- SUITE DU TOME 1 -
Désormais mariés, Lou et Giorgio ne vivent pas pour autant leur amour comme ils le mériteraient.
La menace Vassili Sarnova n'a jamais été aussi présente, les pions se placent sur l'échiquier et rien ne se déroule comme ils l...
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La douce odeur florale de la lessive remonte jusqu'à mes narines. Assise sur le lit fraîchement refait de la chambre de Gia, je m'imprègne des effluves délicates en observant le cadre photo posé sur la table de chevet.
La jeune sœur de Giorgio me sourit à pleines dents, radieuse et chaleureuse, entourant la taille fine de son frère comme s'il était son roc le plus inébranlable. Je lui renvoie son sourire au centuple, attendrie comme toujours devant l'expression innocente et gorgée de bonheur de mon bel italien. Je nous jure une nouvelle fois, à elle et à moi, de rendre à mon mari cet éclat de candeur juvénile qu'il pensait irrémédiablement détruit après ses années d'horreur en Sicile et celles qu'il a vécu avant notre rencontre. Je n'imagine pas l'atroce sentiment de vide que Giorgio a dû refouler après la tragédie de la perte de Gia...
Mes mâchoires se crispent légèrement, je me secoue pour ne pas penser si négativement alors même que notre vie est actuellement chamboulée dans tous les sens : mon bel italien avec son établissement, ses associés qu'il pense être à la solde de Sarnova et sa vendetta personnelle contre Dimitri... et moi, avec ces gens revenus d'entre les morts qui imposent leurs règles moyenâgeuses afin de garantir la pérennité d'une malédiction si vieille que même les Anciens ne doivent plus en connaître la source exacte.
Ce que j'apporte à Giorgio, ce n'est ni de l'aide, ni de la tranquillité d'esprit. Je le plonge dans un marasme ésotérique dont il y a quelques mois à peine, il ne se doutait pas de l'existence... pas étonnant qu'il ait réagi ainsi, se renfermant comme une huître dès que j'ai mentionné Ilyes et sa nature profonde d'Alpha.
Je m'en veux tellement de lui infliger mes problèmes !
Bien qu'il m'ait rassuré sur ses sentiments - dont je ne doute pas une seconde -, le savoir aussi angoissé et aussi perdu face à la menace que représente mes grands-parents me dévore de l'intérieur. Même si j'aimerais lui offrir la vie heureuse qu'il mérite, je prends de plus en plus conscience que ce n'est pas demain la veille qu'on nous laissera essayer.
(Autant dire qu'il ne s'agit pas non plus d'un environnement idéal et stable pour éduquer notre enfant à venir...)
Je caresse immédiatement mon ventre au travers de la chemise de Giorgio. Ce geste désormais coutumier m'apaise sensiblement.
Délaissant les ombres de mes pensées chaotiques, je m'évertue à continuer ce pourquoi j'étais venue : le rangement de la chambre de ma belle-sœur et la sélection d'une tenue pour la journée.
Je me lève, lisse délicatement le petit pli que j'ai formé en m'asseyant sur les couvertures couleur framboise, puis adresse un message silencieux à la si jolie Gia qui nous a quitté bien trop tôt.
Je n'ai jamais vraiment cru à un Dieu, mais ma prière est irrépressible. J'y impute toute la détermination qui m'anime dans une promesse secrète, qui j'espère parviendra à la petite sœur de celui que j'aime... peu importe l'endroit où elle se trouve désormais. Puis, je fais face à son colossal dressing.
