Chapitre 15

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Cela fait maintenant plus d'une heure que je roule avec l'infime espoir d'apaiser mon esprit de ses milliers de pensées parasite, qui ont décidés d'y élire domicile depuis plusieurs jours maintenant.
Mon regard est attiré par le panneau d'entrée d'agglomération de la ville d'Amilly. Lors de ma lecture du dossier, la première chose que j'ai retenue était l'adresse supposé de Nathan et sa famille. A croire que mon esprit s'impatiente de découvrir la vérité.


Je décide de tenter ma chance, en me rendant à l'adresse indiquée.
Une quinzaine de minutes me sont nécessaire pour arriver à destination. Je décide de me garer à distance, à l'ombre du feuillage d'un saule pleureur situé entre deux places de stationnement. Mon emplacement est idéalement situé, la vue est entièrement dégagée et je suis camouflée grâce à la végétation. Le son caractéristique d'un deux roues titille mes oreilles. Un son qui réveil de vieux souvenirs. Des frissons envahissent mon corps, me procurant une vague de bien-être. Ma seule envie à cet instant c'est de me blottir dans ses bras, plonger ma tête dans son coup et respirer son odeur ; sentir ses doigts caresser mon dos, montant et descendant au rythme de mes respirations. Mais la réalité est toute autre, et puis pas le temps de se morfondre, une voiture, style familiale, identique à celle des photos se gare devant le portail du domicile. La portière s'ouvre et laisse entrevoir une femme ... cette femme ... Ses traits tirés montre une fatigue évidente. Elle reste tout de même une femme magnifique. La porte arrière du véhicule s'ouvre à son tour, laissant apparaître une jeune fille d'environ huit ans. C'est fou ce qu'elle a grandi.

Comme si cette dernière avait perçue ma présence, elle se retourne, fouillant la rue, jusqu'tomber sur moi. Son regard se fait plus curieux, jusqu'à trouver le miens et s'y plonger comme si ... si c'était la chose la plus naturelle du monde. Et là... c'est le choc ! Elle est son portrait craché. Le même regard hypnotisant, la même lueur espiègle au fond des yeux. Si semblables et pourtant si différents. Ça me rappel une citation d'Aimé Césaire que Nathan aimait utiliser, il se l'était d'ailleurs faite tatouée sur le haut de son flanc gauche : "Tu es toi et je suis moi. Accepte-moi tel que je suis. Ne cherche pas à dénaturer mon identité et ma civilisation".

C'est à cet instant que tout devient claire. Quel que soit mes tourments, mes doutes ou bien mes peurs, cette petite n'a pas à subir le gourou d'adultes, incapables de laisser leurs griefs de côté. Sur cette conclusion, je décide de lever les voiles. Un dernier regard en arrière, me conforte dans ma décision.

Cela fait bien une vingtaine de minutes que j'ai remarqué une moto me filer. Le même modèle que celui entendu plus tôt. A première vue, inconnu au bataillon. Je décide de sortir à la prochaine aire de repos, en croisant les doigts pour ne croiser personne, sait-on jamais.
Mes doutes se confirmes lorsque le deux-roues, plutôt imposant, s'immobilise quelques mètres derrière moi, gardant toujours une distance de sécurité, ce qui me conforte encore plus sur le fait d'être filée. Je décide de la jouer naturelle. Je descends de ma moto, retire mon casque, le suspend à ma poignée gauche, un coup d'œil dans le rétroviseur, histoire de vérifier mes arrières, tout en faisant une petite retouche coiffure.

Maintenant direction les toilettes. L'aire de repos est des plus simple : un stationnement pour voitures, un autre pour poids lourds, un petit bâtiment accueillant les sanitaires hommes et femmes, des tables de pique-nique, le tout entouré d'une dense forêt. La luminosité qu'apporte le début de soirée, donne au lieu une atmosphère assez glauque. Tout en continuant ma route, je récupère mes lames, stockées sur mes avant-bras, en les faisant glisser dans mes paumes, de manière à les garder invisibles jusqu'au moment propice.
Arrivée à destination, je m'engouffre dans le couloir menant aux toilettes des dames. Je bifurque sur ma droite avant d'atteindre le passage de porte, pour me faufiler dans le renfoncement lavabo juste à l'entrée. Au fond de ce dernier, se trouve une ouverture dans la cloison qui doit faire dans les quatre-vingts centimètres de largeur ; positionnée pile à côté du renfoncement le plus sombre du bâtiment. Cette obscurité permet de me fondre dans l'environnement et devenir ainsi totalement invisible. Il me permet également, au vu de son emplacement d'avoir une porte de sortie, si la situation venait à dégénérer.
Je ferme les yeux et laisse mon esprit s'imprégner de l'espace environnant. Mes narines frémissent au contact des dizaines d'odeurs qui m'entourent. Mes oreilles cherchent le moindre bruit suspect.

Un craquement, suivi d'un tintement, réveil mes sens. Mon instinct prend la relève et m'ordonne de me baisser et d'effectuer un changement de direction. J'ai juste le temps de lever mon bras, que ce dernier bloc un corps imposant, se trouvant à présent face à moi. Mon corps se retrouve recouvert de frisson, sensation de plus en plus fréquence depuis quelque temps. Je prends quelques seconde pour observer l'homme se trouvant face à moi.

Et quel homme .... Merde alors, il commence à faire vraiment chaud ici. Mon regard parcours ce corps, pour découvrir une stature à la musculature impressionnante : un buffle .... Aussi haut que large, des veines apparentes, présentes sur son cou et ses avant-bras, à la limite de l'explosion. Sa respiration est puissante, faisant monter et descendre un torse massif, surdéveloppé. Mon sang commence à bouillir, je ne suis pas sûre de survivre face aux réactions de mon corps concernant ce monstre de chairs ! Ma petite culotte a déjà rendu l'âme, elle. Ça faisait des année que je n'avais pas ressentie une attraction aussi forte.
Le bruissement de sa veste, me ramène à l'instant T. Je relève la tête, voulant soutenir son regard. Je tombe des nues, quant à la place de son visage, se trouve un masque, aux traits humain, plus que quelconque, de couleur noire. Ce dernier englobe les trois quart de son visage, laissant uniquement des lèvres pleines et bien dessinées, apparentes.


Mon bras toujours en travers de son torse, j'abaisse deux de mes doigts, pour qu'il puisse voir l'éclats de ma lame, pointant en direction de sa jugulaire. Un rictus prend forme sur ses lèvres, me faisant lever un sourcil, interrogateur. C'est une légère morsure sur le flanc droit qui me fait comprendre que nous sommes à égalité. Quoi que ....
De ma main gauche, je dirige ma seconde lame en direction de son service trois pièces.
Vaincu, il s'éloigne de deux pas, tout en levant les mains, en signe de reddition. Je quitte à mon tour ma posture de défense et déplie mon corps, jusqu'é retrouver une position naturelle. La différence de taille jusque-là importante, se retrouve vite, très vite réduite.

- En général, c'est à ce moment-là que le mec fait les présentations !

j'essaie au mieux de détendre l'atmosphère, rien ne sert d'attaquer avant d'avoir une raison de le faire. En retour, j'ai le droit à une expiration nasale de toute beauté. Signe flagrant de son agacement. Mimique me rappelant mon cher et tendre ; très peu bavard, il était abonné à ce genre de réactions lorsque sa limite d'exaspération était atteinte.

- Jouer au mufle, ne m'aidera pas à connaitre ton identité ! Je te prévient que ma patience ....

- Démon ! Souffle-t-il, me coupant la parole. On m'appel Démon ....

Pas commun dans le milieu de porter un tel nom. J'ai beau chercher, je n'aie jamais entendu parler de lui, de près ou de loin. Et pourtant quand on voit le morceau, il est loin de passer inaperçu.

- Jamais entendu parler .... Désolé ! Et si tu enlevais se jolie masque, que je vois ce qui se trouve en dessous !?!

Je m'approche lentement de lui, montrant par ma posture que je ne cèderais pas.

- Tu risques de faire des cauchemars un bon bout de temps ! Rigole-t-il.

- T'inquiète pas pour moi, Princesse !

- Tu l'auras voulu ! Me répond-il avant de diriger sa main en direction du masque recouvrant son visage.

Sa main s'empare du masque, de part et d'autre, tandis que sa deuxième main défait l'attache de celui-ci, se trouvant à l'arrière de son crâne. Les secondes passent et enfin le masque tombe... La tête baissée, les cheveux recouvrant le reste, j'attends qu'il daigne enfin me regarder. Ses poings ce sers, et c'est rageusement, la respiration erratique qu'il relève la tête, me faisant face, le regard emplit de colère.

J'ai vue des horreurs dans ma vie, j'en es même affligées ses dernières années, mais rien, absolument rien ne prépare à une telle vision. Je n'ose imaginer les souffrances qu'il a dû endurer...


Un cœur pour troisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant