Chapitre 15 - PONDÉRATION

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Notre Maserati Ghibli ralentit alors que nous arrivons devant la propriété de Giorgio

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Notre Maserati Ghibli ralentit alors que nous arrivons devant la propriété de Giorgio. Dans l'habitacle aux courbes discrètes et obscures, l'ambiance est silencieuse. Du côté de mon bras-droit, la tension se ressent jusque dans les suspensions de la voiture.

Je l'ai d'ores et déjà prévenu qu'il n'aurait pas l'autorisation de nous accompagner pour participer à cette entrevue convenue par mon fils. Cela l'a évidemment fortement contrarié, j'ai dû sévir afin qu'il ne passe pas ses nerfs sur une victime choisie au hasard de ses pulsions sanglantes. Valio ronge donc son frein derrière le volant, utilisé comme chauffeur alors qu'il devrait être à la place de Brigantti, c'est-à-dire installé sur le siège passager.

Je fais mine de ne rien avoir entendu lorsqu'il assène un grognement à l'égard des nombreux hommes qui gardent le portail en métal noir qui nous fait face. Les abords de la villa de Giorgio sont bardés de murs de trois mètres de haut, au crépis clair. Celui-ci contraste grandement avec la marée de costumes sombres qui l'encadre.

Un tel déploiement de moyens rien que pour moi ? Oh Giorgio, tu n'aurais pas dû...

Amusé par la prévoyance de mon fils, je lance une œillade glaciale à l'énième grognement de Valio. Celui-ci plante son regard dans le mien à travers le rétroviseur central.

Capo, dovrò venire con te... (*je devrais vous accompagner...)

Pour seule réponse, je lui assène un nouveau regard perçant. Il se renferme dans son mutisme. Je comprends sa réaction, cela fait longtemps que je l'ai désigné comme mon bras-droit et il n'avait jamais été mis sur la touche auparavant. Le gamin en manque d'attention qu'il a toujours été ne supporte pas que son capo lui interdise de jouer son rôle entre les murs de la villa de son fils... mais il est hors de question que son caractère vienne empirer les relations déjà très tendues entre Giorgio et moi.

Je ne veux pas non plus qu'il gâche ce qui promet d'être une visite divertissante. Savoir que mon fils a passé presque douze ans ici, évoluant sans mon influence, me rend très... impatient.

Alors que notre voiture s'engage sur la pente juste devant le portail de la propriété, des gardes nous font signe de nous arrêter. L'un des hommes, un grand brun à la carrure affirmée, s'avance vers nous avec autorité et se stoppe devant la vitre du conducteur. Il assène, dans un calme olympien :

Il n'a pas le droit de franchir les limites du portail.

Désignant Valio d'un geste du menton, celui-ci crispe davantage ses mains autour du volant. Je le sais sur le point de bondir du véhicule pour trancher la langue de l'homme de main de Giorgio.

Pour parer à cette éventualité, je hoche simplement la tête et m'extrais de la Maserati, suivit de près par Brigantti et Regina, mes deux accompagnateurs. La grande brune n'a pas daigné prononcer un seul mot depuis que nous avons quitté l'hôtel. Pas depuis que je lui ai annoncé que nos relations seraient désormais strictement professionnelles, d'ailleurs.

Le Masque de la Lune - TOME 2 - Les lois du sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant