Chapitre 11 - CEUX QUE NOUS ÉTIONS

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Debout devant ma baie vitrée, je fais mine de m'absorber dans la contemplation des rues de la ville en contrebas

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Debout devant ma baie vitrée, je fais mine de m'absorber dans la contemplation des rues de la ville en contrebas. Mais les rayons de soleil aveuglants ne sauraient me distraire de la silhouette magnifique de ma nièce, à quelques mètres de moi.

Au travers de son reflet, je retrouve en elle tout ce qui m'a manqué depuis la mort de Natalia : ses cheveux de blé aux nuances cuivrées, son regard azuré strié d'éclairs alors que je lui faisais part d'une petite partie de mon plan, sa posture fière, élégante, qui sied à une vraie lionne.

C'est elle, et non pas Dimitri, qui aurait dû être mon bras-droit. 

Mais elle m'a quitté, elle a tourné le dos à sa famille sans aucune hésitation... j'aurais dû la faire rentrer dans le rang et la punir sévèrement de cet affront aussi cruel qu'une trahison, mais à chaque fois que je la regarde, je vois Natalia.

Impossible de la toucher. Du moins pas en sachant qu'elle souffrira de mes mains, ou des mains d'autrui.

La fille de la seule femme pour laquelle j'ai nourri une féroce obsession se tient droite et immobile, son regard parcouru d'une multitude de questions. Le masque qu'elle s'évertue à conserver en ma présence s'effrite sensiblement, j'aime l'effet que je lui fais autant que celui qu'ont eu mes propos... j'aimerais la retenir encore longtemps. Ne plus la laisser repartir, même.

Mais j'ai des invités qui m'attendent. De riches et importants investisseurs de mes nombreux clubs, en plus de mes clients les plus fidèles.

(J'aimerais les envoyer paître et rester ici en compagnie de Katia.)

Je sais bien que le temps qui m'est alloué avec elle est restreint, aussi je m'octroie tout ce que je peux et me pare d'un sourire mauvais en me retournant.

Tu ne dis plus rien... t'aurais-je choquée au point de te pétrifier ?

Elle relève vivement la tête vers moi, me fusillant de son regard tempétueux, magnifique, aussi intense et perçant que l'était celui de sa mère. Elle n'a pas besoin de parler, tout se lit sur ses traits tirés et ses sourcils froncés. 

Oh, que j'aime lorsqu'elle est hors d'elle ! Ça a toujours été mon jeu préféré : la faire sortir de ses gonds.

Ne mechtay (*Ne rêve pas), Vassili, assène-t-elle subitement, retrouvant l'usage de la parole et son venin délicieux. Jamais tu n'arriveras à me faire taire !

(J'y compte bien, ma fleur de Sibérie...)

Qu'est-ce que tu planifies, hein ? Qu'est-ce que cette rencontre avec Giorgio et Vincenzo pourra bien te rapporter ?

Je pensais qu'elle avait compris, mais manifestement non. Je suis un peu déçu. Où est passée l'intelligence légendaire dont elle faisait preuve lorsqu'elle était sous mon joug ? Enfin, c'est peut-être justement cela le problème : 8 ans à jouir de sa "liberté" ne l'ont pas aidé à conserver cette froideur glaçante que j'adorais chez elle... quel dommage.

Le Masque de la Lune - TOME 2 - Les lois du sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant