chapitre 20 : Ander & Alissia

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-Tu es sûre que tu n’as rien de plus important à faire ?

Maïa soupira.

-Pour la quatorzième fois, je n’ai rien de plus important à faire. Je suis en vacances, Marco prépare sa classe, et moi, je m’ennuie. Je suis super contente de t’accompagner dans tes achats de dernière minute.

-M’en parle pas… souffla Alissia, attachant Alma dans son siège auto. Cette année, c’est du grand n’importe quoi. Ander et moi, on est en retard sur tout.

Elle déposa un baiser sur le front de sa fille avant de fermer la portière. Les deux femmes montèrent en voiture.

-Je dois acheter un dernier cadeau pour Ander, pour mes deux sœurs et pour nos parents, à Ander et à moi.

-D'accord, acquiesça Maïa.

-Ça te fait pas peur, tout ce monde ?

-Bah, te connaissant… tout est organisé. Tu sais dans quel magasin tu vas quand et pour acheter quoi.

Alissia fit la moue.

-T'as raison. C'est la leçon que j'ai tirée de notre première épopée avec Ander. Cadeau et impro, ça ne rime pas à cinq jours de Noël.

Cette fois, Alissia savait exactement où elle allait, et ce qu'elle voulait y acheter. Malgré la foule présente dans chaque magasin, au bout de trois longues heures de bataille, les emplettes étaient faites.

Maïa proposa à Alissia de s'arrêter pour manger une gaufre avant de quitter le centre commercial, et cette dernière accepta, en profitant pour nourrir Alma.

-Merci d'être venue avec moi, vraiment. Tu n'imagines pas à quel point ça m'a aidé.

Maïa haussa les épaules.

-Avec plaisir.

Alissia sourit tristement en regardant son amie croquer dans sa gaufre.

-Tu vas me manquer.

Maïa fronça les sourcils, l'air perdu, avant de secouer la tête.

-Mais qu'est-ce que tu racontes ? Personne ne part vivre en Australie, à ce que je sache.

-Tu sais bien, dit Alissia, ça sera différent.

-Ça, c'est à nous de le décider.

Alissia haussa les épaules. C'était toujours ce qu'on disait. En vivant dans le même immeuble, c'était facile d'être toujours les uns chez les autres. Pas de voiture à prendre, pas de manteaux à mettre. Bientôt, il y aurait des obstacles à chaque fois qu'ils voudraient se voir.

-On y va ? demanda Maïa, l'air soudainement impatiente, et Alissia acquiesça.

-Pas de souci. Tu passes à la maison ?

-Mmh…

Maïa sortit son téléphone, et comme si elle avait vérifié la réponse à cette question, elle répondit :

-Oui !

Alissia ne commença à comprendre ce qui se tramait qu'en ouvrant la porte de chez elle, découvrant Ander accompagné de Marco.

-Bah, qu'est-ce que vous faites ici ? Vous travaillez pas ?

Elle regarda particulièrement Ander en posant sa question, sachant qu'il devait finir tard ce soir.

-Surprise ! s'exclama-t-il. Ce soir, on sort.

-On sort ? dit-elle, et immédiatement, son cerveau se mit à bouillir. Je dois remettre des couches dans le sac d'Alma, et…

-On sort sans Alma, coupa Ander, toujours souriant, et Alissia fronça les sourcils.

-Quoi ? Mais Ander, c'est pas possible, ça.

-C'est pour ça qu'on est là ! répondit Maïa en passant ses bras au-dessus des épaules de Marco. On est les nounous du soir.

-Mais… balbutia-t-elle avant de s'arrêter, à court d'arguments.

-On passe la soirée ici, comme ça on a tout ce dont on aurait besoin, expliqua Marco, comme pour la rassurer. Et vous rentrez quand vous voulez.

Alissia consulta Ander du regard, troublée. Elle n'avait aucune raison de refuser.

Vingt minutes plus tard, ils quittèrent l'appartement. Alissia sourit en repensant qu'il y a deux semaines, elle avait refusé de laisser Maïa seule avec Alma car c'était une inconnue.

-Amusez-vous bien ! lança Marco avant de fermer la porte, séparant pour la première fois depuis sa naissance Alma de ses parents.

-Il faut qu'on rentre pour la nourrir, dit Alissia plus par réflexe que pour informer Ander, qui le savait déjà.

-C'est prévu. On sort juste dîner. Et on rentre. Ça sera déjà bien, pour un premier essai, non ?

Alissia sourit.

-Avoue-le, tu pensais que je refuserai.

Ander rit.

-Non. Je pensais que t'y opposerai fortement, mais que je réussirai à te convaincre qu'on a besoin de prendre du temps pour nous. Et que ça ne fait pas de nous des mauvais parents, juste des parents humains.

Ander les emmena dans un petit restaurant où ils allaient régulièrement avant la naissance d'Alma, mais dans lequel ils n'étaient pas encore retournés depuis. Alissia réalisa qu'en y allant moins, elle appréciait encore plus tous ces moments. Le repas, l'ambiance, être juste avec Ander.

Ils rentrèrent au bout de deux heures, et quand elle retrouva Alma, elle se sentit comblée.

Sa fille était née et bien qu'elle ait encore énormément besoin d'elle, Alissia devait maintenant arrêter de s'oublier.

pépites de chocolat » VERRATTI HERRERA BERNAT ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant