Un cœur pour trois

Chapitre 9

Au son de cette voix, je me retourne et observe la personne, ce trouvant à présent face à moi. Petite brune, d'un mètre cinquante, montée sur talons aiguilles quinze centimètres, jeans taille basse enduit, un top noir portant l'emblème d'une célèbre marque de whisky, lui arrivant tout juste sous la poitrine – plus que volumineuse - un lissage parfait ainsi qu'un maquillage impeccable. Le tout accompagné d'une manicure flamboyante, aux extrémités plus acérées que des lames de rasoir.

- Je croyais que le club n'autorisait plus le tapin dans le quartier ???

Mon interlocutrice pose ces mains sur ses hanches, claque sa langue sur son palet, créant ainsi un bruit étourdissant, résonnant dans tout l'atelier. Un sourire se dessine ensuite sur ses lèvres pulpeuses. Se mettant d'un coup à trépigner telle une gamine de quatre ans, en poussant des petits bruits aigus. Dans les secondes suivantes, elle se jette sur moi, m'entourant de ces petits bras, la tête nichée dans mon cou.

- Qu'est-ce que tu m'as manquée Ré ! Quatre ans que je ne t'es pas vue ... Dit-elle, tout en prenant mon visage entre ses mains. Mon dieu, mais regarde toi ..... Tu n'as plus que la peau sur les os !!!

- Vicky !!! Stop ...Je suis désolée de pas t'avoir prévenue de mes passages ici, mais .... C'était trop dure ! Et par pitié, ne prononce plus ce nom. Cette partie de moi est morte en même temps qu'eux !

Nos regards s'encrent l'un dans l'autre, je lui transmets toutes les émotions qui m'habitent depuis plusieurs années maintenant, mais également ma joie de la retrouver. Une larme dévale sa joue. Je l'essuie sans plus tarder et embrasse ensuite les doigts de chacune de ces mains. En retour, elle me caresse la joue, celle portant les marque de mon passé.

Vous devez vous demandez qui est Vicky pour moi ?!? Disons qu'elle est la personne qui se rapproche le plus d'une sœur. Il y a environ une dizaine d'années, elle s'est mise en tête de me prendre sous son aile, ayant à l'époque perdu les seuls parents qu'il me restait. Une fois mon envole prit, elle a décidée de migrer en direction d'Orléans, dans l'espoir d'y exercer son art. A cette époque Tony cherchait un spécialiste du cuir. Ce petit bout de femme en a surpris plus d'un avec son fort caractère, mêlé a un physique de déesse. Malheureusement pour tous ces mâles en chaleurs, c'est sur Ange que son dévolu c'est posé. A l'époque, le pauvre, n'avait rien compris à se qui lui tombait dessus. Mais quand on les regardes aujourd'hui, on ne peut que voir l'évidence de leur couple. Deux ans plus tard, ils fêtaient l'arrivée de leur fille Nala.

Suite à la tragédie qui nous est tombée dessus il y a quatre ans, j'ai ressenti le besoin de m'éloigner, de prendre du recule sur ma vie, de faire le point sur ce que je souhaitais pour la suite. Et la conclusion n'avait rien de très reluisante, c'est pour ça que j'ai décidée de m'éloigner, de l'éloigner de la noirceur et la négativité qui avaient pris possession de mon être. Et franchement, soyons honnête, je ne pense pas que ma nouvelle vie de débauche, lui plaise énormément. Beaucoup me le reproche, mais la seule chose qu'ils ne comprennent pas, c'est que s'est l'unique chose que j'ai trouvée pour me sentir un minimum vivante.

Le reste de l'après-midi, je le passe à discuter avec Vicky des quatre années de sa vie que j'ai loupée. Elle me partage ensuite l'ouverture de sa nouvelle boutique, s'étant diversifiée, elle trouve logique d'en faire profiter le plus grand nombre. Aujourd'hui, elle propose la restauration d'assises en cuir – Siège moto, voiture,... - création de flocage en cuir pour tous type de vêtements, bijoux et j'en passe.

Le temps passe à une vitesse incroyable. Elle doit à présent me quitter pour aller récupérer son bout de choux. Je l'observe quitter l'atelier, embrassant goulument Ange au passage, la démarche d'un chaloupé sensuel ; chose que son mari ne loupe pas d'une miette. En se retournant, un sourire béat lui barre le visage, chose rare chez lui. Seule Vicky et Nala on se pouvoir.

Nous nous fixons quelque instants. Je sais que c'est lui qui a prévenu mon amie de ma présence, je lui souffle un merci et reçois un hochement de tête en retour.

Cela fait maintenant trois semaines que je travaille comme une folle à la création de la Phantom. Le fait de travailler avec Ange m'a fait un bien fou. J'ai également passée du temps avec Vicky, qui ne juge aucunement mon nouveau mode de vie. J'en est aussi profitée pour découvrir un peu plus Nala. Cette petite est un véritable rayon de soleil. J'aurais tellement aimée vivre ça, entourée de toutes les personnes chères à mon cœur.

Depuis une quinzaine de jours, j'ai une impression étrange qui me colle, dès que je fous un pied hors du club. C'est pas vraiment quelque chose de désagréable, je dirais plus, comme si mon corps se souvenait de quelque chose.

La nuit est déjà tombée depuis deux bonne heures. Une pause clope ne me fera pas de mal. Je me pose dans l'angle du garage, celui plongé dans la plus totale obscurité, saisi mon zippo et allume ma clope. Une odeur de sang titille dangereusement mes narines.

- Tu sais, que rien ne t'oblige à rester tapis dans l'ombre ?!?

Quelques secondes plus tard, la forte stature de Marcus se trouve dans mon dos. Je sens son souffle chaud caresser ma nuque. Mon corps se relâche et je laisse ma tête prendre appuis sur son torse, ainsi que ses mains, se placer sur mes hanches.

- J'ai besoin de toi ! Souffle-t-il son visage enfuis dans mon cou.

Pour toute réponse, je tire une dernière latte sur ma clope et la jette. Me préparant à le suivre, quand je ressent encore cette étrange sensation, recouvrant mon corps de frissons. Automatiquement, je me retourne et scrute le paysage plongé dans l'obscurité, jusqu'à tomber sur une silhouette, de l'autre coté de la rue, faiblement éclairée par le néon d'une boutique à proximité. Je n'ai pas le temps de réagir, que la main de Marcus saisie la mienne et m'emporte dans les profondeurs de la nuit.