chapitre 11 : Alissia & Ander

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Personne n'avait le moral pour envisager de cuisiner quoi que ce soit, alors Juan proposa de commander des pizzas. Ils sortirent de la chambre et s'installèrent au salon, comme des zombies se déplaçant d'une pièce à une autre. Alma s'était endormie, Ander et Alissia allèrent tous les deux la coucher.

-On va trouver autre chose, chat, assura Ander une fois la petite installée dans son lit bébé.

Alissia secoua vaguement la tête.

-C'est juste... pas le moment. Pas du tout. Nous avons Alma maintenant, et je suis en formation, et...

-Je sais. Mais je ne veux pas que tu te tiennes responsable de ce qui se passe.

-On aurait pu acheter si j'avais un salaire.

-Oui, peut-être, Ander haussa les épaules. Mais moi, j'ai pas envie d'acheter cet appartement avec toi. Je préfère attendre quelques années, et acheter une petite maison. Avec un jardin pour faire un potager, et pour mettre une balançoire pour Alma.

Alissia hocha la tête avant de sourire.

-T'as raison. Ça me semble mieux.

Quand ils retournèrent au salon, Marco et Juan étaient en train de déposer les pizzas sur la table, et Maïa et Samantha disposaient les assiettes en carton.

-On a tout préparé ! s'exclama Maïa en les voyant revenir.

-Merci beaucoup, sourit Ander, et Alissia se rendit compte à quel point ils avaient de la chance de s'être tous rencontrés. Ça ne faisait pas longtemps qu'ils se connaissaient, mais Alissia les trouvait unis. Ce soir, personne n'était au meilleur de sa forme après la nouvelle reçue dans les boîtes aux lettres. Juan et Samantha vivaient en plus une rupture, et Alissia savait que ça compliquerait la situation pour les deux concernés.

Tout le monde s'installa autour de la table et commença à manger. Silencieusement, au début, car ils étaient tous plongés dans leur pensée. Puis Alissia se souvint qu'ils étaient tous là de par son fait. Grâce à elle ou à cause d'elle, elle ne pouvait pas encore trancher. Dans tous les cas, ils pouvaient rendre ce moment utile, en exprimant tout ce qui les rongeait depuis qu'ils avaient ouvert leur courrier.

-Alors ? Qu'est-ce que vous allez faire ? demanda Alissia en regardant les visages de ses invités un par un.

Marco fut le premier à répondre.

-Avec Maïa, on va refaire une demande de logement social.

-En espérant qu'on ait quelque chose avant notre retraite, ajouta celle-ci d'un air ironique, mais tout le monde savait très bien qu'il y avait tout de même une inquiétude derrière cette remarque.

Marco posa sa main sur celle de Maïa d'un geste réconfortant. Ils échangèrent un sourire, ce qui fit sourire Alissia.

Elle posa ensuite ses yeux sur Juan, puis sur Samantha.

-Je vais peut-être l'acheter, répondit-il, et Samantha haussa les épaules.

Alissia acquiesça d'un signe de tête. Elle n'osa pas répéter la question pour Samantha, mais celle-ci dit :

-Je vais aller chez ma grand-mère.

Tout le monde hocha la tête, sauf Juan, qui haussa les sourcils. Visiblement, le sujet n'avait pas encore été abordé entre eux.

-Chez Jeanne ? répéta Juan, et Samantha haussa de nouveau les épaules. Sérieusement ?

-Où d'autre, Juan ?

-Tu peux rester jusqu'à la vente des appartements, je te l'ai dit.

-Ça ne change rien au fait que je n'ai pas de boulot, rétorqua-t-elle.

Alissia et Ander se lancèrent un regard. Il valait peut-être mieux leur éviter de laver leur linge sale en public.

-Est-ce que quelqu'un voudrait une autre part ?

-Moi, répondit immédiatement Maïa, alors que c'était le plus petit estomac de la pièce. Margarita, s'il te plaît, Ander.

-Moi aussi, une quatre fromages, demanda Marco.

Le reste de la soirée se déroula sans disputes. Après le dessert--des yaourts--, Samantha et Juan trouvèrent une excuse pour partir, et les deux couples firent comme s'ils n'avaient pas remarqué, leur disant simplement au revoir et à bientôt. Alissia n'était pas certaine de revoir Samantha, au vu des nombreux litiges que Juan et elle semblaient avoir, mais elle fit comme si elle n'y avait même pas pensé.

Maïa et Marco restèrent boire un café avant de rentrer aussi, laissant Alissia et Ander seuls, pour la première fois depuis la crise de larmes de la première.

Ils n'échangèrent aucun mot. Ils s'installèrent sur le canapé, côte à côte, et collèrent leurs têtes.

Alissia s'inquiétait toujours. Elle ne savait pas de quoi serait fait la suite, et elle n'aimait pas ça. Mais elle savait une chose : elle n'était pas seule. Ander était là. Alma était là. Ses nouveaux amis-voisins aussi, même s'ils avaient leur propre projet à mettre en place. Ils restaient un soutien sur lequel elle pouvait s'appuyer, ils lui avaient prouvé ce soir.

Alissia était prête pour ce qui l'attendait, peu importe de quoi il s'agissait.

pépites de chocolat » VERRATTI HERRERA BERNAT ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant