Chapitre 4 - JE LES CHANTE POUR TOI

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J'ai la gorge un peu sèche

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J'ai la gorge un peu sèche... j'ai envie d'un truc sucré...

Je me tourne vers ma sœur, allongée sur notre lit et demande :

Je te ramène un verre d'ice tea, Sissy ?

Elle ne m'écoute pas, trop concentrée sur le manga qu'elle lit. J'observe la couverture rose ainsi que le couple enlacé qui l'orne et pousse un gros soupir. Ma sœur ne tourne même pas un œil vers moi, pourtant elle déteste quand je fais ça... elle doit être absorbée, manifestement. Un manga prêté par Ayu et hop ! La voilà partie dans son monde de nounours et de chocolats.

Moi, je peux plus lire ce genre de choses. Plus depuis que j'ai eu 12 ans et que ma période de rut à commencer. Mais je ne suis pas en droit de me plaindre, le cycle s'exprime de manière différente avec chacun d'entre nous... et tonton Luc' m'a assuré qu'il serait là pour m'écouter à chaque fois que j'en aurais envie.

Mais j'ai honte. Je ne peux pas lui dire que lorsque je lis ce genre de mangas, je me sens toute bizarre... j'ai chaud et ça me chatouille partout, surtout sous ma culotte...

Non, n'y pense pas Lily !

Je secoue ma tête pour chasser la petite boule de chaleur qui s'est formée dans mon ventre. Le cycle et ces pulsions étranges me font encore plus prendre conscience que je ne suis pas une petite fille normale.

(Même si Maman n'arrêtait pas de nous le crier...)

Je triture les coins de mon manuel d'Anglais en soufflant. Tonton Luc' m'a prévenu que les souvenirs désagréables ou les expériences fortes seraient amplifiés lors des périodes de cycle... mais là, on est même pas à la pleine lune et ça tourne quand même dans ma tête ! Je n'arrive pas à me concentrer, et les souvenirs reviennent, les mauvais souvenirs... tous ceux dont je ne veux pas me rappeler.

En premier, mes parents. Maman qui n'était presque jamais à la maison parce qu'elle faisait des ménages pour ramener des sous. Papa qui est revenu de l'armée avec une bouteille à la main, début d'une collection qui ne s'arrêtait plus. Ce foyer misérable et cette maison décrépit qui nous servait de toit. Qui grinçait tellement les mois d'hiver que Sissy pleurait en disant que la maison gémissait. Et puis la faim... bon sang, ce qu'on avait faim !

Maman nous achetait à peine de quoi nous remplir le ventre. Il y a même des jours où elle nous nourrissait avec des conserves pour chiens... ça me fait rire maintenant mais pas quand on en mangeait. C'est dégoûtant. Ça a aucun goût. Si on avait eu un chien, jamais je lui aurais donné ça à manger !

On a commencé à voler, Sissy et moi, à partir du jour où on a compris qu'il n'y avait que ce moyen pour manger à notre faim. Aidées par nos capacités de louves, on se faisait jamais choper... c'était cool, cette sensation de pouvoir tout faire ! Pendant quelques instants, on se pensait libres. Et puis on chipait juste assez pour manger, on se faisait pas de réserves. Mais savoir qu'on pouvait s'occuper de nous-mêmes sans Maman, c'était génial.

Le Masque de la Lune - TOME 2 - Les lois du sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant