Un cri guttural se répercute dans le long couloir que mes hommes et moi avons pris d'assaut. Auparavant d'un noir lustré, la décoration luxueuse et ostentatoire du lieu est désormais maculée de sang et de bouts de chair. D'organes, aussi.
Je me tourne lentement vers Valio. La scène qui se joue sous mes yeux est habituelle, presque coutumière et pourtant, elle ne manque pas de... m'écœurer. Comme à chaque fois que je laisse mon bras-droit s'amuser, c'est un vrai massacre. Un carnage de peau lacérée, d'os brisés et de membres disloqués.
Cazzo, qu'est-ce qui me prend ? Je suis si las de ces boucheries...
Je peine à me souvenir de l'époque où ce genre de règlement de compte m'amusait. Étais-je vraiment si intéressé que ça ? Bon sang, ça me semble si loin, désormais.
Ce qui était censé m'animer et me sortir de l'ennui n'est plus aussi efficace qu'avant, même l'odeur des fluides corporelles et de l'hémoglobine fraîchement versée ne me procure plus rien qu'un sentiment de profonde lassitude.
Je n'en montre rien à mes hommes, évidemment. Mon impassibilité leur est acquise, ma froideur et ma dureté sont une armure que je porte depuis si longtemps que je ne saurais même pas dire depuis quand je n'ai plus souri franchement.
(La veille, par exemple ? Alors que tu ressassais la certitude que tu es grand-père ?)
Cazzo!
—Capo, le vieux Sarnova s'est retranché dans sa tour, m'annonce Brigantti en brisant la nuque d'un des sbires du Russe.
Heureusement passée inaperçue aux nombreux yeux de mes hommes, mon introspection s'évapore en entendant cette nouvelle.
Je concentre alors mon attention sur Brigantti. Malgré sa main blessée, il reste professionnel et compétent. Ce n'est pas une condition, c'est un principe vital : je ne m'encombre jamais de personnel inutile à mon service. Et mon Second Lieutenant le sait plus que jamais depuis que je l'ai puni pour son inaction le jour où j'ai pris cette balle.
—Un codardo, sospettavo (*Un lâche, je m'en doutais). Se calfeutrer dans son antre au lieu de m'affronter comme un homme...
Je ne mentionne même pas l'arrogance dont a fait preuve le parrain Russe. Il croyait stupidement que je n'étais pas en mesure de prendre d'assaut son hôtel particulier ? Que sa forteresse était imprenable ? Qu'elle allait le protéger de ma fureur ? Idioties infantiles.
Vassili Sarnova n'est qu'un pleutre parmi tant d'autres, finalement. Et son bunker qu'il se targuait d'être inébranlable est bien vite tombé sous mes ordres et mon groupe d'assaut... bien entendu, ça n'aurait pas été aussi facile si je n'avais pas eu une aide substantielle de la personne à laquelle je m'attendais le moins à en recevoir.
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Le Masque de la Lune - TOME 2 - Les lois du sang
Fanfiction- SUITE DU TOME 1 - Désormais mariés, Lou et Giorgio ne vivent pas pour autant leur amour comme ils le mériteraient. La menace Vassili Sarnova n'a jamais été aussi présente, les pions se placent sur l'échiquier et rien ne se déroule comme ils l...