Chapitre dix-huit : Quatre ans plus tard

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La laideur, ce terme inventé pour s'opposer au beau comme la nuit et le jour ou la haine et l'amour, Katsuki n'y avait jamais été associé, jusqu'à ce jour.
Lors d'une nuit de juillet, tandis que le Soleil disparaissait timidement derrière le feuillage des arbres, Katsuki s'était fait surprendre par un groupe d'hommes armés. L'un d'eux s'était jeté sur lui, un poignard en main, tandis qu'il était maintenu en place, genou à terre, par le reste de ses assaillants. Ce jour-là, Katsuki les avait tous tué à mains nues, fou de rage mais il portait une trace de ce 15 juillet, qui ne disparaîtrait jamais. Une balafre traversait à présent son visage, coupant son arcade sourcilière jusqu'à son nez. Il avait perdu la vue de son œil gauche et avait gagné une cicatrice éternelle. Le yakuza avait l'impression de ressembler à un monstre, une créature défigurée. L'éclat rouge de son œil avait été remplacé par un blanc pur et sa peau lisse avait été déchiré par ce poignard qui avait fendu l'air pour s'abattre sur son visage.

Appuyé sur son lavabo, enfermé dans sa salle de bain, Katsuki n'arrivait pas à accepter ce qui était arrivé à son visage depuis un an maintenant. Il porta un regard à la photo accroché au miroir devant lui, persuadé que l'homme qui y était présent, serait incapable de l'aimer. Ce sourire angélique disparaîtrait sûrement s'il voyait ce qu'il était devenu : un monstre.

Cela faisait quatre ans qu'Izuku avait quitté sa vie et Katsuki n'était jamais parvenu à l'oublier une seul instant. Comme il le lui avait promis, Katsuki ne savait pas où se trouvait l'ancien étudiant ni ce qu'il faisait de ses journées. Chaque jour, le yakuza se faisait violence pour ne pas se renseigner à son sujet, chaque jour Katsuki espérait recevoir un message de sa part, en vain. Izuku s'était comme volatilisé après avoir quitté Musutafu à la fin de ses études. Une part de lui était parvenue à accepter cette fatalité après ce qu'il avait vécu, l'autre continuait de se ronger un peu plus chaque jour, comme obsédé. Katsuki avait l'impression de perdre la tête et son accident n'avait pas arrangé cette folie naissante.
Tandis qu'il dévisageait avec dégoût son propre reflet dans le miroir, quelqu'un frappa à la porte de sa salle de bain avant d'y entrer. Eijiro entra silencieusement dans la pièce, conscient de l'état de son employeur et ami. Les mains devant, le second attendit que son employeur lui adresse un mot ou un regard pour parler.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Fit Katsuki.

Sa voix était tordue comme un grognement qui s'était échappé de sa gorge. Il n'était plus lui-même.

— La voiture est prête, répondit calmement Eijiro.

— La voiture ?

— Pour le rendez-vous à Tokyo.

— Ah oui, la délégation de pouvoir. J'avais oublié que cette merde était aujourd'hui.

— Tu peux toujours revenir en arrière. Rien ne t'oblige à le faire.

— Je suis incapable de diriger quoi que ce soit. Et comment veux-tu que je me fasse encore respecter alors que je suis comme ça… Putain ! hurla-t-il avant que des éclats de verre ne traversent la pièce.

Son poing s'était abattu sur son reflet, brisant le miroir. Katsuki ne supportait plus de se voir avec un tel visage et la chirurgie ne pouvait rien y changer. L'arme blanche avait trop gravement atteint sa cornée pour qu'une chirurgie réparatrice y fasse quelque chose. Il avait l'impression de n'être plus qu'un monstre. Le yakuza ne parvenait plus à se montrer devant ses hommes, se cachant derrière sa cicatrice pour fuir. Il passait ses journées dans sa chambre, enfermé sans parler à qui que ce soit jusqu'au jour où il décida de céder le pouvoir à Eijiro car une créature défigurée ne pouvait plus diriger le groupe selon lui.

— Quand comprendras-tu que personne ne s'en soucie ? Au contraire, les cicatrices nous renforcent ! Pourquoi celle-ci te dérange autant ?! S'écria Eijiro, incapable de supporter l'état de Katsuki.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 26, 2022 ⏰

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