Une fois à la surface je ne bouge plus, je ne parle plus : je ne vis plus. Je marche légèrement et tombe à quelques mètres de mon ancienne belle-sœur : Mayssane. Cette-dernière se rue dans mes bras en me caressant les cheveux tout aussi tendrement que son frère et pourtant je sais bien que ce n'est pas lui, ses gestes ne sont pas les mêmes, son amour n'est pas le même. Je ne pleure plus, je ne peux plus, j'ai trop donné de ma personne pour des dizaines de milliers d'années. Je meurs d'envie de hurler au monde ma souffrance, ma douleur, ma mort intérieure. J'ai l'impression que lorsque ses bras m'ont extirpée de l'étreinte d'Élias toute mon âme s'est envolée dans les airs, mélangée à mes cris. Je prends conscience que mes hurlements ont dû être terrible pour Élias à supporter, il a dû se sentir incapable de me protéger alors que c'est tout le contraire. Il est ma raison de vivre, mon héros, ma nouvelle obsession. Une main se pose sur mon épaule : ma mère, je n'ose même pas la regarder dans les yeux, regarder celle qui m'a détruite intérieurement est insupportable pour le reste de mon cœur, s'il m'en reste un, je ne suis plus très sûre. Sa main ne bouge pas et je ressens dans ce contact qu'elle est là pour m'avouer son plan, la destruction de sa fille, la fin de sa fille.
« Alors ma petite puce ? Me dit-elle de cette voix mielleuse que je déteste tant.
- J'ai compris, ce que tu voulais c'était nous séparer.
- Oui, mais pour être plus précise je voulais t'enlever tout ce qui te rendait heureuse pour mieux te détruire de l'intérieur. Tu sais un jour un grand homme a dit-
- Maman, je n'en ai rien à faire. Où est Élias ? Laisse-moi le voir, le serrer contre moi ! Dis-je en me levant brusquement.
- Il est peut-être mort. Intervint Gabriel. »
Tous les deux partent dans un fou rire inarrêtable. J'ai juste envie de les étrangler, de les déchirer comme ils l'ont fait avec moi. Je veux les briser aussi, leur enlever ceux qu'ils aiment, les détruire. Leur brûler le cœur, ce qui les fait vivre. Une rage indescriptible s'empare de moi, je bouillonne, je sens mes veines, mes tempes, mon cœur, ma tête, ma peau s'emporter. Je veux juste une chose : me venger et cette fois je réussirais, je les détruirais, je le ferais, cette haine ne pourra jamais se tasser au plus profond de moi. Ils m'ont retiré mon désir le plus enfoui, je ne vis plus que par la haine et l'envie de vengeance. Je regarde ma mère droit dans les yeux avec une rage profonde et je tente de fondre sur elle mais quelqu'un me retient d'une force inhumaine, à moins que ma fatigue m'affaiblisse. Je m'écroule au sol et entend :
« Merci maman. »
Ma mère, ma grand-mère, ensemble ? Jamais je n'aurais pu penser une telle chose possible. Je me redresse et regarde derrière moi : des policiers, des gendarmes, des militaires à perte de vue, des femmes du comité et ma grand-mère devant qui me tend la main :
« Relève-toi ma puce, nous nous occupons de ta mère, plonge dans cette faille de nouveau avant qu'elle ne se referme à jamais. »
À ces mots, un bruit sourd vient perturber l'ambiance déjà pesante, un bruit que j'ai déjà entendu : la faille. Elle ne peut plus s'ouvrir, elle se referme pas de doute. Je ne sais pas ce qui me prend mais mon cœur me pousse à regarder autour de moi : les deux brutes sont là mais où est passé Shawn ? Une seule solution : il est dans la faille seul avec Élias et n'a qu'une idée en tête, se venger. Je regarde ma grand-mère qui comprend aussi :
« Cours Victoire, cours et plonge. »
Je me tourne vers la faille, ma mère se fait arrêter ainsi que tous les coupables possibles de cette affaire. L'obscurité est présente dans la faille de plus en plus, je ne réfléchis plus, mon cœur se serre, et je plonge. Je sens le vent passer dans mes cheveux, sur ma peau mais je n'y pense pas, je ne réfléchis même plus tout ce que je fais c'est agir avec mon cœur en tant que capitaine des opérations. Je distingue la blancheur de la neige à quelques mètres seulement de moi et je finis par me mettre dans une position qui selon moi amortira la chute et me protégera de la douleur. J'atterris mais cette fois, sans Élias c'est beaucoup plus violent et je le ressens, j'ai du mal à me relever mais sous le coup de l'adrénaline je le fais machinalement malgré la douleur. Je titube et j'ai le sentiment que mes pieds s'enfoncent dans la neige comme dans des sables mouvants, je me sens descendre et j'ai peur de ça. Je me débats comme je le peux avec toutes mes forces mais je sens bien qu'elles commencent à me manquer, je ne peux pas mourir de cette façon après tout ce que j'ai passé. Je continue de m'enfoncer et je commence à ne plus pouvoir respirer, je ferme les yeux en me disant que c'est mon dernier souffle et en repassant tous les moments de joie dans mon esprit. Il n'y a qu'Élias et moi dans ma tête maintenant. Je pense à lui. Et soudainement par je ne sais quel moyen je retrouve ma force et retourne à la surface en toussant et en expulsant toute la neige de mes poumons. Je regarde face à moi et me mets à réfléchir : Élias et Shawn peuvent être n'importe où, la faille est en train de se refermer et je n'ai pas de lumière alors que la pénombre gagne de plus en plus de terrain à chaque petite seconde qui s'écoule. Je me relève, toujours sous les ordres de mon cœur qui a été rejoint par mes sentiments. Je me dois de le sauver, pour toutes les fois où lui l'a fait. Je me mets à marcher en tentant de faire le moins de bruit possible, dans mon état je ne pourrais rien faire contre Shawn et contre sa force d'homme. Je marche tout droit, là où mon cœur me dit d'aller et je tombe nez à nez face à une lanterne : merci mon cœur. Je la prends en vitesse et comprends qu'il me reste peu de temps, il faut que je les retrouve vite. Je me mets à marcher un peu partout en accélérant un peu plus à chaque pas jusqu'à me mettre à courir aussi vite que mes forces restantes me le permettent. Je finis par tomber au sol, même si je meurs d'envie de le retrouver je crains que ma fatigue m'empêchera de le faire : je n'ai plus d'énergie. Je relève doucement la tête et m'agenouille au sol, c'est tout ce que mon corps me permet encore de faire. Je vis en face de moi ce qui me paraissait encore - il y a quelques minutes -impensable : Élias au sol qui se défend comme il le peut et Shawn qui le frappe sans rancune en hurlant :
« Elle est à moi idiot comprend le, ne l'approche plus ! Il n'y a que moi et Gabriel qui la méritons. Relève toi viens te battre si t'es un homme ! »
Je vois bien qu'Élias est lui aussi à bout de force et qu'il ne va pas tarder à lâcher l'affaire. Je me relève comme je le peux mais mes jambes ne me soutiennent plus, mon corps entier ne peut plus et je m'effondre au sol, contre la neige froide. J'aimerais disparaitre, que le temps s'arrête, que je puisse faire quelque chose. Une idée absolument bête me vient en tête, c'est la dernière chose que je puisse faire : hurler pour les faire arrêter. Je peux faire deux choses : faire semblant d'aimer Shawn pour le faire arrêter avec le risque qu'il me fasse je ne sais quoi et qu'Élias n'est pas la force de me défendre, ou bien crier Élias, mais à quoi cela pourrait servir à part le mettre encore plus mal puisque il saurait que je suis là et il s'en voudrait que je le vois se faire tabasser comme ça. Même si je dois l'avouer : il se défend bien contre Shawn, il tente même de le frapper. Je prends mon courage à deux mains, je dois le faire pour Élias, maintenant.
« Shawn ! Stop ! »
Les deux se tourne vers moi et tout ce que je vois c'est le visage de Shawn s'éclairer et celui d'Élias s'effondrer. Shawn lâche Élias et se dirige vers moi doucement en me parlant gentiment comme pour m'attendrir. Je vois Élias ramener sa jambe près de lui, il est le seul que je fixe pour profiter de tous ses mouvements qui ont tous l'air calculer. Il fait quelque chose que je ne vois pas et je finis par détacher mon regard de lui et par regarder Shawn. Un sourire béant et terrifiant est plaqué contre son visage, nous savons tous les trois ce qu'il compte faire. Je me redresse, m'assois sur la neige et commence à reculer de peur : pourquoi j'ai fait ça, comment j'ai fait pour en arriver là ? Shawn pose sa main sur mon genou et m'empêche de continuer de reculer.
« Tu n'as pas à avoir peur ma belle, je suis là pour t'aimer et te protéger, pas d'inquiétude. »
Je ne pleure pas, je n'ai même plus peur. Je vois tout à coup le visage de Shawn se tordre et ses mains se porter sur sa gorge. Il devient rouge puis bleu – ça je le vois grâce à la faible lumière qu'émet la lanterne – et enfin il s'écroule. Je me protège comme je le peux en mettant mes bras devant moi-même si je sais pertinemment que la personne qui a réussi à tuer Shawn peut totalement me déchiqueter avec un simple geste du petit doigt. J'ouvre les yeux après quelques secondes et mes bras tombent au sol : Élias son lacet de chaussures à la main reprend son souffle. Encore une fois c'est lui qui m'a sauvée malgré mes efforts.
Bonjour, bonsoir, j'espère que chacun d'entre vous va bien, ce petit mot ne sera pas très long mais je tiens juste à vous dire qu'il est probable que le chapitre 22 sorte aujourd'hui aussi. D'après mes calculs (pas très avancés), le chapitre 22 sera l'avant-dernier. J'espère que vous avez aimé, je vous laisse à bientôt pour de nouvelles aventures ! ♥♥
-Callie.
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L'Autre Monde 2
AdventureTout va pour le mieux dans le monde de nos deux amoureux mais Carole et Gabriel ne se laisseront pas faire si facilement, à la fin de leur peine, ils empêcheront les deux tourtereaux de déjouer leurs plans en détruisant leur couple à petits feux. L...