chapitre 6 : Juan & Samantha

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-T'es encore fâché ?

-Oui.

Samantha souffla.

-Je suis désolée.

-Je sais, tu l'as déjà dit quatre fois.

-Mais tu veux quoi de plus, Juan !

Il ne répondit pas.

-Je savais pas qu'il y allait avoir des embouteillages comme ça au retour !

-Ta copine avec qui tu as été faire ton shopping à l'autre bout du monde, elle pouvait pas te ramener ?

-Elle dormait chez son copain qui habite à cinq minutes du centre commercial. Et c'est pas à l'autre bout du monde ! T'es vraiment un parisien, toi, à croire que la banlieue est loin !

-Ça fait bientôt deux heures qu'on est coincés, Samantha. Je sors d'une journée de huit heures de cours.

-Je suis désolée ! Pour la sixième fois !

-Oui, eh bien c'est surtout la dernière fois que je me déplace pour te chercher. Passe ton permis et achète-toi une voiture.

-Avec quel argent ? rétorqua-t-elle.

-Ça t'inquiètes pas d'habitude.

-Super, donc tu vas encore me reprocher de ne pas avoir de job, c'est ça ?

-Oui ! Oui, Samantha, je vais encore te reprocher de ne pas avoir de job ! Tu ne cherches même pas !

-Tu ne te mets pas à ma place.

-C'est vrai, je ne me mets pas à ta place. Probablement parce que je dois tout payer avec mon salaire.

Samantha croisa les bras sur sa poitrine. Elle ne voulait plus discuter avec Juan. Elle jeta un œil par la fenêtre : ils étaient presque arrivés, heureusement.

Le reste du trajet se déroula dans le silence le plus total. Une fois la voiture garée, Juan et Samantha sortirent chacun de leur côté, toujours sans s'adresser un mot.

Ils rentrèrent à l'appartement, et le sachet de pépites de chocolat sauta aux yeux de Juan. Il n'avait toujours pas pris le temps d'aller les rendre à Marco. Il était presque vingt heures, et il pesa le pour et le contre. Il était peut-être un peu tard pour aller sonner chez des voisins, mais il y avait de fortes chances pour qu'ils soient là.

Ni une ni deux, Juan attrapa le paquet et lança à Samantha.

-Je vais rendre ça aux voisins.

Il ferma la porte derrière lui sans lui laisser le temps de répondre quoi que ce soit.

Il descendit jusqu'au deuxième étage à pied, et une fois devant l'appartement 202, il sonna immédiatement. La porte mit un peu de temps à s'ouvrir, et Marco apparut, un grand sourire aux lèvres.

-Salut !

-Bonsoir, désolé de te déranger, s'excusa immédiatement Juan.

-Tu déranges pas du tout ! Tu arrives pour le dessert ! Entre !

Juan sourit timidement avant d'obéir. Il n'avait pas l'habitude d'être accueilli comme ça. Ils avaient discuté cinq minutes à tout casser, et pourtant, Marco l'invitait déjà pour le dessert.

-Je ne crois pas que tu m'aies dit ton prénom ?

-Juan, dit-il, et Marco sourit. Ils entrèrent dans le salon, qui était plus rempli qu'il ne s'y attendait. Une femme était assise en bout de table, en train de donner le sein à un bébé. À côté, un homme que Juan avait déjà croisé dans l'ascenseur. Une autre jeune femme était assise de l'autre côté.

-Je vous présente Juan, annonça Marco comme s'ils se connaissaient depuis des années. C'est à lui que j'ai accidentellement rendu les pépites.

-Enchantés, s'exclamèrent-ils tous chacun leur tour.

-Désolée. Pour les pépites. Je pensais que... ma copine ne m'avait rien dit, et effectivement elle ne m'avait rien dit puisqu'elle n'avait rien à voir dans l'histoire, sourit-il, et la femme qui allaitait haussa les épaules.

-Pas de souci. Merci de les avoir ramenées. Maïa, elles sont à toi, dit-elle en regardant l'autre femme, qui secoua la tête d'un air de dire que la conversation avait déjà eu lieu et qu'elle était clôturée.

-Tu aurais dû venir avec elle ! s'exclama Marco, et Juan se sentit un peu gêné.

-On vient de se disputer, donc... c'était mieux que je vienne seul.

Les deux femmes échangèrent un regard que Juan ne réussit pas à traduire. Qu'est-ce qu'elles pouvaient bien se dire avec leurs yeux ? Elles soutenaient probablement Samantha, la solidarité féminine devait prôner dans toute situation.

-Copine ou pas copine, tu es le bienvenu, déclara l'homme dont Juan ignorait le prénom. Ander, enchanté. Je suis le compagnon d'Alissia, et le père d'Alma, que tu as très certainement déjà entendu hurler.

Juan sourit.

-Enchanté.

-Et moi, c'est Maïa, ajouta l'autre jeune femme. Marco est mon copain.

-C'est toi qui es ma copine, contra ce dernier, et elle secoua la tête.

-Définitivement pas.

Alissia se leva pour aller chercher le dessert, et elle fut applaudi par l'assemblée. Juan ne les connaissait pas, mais sans savoir expliquer pourquoi, il se sentait bien, ici. À sa place.

pépites de chocolat » VERRATTI HERRERA BERNAT ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant