Chapitre 28

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L'homme aux cheveux bleus regarde vers l'horizon. Je le regarde.

"Merci, je dis.

-Oh au fait, je t'ai ramené ça", me dit-il en me tendant une brochette de boulettes de radis frits.

"Ton plat préféré non ?

-Tu t'en es souvenu ! je m'exclame en entamant la brochette.

-Bien sûr" , répond-il en me regardant.

Je tourne le visage vers lui; son regard me déstabilise. Il est vraiment beau.

Le soleil est désormais presque couché; il peint le ciel de tons rouges, oranges et roses. C'est vraiment beau.

Quelques étoiles commencent à apparaître.

"Au fait, je demande, pourquoi l'Ordre Étoilé porte ce nom ?"

Kaeya ne dit rien pendant quelques secondes, puis il répond d'un air un peu triste:

"C'est parce-que les parents du créateur de l'Ordre avaient tous deux le même tatouage, un tatouage qui représentait cinq étoiles.

-Oh."

En tout cas si le créateur aimait ses parents, ça ne l'a pas empêché de tuer les miens.

"C'est le Maître le créateur ? je reprend.

-Non...

-Comment tu sais tout ça ?"

Il ne répond pas, et je décide de ne pas insister.

Nous restons là sans rien dire pendant quelques temps, allongés dans l'herbe comme nous l'avons déjà fait, à regarder les étoiles.

" [t/p]?

-Mhm?

-Je te promet que tu réalisera ton rêve.

-Mon rêve ?

-D'habiter à Liyue. Je t'y aiderais avec toute mon âme."

J'ouvre grands mes yeux. Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il se souvienne de ça. C'est quelque chose que je lui avais dis il y a des mois au détour d'une conversation, alors que nous étions probablement bourrés à la taverne de Monstadt. Lorsqu'il était juste mon ami provocateur, et moi une Monstadtoise comme les autres.

Je le regarde. Il me regarde. Je me noie dans les vagues de son œil visible. Une mèche de cheveux bleus lui tombe au milieu du visage, dansant doucement sous la brise du soir.
Il rapproche son visage du miens imperceptiblement, comme s'il allait m'embrasser, mais se ravise. Nous nous endormons dans l'herbe, sous les étoiles.

Je me réveille avec le soleil, aux aurores. Kaeya est toujours à mes côtés.

Je le vois qui ouvre lentement les yeux. Je le regarde quelques instant, puis lui pose une question qui me taraude depuis que je le connais, mais que je n'ai jamais osé poser:

"Dis Kaeya...

-Mhm?

-Pourquoi tu portes un cache-œil ?

-Oh, ça... Je me suis fait crever l'œil il y a des années de cela... J'ai eu une adolescence, comment puis-je dire... mouvementée.

-Je peux voir ?"

Il me regarde surpris.

"Tu es sûre ?"

Je hoche la tête.
Nous nous asseyons tous les deux, et je soulève son cache-œil délicatement.
Une cicatrice barre sa paupière, de son sourcil au bas de son œil.

"Tu peux l'ouvrir ?" je demande.

Il s'exécute. Son œil est blanc, vitreux. J'effleure doucement son visage, tout près de cet œil.

"Je n'ai jamais montré cet œil à personne tu sais ?"

Je souris, puis le quitte avec un signe de la main pour me rendre à mon premier entraînement de la journée. Mais dès que je suis à l'intérieur, hors de sa vue, je me met à tousser et cracher du sang. Il faut que je sorte d'ici au plus vite, je sens mon corps qui m'abandonne.
Je décide de sauter l'entraînement et de chercher les failles de cet endroit une fois de plus.

Mon corps est tellement faible que je suis parfois obligée de me tenir aux murs pour avancer.
Je me rend à l'entrée, par là où on m'a fait entrer et où les membres vont à l'extérieur, mais j'y suis allée tellement de fois, je sais pertinemment que je ne trouverais rien. Non seulement deux gardes s'y trouvent en permanence, mais l'entrée en elle même m'est également invisible. Est-elle au plafond, ou dans un mur ? En tout cas, elle est dissimulée.

Je fais demi-tour et marche au hasard dans les couloirs interminables.
Je me rend compte que je suis arrivée devant le bureau du Maître. J'allais continuer mon chemin, mais j'entendis des voix à travers la porte. On ne sait jamais, je pourrais apprendre des informations à propos de l'Odre: je décide d'écouter ce qu'il s'y dit. J'entends la voix du Maître, ainsi que plusieurs autres voix.

"Cela fait sept ans que nous faisons profil bas, et nous avons gagné des effectifs. Le temps n'est-il pas venu ?" dit une voix.

Le Maître répond ensuite:

"C'est vrai... Peut-être est-il temps de lancer une deuxième offensive sur Teyvat."

Je continue à écouter, bouche-bée. Il faut absolument que j'obtienne plus d'informations et informe Teyvat de leurs plans.
Une troisième voix reprend:

"Et où et quand lancerons-nous l'offensive ? La dernière fois était l'occasion rêvée, avec ce rassemblement de masse.

-Peut-être devrions-nous viser moins de pertes humaines, mais des pertes qui nous assureraient la prise de pouvoir, suggère une autre voix.

-C'est plutôt malin en effet... répond le maître. À quoi pensez-vous ?

-Je pensais à Monstadt, ou Liyue. Ce sont des villes puissantes, et y obtenir le pouvoir nous faciliterait grandement l'obtention de la supériorité sur Teyvat. Une grande ville et puis hop, le reste dans la poche.

-C'est vrai ! renchérit une cinquième voix. Il faudrait tuer les dirigeants, et détruire la ville. Ça suffira pour mettre un bazar sans nom dans Teyvat.

-Mais Liyue ou Monstadt ? reprend la première voix.

-Je pencherais pour Monstadt, répond le Maître. La puissance de Liyue est majoritairement commerciale, les plus grands dirigeants, comme la Grande Maîtresse Jean, sont à Monstadt. "

Il y a un silence dans la salle. J'ai du mal à respirer, mais je mets ça sur le compte des révélations que je viens d'entendre. Mes jambes tremblent.

" Quand ? demande une des personnes présentes dans la salle.

-Cette fois, il faudra nous préparer, répond le Maître posément. Nous ne souhaitons pas reproduire le fiasco de la dernière fois, où nous avons nous-même perdu un grand nombre de nos effectifs. Nous lancerons l'offensive dans trente jours pile. Vous informerez chacun les membres de votre repaire pour être prêts à temps. "

Je suppose que les personnes dans cette salle sont les chefs de second-rang, ceux qui dirigent les différents repaires.
J'ai maintenant énormément de mal à respirer, et ma blessure me fait souffrir plus qu'elle ne l'a jamais fait. Je cherche de l'air, mais mes poumons ne me répondent pas.

Je commence à paniquer, car je sens que tout mon corps défaille. La discussion continue dans le bureau du Maître, mais je me met à courir du plus vite que mes jambes tremblantes me le permettent. Il faut que je sorte d'ici, il faut que quelqu'un me trouve, je vais mourir sinon. Plus aucun air n'entre dans mon corps. Je ne peux même pas crier, je m'effondre au sol en faisant un gros bruit sourd. Ma vision se trouble, mais j'aperçois malgré tout Kaeya accourant vers moi, en criant mon nom. Je le sens qui me soulève du sol et court dans les couloirs en me portant, et en criant à chaque personne qu'il croise de dégager de son passage. Je sens ma conscience me quitter. J'ai juste le temps d'entendre Kaeya crier qu'on lui ouvre la porte, puis le monde devient noir.

" Larmes de sang " (Kaeya X Reader / Genshin Impact X Reader)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant