chapitre 21 : Juan & Samantha

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Samantha n'aimait pas trop voir les choses en face.

C'était probablement pour ça--elle le réalisait maintenant, qu'elle avait mis autant de temps à réaliser que les choses n'allaient plus entre Juan et elle. C'était aussi certainement la raison pour laquelle elle était restée aussi longtemps au chômage.

Parce que chercher du travail voulait dire se confronter à ses compétences, à ses diplômes et ses qualités.

Elle ne voulait même pas y penser.

Sauf que Juan avait fini par la quitter. En partie pour ça. Et même si c'était une tête dure, elle avait bien dû se remettre en question. Peut-être bien, rien n'était sûre, mais peut-être bien que Juan avait raison : il fallait qu'elle trouve du travail.

Surtout maintenant qu'elle se retrouvait seule.

Alors elle avait pris les choses en main. Elle avait totalement refait son CV. Elle avait écrit des lettres de motivation. Elle avait passé des entretiens virtuels avec des questions préenregistrées.

Le 21 décembre, à 10 h 34, son téléphone se mit à vibrer longuement, indiquant un appel. Samantha ne reconnut par le numéro, et elle l'observa comme si lire les chiffres allait l'aider à savoir si elle devait répondre ou non. Bien que sceptique, elle décrocha.

-Allô ? demanda-t-elle, le doute audible dans sa voix.

-Bonjour, c'est bien Samantha De Lagt à l'appareil ?

-Oui, c'est moi, dit-elle, perplexe.

-Enchantée, je suis Willa Terence, responsable du magasin Pelotes et Noeuds. Vous avez répondu à notre annonce pour un poste 35 h de vendeuse en CDI, je vous appelle pour vous annoncer que votre candidature a été retenue. Je vous attends demain, à 10 h pour signer votre contact.

Samantha resta muette quelques secondes, le temps d’accuser le coup. Elle finit par balbutier :

-Oui, c’est noté, demain à 10 h.

-Parfait. On se voit demain, alors. Passez une bonne journée !

-Vous également, dit-elle avant d’entendre le bruit signifiant que l’appel était terminé. Elle regarda son téléphone, et le posa sur le lavabo de la salle de bains avant de s’asseoir par terre. Elle n’arrivait pas y croire, elle n’arrivait pas à croire qu’elle venait d’obtenir un poste comme celui-ci. Un poste qui allait lui plaire. Elle allait vendre de la laine, des aiguilles, des crochets, des boutons. Elle allait travailler dans son univers.

-Samantha, je vais acheter un litre de lait, tu as besoin de quel… tout va bien ?

Juan s’approcha d’elle et s’agenouilla pour toucher son front.

-Ta main n’est pas un thermomètre, Juan, dit-elle, et ça va, J’ai eu besoin de m’asseoir pour encaisser le choc.

-Le choc de quoi ? demanda Juan, s’asseyant en face de Samantha, qui sourit.

-J’ai trouvé un job. Un vrai job. De 35 h.

-Quoi ?! s’exclama Juan, et juste avec ce mot, Samantha put entendre à quel point sa surprise était positive. Il n’était pas étonné qu’elle ait réussi à trouver un job. Il était heureux.

Elle hocha vivement la tête, et il la serra dans ses bras comme il pouvait.

-Félicitations ! C’est super, Samantha, vraiment. Où ça ?

-Chez Pelotes et Noeuds.

-La boutique de laine du centre commercial ?

Samantha acquiesça.

-Je crois pas que tu aurais pu trouver mieux, remarqua Juan, et elle rit. Je te laisse te doucher. Tu n’as besoin de rien, au supermarché ? On pourrait fêter ça ce soir. On peut inviter Marco, Maïa, Ander et Alissia ?

Samantha se mit immédiatement à sourire.

-Ça me ferait très plaisir.

-Je vais acheter ce qu’il faut, et je passe leur demander en revenant.

Samantha pleura sous la douche. De joie, mais aussi de tristesse. Elle était heureuse d’avoir enfin trouvé un travail, elle était heureuse que ce soit dans ce domaine qu’elle affectionnait tout particulièrement. Elle était triste de réaliser qu’entre Juan et elle, c’était complètement terminé. Elle était triste de réaliser qu’il lui avait fallu tout ça pour qu’elle se reprenne enfin. Elle était toujours amoureuse de lui, et ça aussi, ça la rendait triste.

En sortant, elle décida de se concentrer sur le présent. Pas sur le futur, qui serait sans Juan, ni sur le passé, où elle avait fait de nombreuses erreurs.

Quand Juan revint, elle avait de nouveau le sourire aux lèvres. C’était une bonne journée.

pépites de chocolat » VERRATTI HERRERA BERNAT ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant