Chapitre 20

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À ma plus grande surprise la chute n'a pas vraiment été violente, nous nous sommes juste posés sur la neige avec une étrange douceur. La neige ne nous a pas engloutis, les cris ne sont plus audibles, le froid, je ne le ressens plus malgré ma légère tenue : il est là, avec moi, son corps contre le mien. Même si nous sommes tombés et que nous avons atterri je ne veux pas me relever, je ne veux pas que ce moment se termine. Cela fait tellement longtemps que je ne me suis pas collée contre lui au point d'entendre son cœur battre et de prier le mien de le faire dans le même rythme juste pour la beauté du moment. Je n'ose même pas le regarder dans les yeux, ses yeux que j'aime tant avec une couleur si atypique. Ses mains ne bougent pas et il n'a pas bougé d'un poil depuis notre atterrissage et même si je meurs d'envie de rester là je finis par me redresser. Nous nous fixons pendant un bon moment et je me rends vite compte que je viens de le faire tomber dans le vide complet sans son accord, je me dois de m'excuser. De plus, c'est lui qui a dû ressentir toute la violence du choc. Mais ce moment où je sens ses yeux se plonger dans les miens et ses mains sur moi et trop dur à briser.

« Je suis désolée.

- Ne t'en fait pas, ça va. Je pensais pas qu'on allait chuter aussi bas.

- En effet, je crois qu'on se doit des explications Élias.

- À propos de quoi ?

- De nous. »

Il finit - suite à ces mots sans doute – par détourner le regard et cet éloignement me déchire un peu plus.

« De quoi veux-tu parler ? Me dit-il sans replonger ses yeux dans les miens.

- De tout, regarde-moi s'il-te-plait. »

Nous savons tous les deux que le moment ne se repassera pas, nous ne voulons pas l'arrêter mais je sais bien que ma mère va finir par venir me chercher. Et pour une fois je réfléchis à ce que je vais dire : je ne veux pas tout gâcher comme je le fais depuis le début de ce fichu périple qui n'a fait que nous séparer un peu plus. Je réfléchis mais je ne trouve pas une chose à lui dire, c'est trop dur, qu'importe ce que je vais sortir de ma bouche je ne pourrais jamais recoller les morceaux que j'ai brisé et brûlé un par un.

« Je sais à quoi tu penses Victoire, tu ne veux pas te rater mais crois-moi tu ne pourras jamais tout réparer et même si nous décidons de retenter ça ne pourra jamais être aussi beau que ça l'a été ces dernières années. Dis-moi ce que tu veux me dire, ça n'a plus d'importance et de plus tu sais bien que je meurs d'envie de l'entendre, dis-le moi par pitié avant la fin.

- Je pense qu'il faut que je reprenne depuis le début, tu veux bien ?

- Je t'écoute.

- Quand je t'ai rencontré à l'époque j'étais plus jeune, et toi aussi mais ça ne m'a pas empêché de me rendre compte que tu étais un homme bien, et d'ailleurs je le pense toujours et ça ne t'a pas empêché de me sauver la vie de nombreuses fois. Ensuite, tu m'as embrassée et je ne peux même pas te décrire ce que j'ai ressenti c'était tellement intense de mon côté. On s'est mis ensemble un peu par hasard et je n'ai jamais vraiment su si tu m'aimais sincèrement. Je me suis rendue compte durant les dernières heures de notre couple que tu étais distant et qu'on ne s'aimait qu'en présence du danger et ça ne m'a pas plus, et le fait que tu me confondes avec une autre femme n'a pas vraiment arrangé les choses. Et maintenant, tout de suite, je me rends compte que tu es important pour moi mais je ne sais pas dans quel sens.

- Oh, ça fait mal de savoir ça et en même temps ça me rassure.

- Je veux savoir de ton côté Élias. »

Je commence à comprendre que le temps presse quand j'entends les cris de ma mère : elle n'est plus très loin. Je prie Élias de me dire ce qu'il s'est passé de son côté à lui mais il refuse d'un signe de tête.

L'Autre Monde 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant