Tu m'appartiens [EN PAUSE]

Chapitre neuf : À la tête du monde

— Je suis désolé mais non...

— Je refuse...

— Une prochaine fois peut-être...

— Je dois y aller...

— Au revoir...

— Non merci...

Katsuki était allongé sur un cheminement de planches en bois au-dessus d'un mince ruisseau qui s'écoulait jusqu'à un bassin, ses yeux fixés sur le ciel bleu qui vivait au-dessus de lui. Il se passait en boucle les refus d'Izuku dans son esprit, se demandant bien ce qu'il avait raté. Tout ce qu'il avait tenté était pourtant de bonnes idées, des invitations à dîner dans des restaurants chics de la ville, des cadeaux hors de prix pour le commun des mortels et il l'aidait même pour ses devoirs lorsqu'il se rendait à la bibliothèque pour le voir. Katsuki n'avait pas pour habitude de faire la cour à un autre homme, habituellement, que son partenaire soit un homme ou une femme, il n'avait jamais eu besoin de lever le petit doigt pour séduire. Ses partenaires d'une nuit se jetaient à ses pieds ou tentaient par eux-mêmes de le séduire à coups de mensonges et de vices. Pour le jeune homme, le type de partenaire qu'il se choisissait n'avait pas d'importance tant qu'il prenait du plaisir à sentir de la chair se serrer autour de son sexe et à entendre l'autre gémir son plaisir. Cependant, Izuku n'était pas un partenaire qu'il avait choisi au hasard dans une boîte de nuit un samedi soir ni même un homme ayant eu le béguin pour lui dès le premier jour, il représentait un désir, une tentation.

Izuku représentait un homme qui ne s'était pas jeté à ses pieds à la moindre occasion, qui n'était pas intéressé par ce qu'il avait à lui offrir grâce à son argent ou son physique. L'étudiant lui résistait en douceur comme s'il avait peur de le blesser en refusant ses avances de manière trop brusque ce qui le rendait davantage attirant. Katsuki savait que le jeune homme était quelqu'un de doux et tendre, de profondément gentil et altruiste. Tout son contraire. Le yakuza était un homme violent, sans pitié, prêt à tout pour obtenir ce qu'il convoitait. Néanmoins, aucune de ses cartes en mains n'avait fonctionné sur Izuku.

L'homme poussa un soupir puis se redressa sur ses avants bras. Il observait le jardin devant lui et ce saule pleureur centenaire qui s'y trouvait. Ses longues branches-lianes tombantes flottaient à la surface du bassin devant lequel il était planté depuis quatre générations. Ce jardin était son lieu privé et paisible. Lors de son temps libre, il s'occupait lui-même de chaque plante et fleur qui poussaient ici, n'autorisant personne d'autre que lui à y poser un pied. Ses yeux rouges se posèrent sur une épaisse plaque en marbre enfoncée dans la terre de l'autre côté du bassin à l'eau claire. Le marbre était ancien, sali par la boue et la pluie, chaque nom et prénom de ses prédécesseurs y étaient gravés ainsi que l'époque durant laquelle ils avaient vécu. Un jour son nom rejoindra celui de ses aïeux ainsi que celui de la personne qui partagera sa vie. Katsuki se surprit même à imaginer que cela soit le nom d'Izuku qui accompagne le sien sur cette surface ancienne de plus de cent ans.

Le jeune homme esquissa un sourire nostalgique et fier face à cette vue sur la lignée des Bakugo pleine d'hommes et de femmes de pouvoir. Katsuki se mit debout sur ses deux pieds, profitant de la chaleur du bois chauffé par le Soleil. Le yukata blanc qui l'habillait ne couvrait que ses longues jambes, les manches nouées autour de sa taille. Il écarta les bras et orienta son visage vers le ciel les yeux clos. Le yakuza profitait de l'air chaud qui pénétrait ses poumons et gonflait son épaisse poitrine. Le calme était agréable parfois. Le Soleil brûlait sa peau dorée mais cette sensation de chaleur qui faisait se dresser ses poils blonds était tout aussi agréable que ce paisible silence autour de lui. La vie d'un yakuza n'était pas simple, entre les affaires légales et illégales à gérer, les tentatives de meurtre et maintenant ses vaines tentatives de séduction auprès d'un étudiant.