chapitre 12 : Juan & Samantha

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L'ambiance était régulièrement tendue entre Juan et Samantha. Lui n'aimait pas les disputes et préférait se poser, réfléchir, et aviser ensuite. Elle aimait les affronts, dire ce qu'elle avait sur le cœur sur le moment.

Cela menait toujours à des situations difficiles. Il y en avait toujours un pour qui ça n'allait pas dans son sens, et pour cette personne, c'était frustrant.

C'était Juan qui avait pris la décision de mettre fin à leur histoire. Ce n'était pas une décision facile, et il avait beaucoup réfléchi avant d'en faire part à Samantha.

Il lui avait expliqué ses raisons, bien sûr, et ils en avaient parlé. Il avait senti qu'elle était sur la défensive, et qu'en réalité, elle allait avoir besoin de temps pour accepter la situation. Juan savait qu'elle comprendrait un jour, mais pas maintenant. Elle était trop jeune, trop entêtée, elle ne pouvait pas accepter d'avoir tort.

Elle l'avait coupé plusieurs fois durant ses explications, mais ça n'avait pas dérangé Juan. La rupture était aussi l'occasion de s'expliquer, même si en l'occurrence, Samantha avait du mal à être objective.

-Mais Juan, tu ne veux pas d'enfant maintenant, mais tu n'as que vingt-huit ans. Ça va peut-être changer.

Juan haussa les épaules.

-Tu sais quoi ? Je ne peux pas te contredire là-dessus. Peut-être bien qu'un jour, je changerai d'avis. Mais quand, Samantha ? Toi, tu veux des enfants maintenant. Et tu ne peux pas rester avec moi en espérant que je change d'avis bientôt. Et si je change d'avis dans cinq ans ? Et si je ne change pas d'avis ? Tu m'en voudras.

Samantha n'avait rien trouvé à redire à cela.

-J'imagine qu'il y a aussi le fait que je n'ai pas de job, dit-elle d'un ton de reproche, et Juan hocha honnêtement la tête.

-Tu ne cherches pas. Ni boulot, ni formation. Et tu me demandes régulièrement de l'argent.

-Pas régulièrement. C'est rare.

-Très bien, concéda-t-il, pour quoi est-ce que c'était ?

Samantha sembla réfléchir, mais Juan savait qu'elle ne trouverait rien en mémoire pour justifier ses actes.

-Le jour où c'était pour le shopping, je t'ai acheté un Starbucks avant de rentrer, lui rappela-t-elle comme si ça allait retourner la situation.

Juan se souvint en effet qu'elle était tout heureuse de revenir avec ses deux mugs Starbucks, et il savait que ça partait d'une bonne intention. C'est pourquoi il n'osa pas lui dire qu'il aurait en réalité préféré qu'elle s'en passe, étant donné les tarifs.

Il avait ensuite mentionné le fait qu'il était fatigué de devoir passer après elle pour ranger, par exemple, et qu'étant donné qu'elle était à l'appartement toute la journée, qu'il trouvait ça un peu fort de café de devoir s'occuper de la vaisselle et du linge quand il rentrait.

Samantha rétorqua qu'elle était pour l'égalité des sexes, et Juan lui répondit que pour qu'il y ait égalité des sexes, il fallait qu'ils fassent autant de tâches l'un que l'autre, et pas que Juan fasse tout.

Elle se retrouva à court d'argument. La conversation s'était terminée comme ça, et la suivante avait eu pour sujet la fameuse lettre.

En remontant de chez Alissia et Ander, Juan repensa à cette lettre et à ce qu'elle signifiait.

-Tu vas vraiment aller chez Jeanne ?

Samantha sembla surprise qu'il lui adresse la parole.

-Oui.

-Enfin, Samantha, on est en décembre, et on a jusqu'à mars, peut-être même jusqu'en avril. Tu penses pas que tu pourrais remédier à ta situation ?

-Qu'est-ce que ça peut bien te faire, de toute façon ? Toi, tu seras proprio.

Juan soupira.

-Je sais que je t'ai quitté, mais ça ne veut pas dire que je veux le pire pour toi.

Samantha ne répondit rien. Juan savait que c'était difficile pour elle. Être avec lui avait été une sorte de cocon. Elle n'avait plus à se préoccuper de rien, hormis ses petits intérêts comme ses amies ou le tricot. Maintenant, il fallait qu'elle prenne conscience et qu'elle accepte qu'elle ne pût compter que sur elle-même pour avoir une vie stable. Juan trouvait que c'était une leçon de vie importante, et il savait que dans quelques années, si elle se souvenait de lui, ce serait pour ça.

Mais avant d'en arriver là, il leur restait quelques mois de cohabitation. Juan savait que c'était quitte ou double : soit grâce à ces longues semaines jusqu'au printemps, les tensions s'atténuaient et ils se quittaient en bons termes, soit ils continuaient lors de leurs années en couple, et se quittaient sur un mauvais sentiment.

Il espérait qu'il avait pris la bonne décision en la laissant rester encore un peu. Il espérait qu'elle ne voyait pas ça comme une potentielle fenêtre de remise en couple. Et avant tout, il espérait qu'elle se construise un futur un peu plus solide que celui qu'elle envisageait à ce moment-là.

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un petit chapitre chez notre (ex) couple houleux 😭

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