Chapitre 2

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Je lui caresse les cheveux doucement pour le rassurer, je ne peux pas le comprendre certes mais j'ai le présentiment que nous allons la retrouver, c'est certain. Je réfléchis rapidement, il fait un froid de canard ici de plus nous n'avons pas de provisions : on ne survivra donc pas longtemps. Mais je préfère ne rien dire à Élias pour le moment, mieux vaut ne pas le peiner encore plus. Je me lève le plus doucement possible tout en cherchant autour de moi un abri car la neige tombe de plus en plus sur nous.

« On va mourir ici Vic', arrêtons d'espérer.

- Élias, tu n'es pas du genre à abandonner contrairement à moi, donc n'échangeons pas les rôles veux-tu ?

- Victoire. Nous sommes finis, on est au milieu de nulle part dans la neige, on a rien à manger, ni à boire et tous les autres sont sûrement déjà morts.

- Dis pas ça, ils sont vivants à coup sûr.

- La dernière fois c'était de la pure chance Victoire rien de plus.

- Élias n'abandonne pas maintenant je t'en prie. »

Il n'a pas répondu à ça, il a juste tourné la tête et il n'a plus parlé. Il peut me décevoir à un point monumental parfois. Il peut être défaitiste à en mourir. Je continue de chercher malgré ses dires, je sais que je suis têtue mais je ne veux vraiment pas mourir aussi jeune, je ne lâcherai pas le morceau maintenant. Je continue de chercher quand j'aperçois dans l'obscurité une petite cavité dans la roche. Je prends la main d'Élias et lui demande de se lever à tout prix et vite avant que la neige ne commence à nous ensevelir. Je me mets à tenter de le mettre debout, mais étant donné qu'il est plus lourd que moi je ne peux rien faire. Je lâche donc mon emprise et je m'assois à côté de lui tout en lui enlaçant la main.

« Élias, regarde comme il neige, il faut qu'on aille se mettre à l'abri, on a pas le choix, on va mourir de froid si on ne va pas dans cette crevasse là-bas.

- Victoire, sauve-toi vas-y, moi je reste ici, le temps que Mayssane revienne.

- Élias c'est pas en restant ici qu'elle va revenir. Relève toi je t'en prie, fais le pour moi.

- Je le fais que pour toi alors. »

Il se lève pour mon plus grand bonheur en manquant de tomber et nous courons tant bien que mal tous les deux vers le petit abri. La neige est poudreuse, à chaque pas je m'enfonce un peu plus. On arrive après un certain temps devant, mais une montagne de neige nous empêche d'y accéder. Je vois Élias reculer pendant que je réfléchis, je me retourne donc et le vois foncer sur le tas de neige, dans un bruit immense il s'écroule. Je ris instantanément, il sait comment me faire rire. Il se relève et tente de se débarrasser de la neige qui le recouvre, je m'approche de lui tout en riant et je frotte son manteau pour enlever la neige. Je l'embrasse puis je rentre dans la petite cavité, tout est sombre à l'intérieur, comme à l'extérieur d'ailleurs mais quelque chose retient mon attention : il y a une lueur dans un coin. Élias la voit aussi et en un seul regard nous nous comprenons, nous devons aller voir ce qu'il se cache ici-bas. Mais une peur intense s'empare de mon cœur et de mon corps quand je m'aperçois que je dois marcher vers le noir le plus profond. Élias s'en aperçoit, il m'enlace la taille, me serre dans ses bras puis me prend la main en me tirant vers l'obscurité.

Mia se réveille, elle est allongée dans la neige, que s'est-il passé déjà ? Elle se lève mais se rend compte que sa cheville la fait énormément souffrir, elle est cassée sans doute en vue de la forme qu'elle a. Elle cherche Léon aux alentours mais personne n'est là, elle ne peut pas se lever malgré l'instinct de survie qui lui hurle de se lever à cause du danger qui l'entoure. Elle crie donc de toutes ses forces, elle s'arrache les poumons. Elle crie encore et encore en espérant de toutes ses forces qu'au moins une personne lui réponde. Mais aucun bruit ne vient troubler le silence lorsqu'elle se tait.

Adam ouvre les yeux, sa bouche est remplie de neige, il s'assoit donc dans un élan rapide et la crache, il allait s'étouffer si son cerveau n'avait pas eu un éclair de génie en se réveillant. Qu'est-ce que le timing peut être parfait des fois. Il tousse à s'en détruire les bronches, une fois que sa gorge s'est calmée, il se lève et regarde partout autour : de la neige à perte de vue. Il se rassoit donc de désespoir et ferme les yeux.

Léon sent la neige sur son torse l'étouffer, il ouvre les yeux non sans mal et il cherche l'air, juste un peu d'air, ses poumons sont remplis de neige et il ne peut rien y faire, il en est entouré. Il regarde le blanc qui l'entoure en cherchant une échappatoire mais rien n'y fait, il ne peut même plus bouger, il sent que le poids sur lui augmente encore et encore et dans un dernier souffle il pense à la beauté éblouissante de Mia.

Éliana ouvre les yeux dans un sursaut énorme, une personne à côté d'elle creuse dans la neige sans s'arrêter. Éliana tente d'attirer l'attention de cette personne, qui est-elle ? Elle aperçoit soudain une lanterne au loin, elle se lève donc et court de toutes ses forces. Elle fonce dans les bras de la personne à la lanterne et pense soudain : où est Adam et ses amis ? Elle relève la tête et demande à l'homme qu'elle a en face d'elle, l'homme se retourne rapidement et crie quelque chose qu'Éliana ne comprend pas. Peu de temps après, un vieil homme soutenu par une canne faite de bois s'approche d'elle et lui fait signe de s'accroupir et de répéter ce qu'elle disait, ce qu'elle fait. Elle le supplie de retrouver son petit ami et ses amis, l'homme la stoppe tout à coup et fait un signe étrange aux hommes autour. Ils partent tous et le vieil homme prend la main d'Éliana en l'emmenant dans une cabane de bois non loin de l'endroit où elle s'était réveillée quelques minutes plus tôt. Elle s'assoit sur un coussin fait main et elle attend ce que l'homme va lui dire, soudain dans un accent inconnu à la culture d'Éliana il lui dit :

« Ma jeune fille, où sont donc tes amis ?

- Je ne sais pas, nous jouions là-haut et le sol s'est fissuré sous nous et puis après je me suis réveillée. Je ne sais pas si ils ont survécu à la chute.

- Ils ne peuvent pas mourir de chute, mais d'étouffement, la neige est trop molle pour ça. Venez, je vais vous montrez un chemin, vous irez chercher vos amis avec quelques une des femmes du village.

- Village ?

- Oui, village. »

L'homme appela une femme au nom de « Myjou », elle arriva, une femme blonde, portant une robe de tissu animal. Ils parlèrent tous les deux sans qu'Éliana ne comprenne un seul mot. La femme s'agenouilla face à l'homme et prit la main d'Éliana, elle l'amena face à un mur de roche, posa sa main sur une pierre avant que le mur ne se fissure en deux pour laisser apparaitre un chemin illuminé. Éliana remercia Myjou et courut de toutes ses forces.

L'Autre Monde 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant