Chapitre 14

727 56 15
                                    


C'est dans des moments comme celui-là, que l'on se demande se qu'on a fait dans notre vie antérieure, pour posséder un karma aussi pourri. Mes yeux ses posent sur les différentes photos présentes dans le dossier. La première nous montre une femme châtain clair, déchargeant des courses du coffre d'une voiture, accompagnée d'une petite fille d'environ quatre ans. C'est l'âge qu'aurait ma princesse aujourd'hui. Sur la deuxième on peut observer Nathan sortir un chien, type border collie accompagné de la même petite fille. Les photos défilent les unes après les autres, montrant l'homme que j'aime vivre un vie dont j'ignorais tout. En arrivant à la dernière, mon souffle se coupe, on le voit front contre front avec cette femme, la petite fille dans les bras, participant à sa manière au câlin familial. Le regard échangé entre eux déborde d'amour et de tendresse.

Le fait de regarder ses photos et ainsi entrer dans une intimité qui m'est inconnue, me rend confuse. Une impression de déjà vu s'imprime pourtant dans chaque recoins de mon cerveau. Mes yeux se ferment. Je cherche, fouille ... encore et encore. Je revis le moindre moment passé ensemble, à la recherche du moindre petit indice. Mais rien .... Absolument rien ne me vient.

Du bout du doigt, je caresse l'ovale du visage imprimé sur le papier glacé. Je sens les larmes s'échouées sur le support, abiment peu à peu la photo. Revoir son visage me fait du bien, lui qui ne supportait pas d'être pris en photo, me voilà servie.

Les minutes passent et je laisse mon cœur pleurer, jusqu'à ce que les larmes se tarissent. C'est à cet instant que je réalise, que chaque cellules de mon corps réfute cette explication. La solution s'impose alors d'elle-même.

Je relève la tête et fixe une à une, chacune des personnes présentent dans la pièce. Les défiant d'oser, ne serait-ce, que d'émettre un seul commentaire. Je referme le dossier et me lève de sur la chaise sur laquelle je m'étais laissée tomber plus tôt.

La colère s'insinue doucement en moi face à leurs regards de pitié, de dégout ou même de haine. Et là, ma colère explose.

- Je vous interdis d'avoir de telles pensées ! Je hurle. Ce ... n'est...pas...lui ! j'articule, tout en fixant les plus récalcitrants. Je pense être la mieux placée pour vous le dire. Et je le répète, pour les plus lent d'entre vous : ce n'est pas lui !

- T'es simplement dans le déni. Rétorque Alban. On peut comprendre le choc. Se faire baiser comme tu l'a été. Mais regarde les choses en face, il c'est bien foutu de notre gueule. Et de la tienne encore plus....

- La ferme ! Je cri, tout en m'avançant vers lui, l'air menaçante. Je crois que tu as besoin d'une petite piqure de rappel. Qui t'a sorti de la rue, alors que tu n'étais qu'un gosse ?? Qui t'a présenté au club pour te donner ta chance ??? Qui t'a soutenu pendant ta période de prospect ??? Il était loin d'être parfait, comme nous tous ici présent. Mais jamais, j'ai bien dis jamais il n'aurait trahi sa famille. Il a toujours été un homme de valeurs. Certains d'entre vous ne l'on jamais rencontré, comme Marcus ou alors très peut côtoyer, mais je peux vous jurer que je vais trouver le fin mot de cette histoire.

Le regard baissé, Alban détourne la tête. J'espère qu'il aura compris la comprenure (1), sinon je me ferais un plaisir de la lui encrer plus profondément. Je vois Marcus quitter sa place, pour venir se planter face à moi, plantant son regard abyssal dans le mien.

- Comment peux-tu être sûre ?? Demande –t-il de sa voix profonde.

- C'est lui qui me l'a dit ! Je lui répond, tout en lui prenant la main pour la poser sur mon cœur.

Suite à mes mots, il ferme les yeux, inspirant lentement par le nez tout en ancrant ses doigts plus profondément da ma chair, maltraitant ma cicatrice au passage.

- Dans se cas, tu peux compter sur moi !

- Merci

Je lui en suis tellement reconnaissante, qu'en signe de respect je lui embrasse un à un les doigts de sa main, présente sur mon cœur. Nous sommes vite sorties de notre bulle quand des bruits de gorges se font entendre. Ma tête se tourne dans la direction de la personne à l'origine de ses bruits. C'est sans surprise que je découvre qu'il s'agit de Tony. Je devine qu'en tant que prés, sa voix fera loi, quel que soit mes explications.

- Je t'avoue que se dossier me met dans une position délicate et me laisse mitigé quant au verdict à annoncer. Connaissant Nathan depuis des années et ayant une confiance absolu en votre prés Dom et sa femme Dakota sur le choix de leurs membres. Je te laisse le bénéfice du doute ! Annonce-t-il d'une voix forte et claire. Par contre, au vue du droit de regard de chacun de mes hommes sur les affaires du clubs, si tu souhaites régler cette affaire discrètement, ni moi, ni les chapitres nationaux ne pourrons se porter garant pour toi, ou même mettre des moyens financier ou matériel à ta disposition. A contrario, si tu décide d'en faire part aux autres frères, un vote sera mis en place. S'il s'avère qu'ils votent pour la traitrise.... Tu sais ce qu'il se passera ???

- Mon exil définitif du territoire des Hell's Angel ! Ce qui voudra dire, quitter la France, et si je refuse : la mort !

Je suis bien consciente que le choix qui s'impose à moi n'a rien de facile. Dans les deux cas, je me retrouverais seule et sans aucuns soutient. A savoir que dans le monde des bikers, aucune femmes ne peut intégrer le club en tant que membre. Les trois seuls statuts qu'elle peut posséder sont celui de la brebis – vide couille officielle du club -, régulière – femme de biker – ou alors prince/princesse – héritier direct d'un membre du club. Je faisais partie de la deuxième catégorie. Dans un club, avoir le statut de régulière, est équivalent au mariage dans le civil. Vous devenez le « tout » de votre biker et vous intégrer la famille à jamais. Une régulière à trois moyen de quitter le club : La mort, le bannissement / l'exil ou le fait de devenir la régulière d'un biker appartenant à un autre club.

Mon cas est comme vous vous en douter plutôt particulier. Après l'accident ayant enlevé la vie à Nathan et à notre fille à naître, j'ai littéralement pété un plomb. Dakota, la femme de Dom, a dû me faire interner d'urgence. La folie avait prit possession de mon âme. La seule chose qui m'importait était de réclamer vengeance, quitte à laisser une trainée de cadavres sur ma route.

A la sortie de mon séjour en psychiatrie, j'étais vide, plus rien n'avait d'importance pour moi. Je n'avais plus goût à rien, plus rien à perdre. Me la mécanique et l'ingénierie me laissaient un goût amère. La seule chose que je souhaitais – et souhaite toujours – c'est de retrouver mes amours.

Dakota m'a donc prise sous son aile et m'a aidée à y voir plus claire. J'ai souvent plaint Dom, car avoir une psy pour femme ne doit pas être facile tous les jours. Enfin bref, après des semaines de thérapie couplées avec de longues séances de rééducation, reprendre mon poste de barmaid était inconcevable. C'est à ce moment là que plusieurs chapitre recherchaient un transporteur, le dernier en date étant mort sous les balles d'un clubs ennemi. J'y est vu là un signe. Le poste parfait à mes yeux. Mais pour ses hommes de Neandertal, la femme n'est bonne qu'a écarter les cuisses, pondre des mômes et briquer la maison. Je me suis alors battue, avec toute ma rage pour leur prouver que je valais autant qu'eux et que le fait d'être une femme serait même un plus pour ce poste. Voilà comment je suis devenu la « Road Capitain » de la région Centre, regroupant plusieurs chapitres.

Pour le moment, la seule chose dont j'ai besoin c'est de prendre l'air, et rien de mieux qu'un tour en bécane pour s'aérer l'esprit.


(1) expression alsacienne « avoir bien compris l'explication », s'utilise encore différemment en Belgique.

-------------------------------------------------------------------------------------


Je tenais à vous souhaiter une bonne année 2022 et que tous vos rêves ses réalises. Pleins de bisous et à très vite 


Un cœur pour troisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant