-t-elle. «Je vais planter mes crocs dans ses mollets et vous tirer de mon poids. La douleur devrait le faire lâcher.»

— Tu es folle !

«Ne crie pas comme ça. Je te rattraperai!»

Malgré mes protestations que je savais plus qu'intelligibles, elle bondit. Mais Galvin ne l'entendait pas de la même oreille. Avec une coordination orchestrale, il replia ses jambes et la mâchoire de Fïr claqua sous ses bottes.

Mais sa manœuvre me fit glisser. Mes doigts dérapèrent sur le bois et ma prise s'affaiblit un peu plus...

— À crever, je t'emporte dans la tombe, maudit gosse ! cracha Galvin alors que je croisai son regard haineux.

Fïr profita de son inattention pour bondir à nouveau... et planter avec force ses crocs dans les mollets de Galvin.

L'homme hurla.

Ses doigts se crispèrent sur mes mollets, ses ongles perçant à travers le tissu et me faisant partager un tant soit peu sa douleur. Mais le pire restait à venir, alors que le poids de Fïr nous emporta vers la terre ferme.

Je hurlai d'horreur, accompagné des braillements de Galvin qui souffrait le martyre.

Dans le tumulte, j'entendis une première masse heurter le sol.

Fïr !

Galvin la rejoignit rapidement dans des craquements sinistres de bois et d'os brisés.

Mon tour était proche... et j'allais connaître le même sort que l'archer.

Mon père hurla...

Quand je sentis mes pieds heurter une surface, à la fois dure, mais relativement molle. Je baissai les yeux.

Fïr !

Aussitôt au sol, elle avait bondi en ma direction pour freiner ma chute ! Son contact fut brutal, mais bien plus souple que celui de la terre ferme.

Je lançai mes mains à sa rencontre et serrai sa fourrure entre mes doigts. Plaqué contre son flanc, j'espérai qu'elle étouffe le choc de l'atterrissage...

Et elle ne s'en sortit pas si mal. Ses pattes plièrent et je m'affalai sur les planches sans trop de dommages. Mon père se précipita vers moi et m'agrippa par les épaules.

— Ne me secoue pas ! grognai-je alors qu'il me redressait contre son torse. Ça va... je crois que je me suis juste foulé la cheville.

Mais malgré mes grommèlements, il m'inspecta sous toutes les coutures. De leur côté, les villageois observaient la scène en retrait, complètement hébétés. Je basculai le regard Galvin, manière de m'assurer qu'il ne mette pas les voiles pendant l'attention générale que les habitants me portaient. Mais nous ne risquions rien. L'archer s'était brisé le crâne contre le poteau de bois qui retenait son frère captif.

Brume [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant