chapitre 8 : Ander & Alissia

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Le mercredi soir, tout était prêt. La table était mise, Alma avait pris son bain, et pour la première fois depuis longtemps, Alissia et Ander étaient détendus.

Alissia posa un dernier regard sur ses croissants.

-Arrête de les regarder comme ça, je suis sûr qu'ils sont réussis, sourit Ander en serrant Alissia contre lui.

-C'est la première fois que je fais des croissants aux amandes.

-Je sais. Mais tes croissants basiques et tes croissants au chocolat sont incroyables. Je ne vois pas pourquoi ceux-là seraient ratés. Et si c'est le cas, ce n'est pas un échec, au contraire, tu auras cinq bouches pour te donner des conseils d'amélioration.

-Je t'aime très fort, tu sais ?

-Je sais. Moi aussi, je t'aime très fort.

La sonnette retentit, et Marco et Maïa furent invités à entrer. Les deux hommes commencèrent immédiatement à discuter de la météo, ce qui allait bien à Alissia. Elle n'avait pas revu Maïa depuis leur discussion sur Juan et sa copine, elle lui avait simplement envoyé un message pour lui dire qu'ils seraient là ce soir. Visiblement, elle avait oublié de préciser qu'elle avait le moral dans les chaussettes.

-Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda Alissia immédiatement, et Maïa haussa les épaules.

-Je sais que ça ne se demande pas, dit-elle au bout de presque une minute de réflexion, mais quel âge tu as ?

-J'ai 26 ans, pourquoi ?

Maïa acquiesça d'un signe de tête.

-Je sais pas, je... je travaille pas. Et Marco oui. Et j'ai pas envie d'être... un fardeau pour lui. Il est obligé de tout payer, tu comprends ?

Alissia sourit. Elle comprenait très bien.

-Bien sûr. Tu sais, j'ai commencé à travailler à dix-huit ans. J'ai fait plein de petits boulots pour avoir un salaire, en attendant de trouver ce que je voulais vraiment faire de ma vie. L'année dernière, j'ai travaillé à la caisse d'une boulangerie, et c'est là que j'ai compris ce qui me plaisait. Alors j'ai arrêté de travailler. Pôle emploi me paie ma formation, et je touche un peu de chômage, mais rien d'extraordinaire. Je me sens coupable, parfois. Surtout qu'on a un bébé, et je ne t'apprends rien, mais un bébé, ça coûte cher.

Maïa hocha la tête, comme si elle n'avait pas pris ce paramètre en compte.

-Mais ça ne va pas rester comme ça. Ni pour Ander et moi, ni pour Marco et toi. Une fois tes études terminées, tu auras un salaire, toi aussi. Une fois ma formation terminée, j'aurai un salaire. Et tout rentrera dans l'ordre.

-Tu as raison.

-Pourquoi tu penses à ça ? Marco a fait une remarque ? demanda Alissia, pas convaincu par son hypothèse.

Elle ne l'avait côtoyé qu'une soirée, mais Marco avait l'air plus que bienveillant. Il leur avait dit qu'il était professeur des écoles, et ça se sentait. Il n'avait pas eu un mot plus haut que l'autre durant toute la soirée. Et sa relation avec Maïa semblait être très saine.

-Non, je...

Maïa regarda autour d'elle. Ander et Marco étaient assez loin, avec Alma.

-Quand j'ai voulu sonner chez Juan, lundi, lui et sa copine étaient en pleine dispute à propos de ça. Visiblement, elle non plus ne travaille pas, et il ne voulait pas lui avancer d'argent pour de la laine.

Alissia haussa un sourcil.

-Pour de la laine, répéta-t-elle, avant de secouer la tête. Et Marco a dit quelque chose ? Il était avec toi ?

-Oui. Il a dit qu'on ne serait jamais comme ça. Qu'il lèvera jamais la voix sur moi.

-Tu le crois ?

-Bien sûr que je le crois. Je sais qu'il est amoureux de moi, et tout ça. Mais peut-être qu'au fond, ça l'embête, de devoir tout payer, et qu'il n'ose pas le dire.

La conversation fut interrompue par la sonnette. Ander et Marco allèrent ouvrir, et les deux femmes échangèrent un regard signifiant qu'il était temps de changer de sujet.

-Bonsoir ! s'exclama une voix féminine en entrant dans le salon, et Alissia s'approcha immédiatement pour les accueillir en bonne maîtresse de maison.

Tout le monde se présenta rapidement, en énonçant son prénom. Alissia apprit donc que la femme s'appelait Samantha. Elle avait les cheveux noirs très foncés et très longs, ce qui, sans qu'elle sache pourquoi, lui apparut comme un signe qui prouvait à quel point Maïa et elles étaient différentes d'elle. Elle regarda le carré court châtain de Maïa, et elle toucha sa tresse blonde.

-On passe à table ? proposa Ander, et tout le monde acquiesça joyeusement.

Alissia ne voulait qu'une chose : que la soirée se passe bien. Que Samantha lui prouve qu'elle avait tort sur elle, que ses soupçons sur la personne qu'elle était étaient infondés et n'avaient pas lieu d'être. Que Juan lui montre la même chose.

Elle voulait passer une bonne soirée.

pépites de chocolat » VERRATTI HERRERA BERNAT ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant