chapitre 7 : Marco & Maïa

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En rentrant après les cours, à seize heures trente, Maïa ne s'arrêta pas au deuxième étage : elle monta directement au troisième, et une fois devant l'appartement d'Ander et Alissia, elle envoya un message à cette dernière pour qu'elle vienne lui ouvrir.

C'est une Alissia complètement épuisée qui lui ouvrit la porte. Ses cheveux sortaient de son chignon, et son jogging avait une jambe relevée au genou, sans que Maïa ne trouva d'explication à ce phénomène.

Maïa entra sans bruit, et les deux femmes s'installèrent dans la cuisine, pièce la plus éloignée de la chambre d'Alma.

-Un enfer. C'est un enfer, en ce moment.

Maïa n'osa pas lui demander si par "en ce moment", elle voulait dire depuis que la petite était née. À la place, elle dit :

-Pour l'endormir ?

-Oui. La nuit dernière, elle a dormi trois heures. Trois. On s'est relayés, avec Ander, mais rien n'y faisait. Même pas le sein, ni l'aspirateur et le sèche-cheveux.

-Comment tu as fait pour l'endormir, là ? demanda Maïa en posant sa main sur celle d'Alissia, un geste qui se voulait rassurant.

-Elle s'est endormie d'épuisement. Je ne sais plus quoi faire. Le pauvre Ander est allé travailler avec deux thermos de café pour espérer tenir la journée.

Maïa fit la grimace.

-Et toi, tes cours ? demanda Alissia.

-Comme d'habitude. Mais je ne suis pas venue te parler de ça. Je suis venue te parler de Juan.

Le visage d'Alissia s'illumina, comme si elle comprenait où elle voulait en venir.

-C'est lui, qui se dispute toujours avec sa copine, n'est-ce pas ? voulut savoir Maïa, et Alissia soupira.

-Je crois bien. Il m'a fait de la peine, tu sais. Je suis contente qu'il soit resté pour le dessert.

-On devrait refaire un truc ensemble, et l'inviter.

Alissia hocha la tête.

-Oui, mais... il faut aussi inviter sa copine. Ils vivent ensemble, on ne peut pas inviter l'un et pas l'autre.

Maïa réfléchit. Bien sûr, Alissia avait raison. Si Marco était invité et pas elle, elle le prendrait très mal.

-Attendons qu'ils se réconcilient ? suggéra Maïa. Je sais que tu la connais comme la femme qui crie sur lui, mais...

-On n'en sait rien, termina Alissia. Il faut être deux pour se disputer, au moins. Donc ne mettons pas tout sur le dos de cette pauvre femme.

-Et puis, s'ils restent ensemble, c'est qu'ils s'aiment malgré tout, ajouta Maïa, et Alissia hocha la tête.

-Tu as raison. Ander n'a pas de déplacement cette semaine, on peut organiser un truc ici, cette fois. Disons, mercredi soir ?

-Parfait. J'irai sonner chez Juan tout à l'heure. Je te rapporterai tes pépites de chocolat en même temps, tu les as oubliées, hier soir.

-Maïa ! Je t'ai déjà dit qu'elles étaient à toi, maintenant.

Évidemment, la principale concernée prétendit ne rien avoir entendu.

-Est-ce que tu as besoin d'aide pour un truc ? Linge, vaisselle ? Ménage ? proposa-t-elle à la place.

-Non, tu vas descendre chez toi et faire tes devoirs, Maïa. Alma va dormir un petit moment, j'espère. Je vais en profiter pour m'occuper de cette maison.

Les deux jeunes femmes se dirent au revoir, et Maïa descendit chez elle. Elle se prépara un chocolat chaud et commença à relire ses cours en attendant le retour de Marco. À dix-huit heures, celui-ci passa le pas de la porte, son habituel sourire aux lèvres.

-Bonjour, mon amoureuse, dit-il en la serrant dans ses bras. Tu as passé une bonne journée ?

-Moui, répondit-elle. Et toi ?

-C'était sympa.

-Ander et Alissia nous invitent mercredi soir. Et je dois aller sonner chez Juan et sa copine pour les inviter aussi.

Marco haussa un sourcil.

-Qu'est-ce que vous manigancez ?

-Rien ! s'exclama Maïa. On s'est fait des amis dans l'immeuble, c'est pas trop cool ?! S'il y a un nouveau confinement, un jour, on pourra continuer à se voir !

-Parle pas de malheur. Je veux bien t'accompagner pour aller sonner chez Juan. Tu veux y aller maintenant ?

Ni une ni deux, le couple prit la direction de l'ascenseur, joyeux. Une fois arrivés au quatrième étage, ce n'était pas la même ambiance : depuis le couloir, on pouvait entendre deux personnes se disputer.

-Je te demande juste de m'avancer, je vais te rembourser !

-J'ai dit non, Samantha.

-Mais t'es égoïste, ma parole !

-C'est toi, qui es égoïste ! Je travaille pour deux, je ramène le salaire pour deux, et tu crois que je vais t'avancer des centaines d'euros pour de la laine ?!

Il n'y avait aucun doute, la voix d'homme était celle de Juan. Maïa se sentit immédiatement brusquée par cette dispute, car elle faisait écho en elle. Visiblement, Juan était le seul du couple à travailler, et c'était grâce à cet argent qu'ils vivaient. C'était pareil pour Maïa et Marco. Et en entendant la colère qui émanait de la voix de Juan, Maïa se demanda si Marco se sentait pareil. Est-ce que c'était correct ? Elle avait un peu d'argent, mais cet argent servait la plupart du temps à offrir des cadeaux à Marco, ou à payer le restaurant ou les commandes de nourriture. Le reste, c'était lui qui payait.

-Viens, on s'en va, dit justement la voix de Marco en attrapant sa main pour l'emmener de nouveau dans l'ascenseur. Une fois la porte fermée, Maïa se tourna vers lui.

-Est-ce qu'un jour, on va devenir comme eux ?

pépites de chocolat » VERRATTI HERRERA BERNAT ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant