chapitre 18 : Juan & Samantha

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Le dimanche matin, Juan travaillait un peu. Il se levait toujours avant Samantha, et elle le retrouvait dans la cuisine, en train de boire un café, ses copies devant lui.

Ce dimanche-là ne dérogeait pas à la règle.

-Samantha ? demanda-t-il en entendant des pas qui se rapprochaient de la cuisine.

Quand elle entra, un sourire aux lèvres, il continua :

-Tu es déjà réveillée ?

-On part d'ici à dix heures, habille-toi chaudement, déclara-t-elle avant de quitter la pièce.

Juan resta perplexe devant sa tasse. Ils partaient ? Partir pour aller où ? Et comment ?

Quand il retourna dans le salon, Samantha avait disparu. Il soupira et décida de se préparer, sans connaître les réponses à ses questions.

À midi, il était prêt. Il enfila ses chaussures, et la porte d'entrée s'ouvrit sur Samantha. Juan la trouva joyeuse, plus que ces derniers mois. Il se demandait ce qu'elle mijotait. Pour le moment, il était incapable de décider s'il était impatient ou non, heureux ou non. Curieux, il l'était. Il avait hâte d'en savoir plus.

-Tu as pris tes gants ?

Juan acquiesça, et ils quittèrent l'appartement.

-On a besoin de la voiture ? demanda-t-il, réalisant qu'il n'avait pas pris ses clefs.

-Non, juste du tram.

Samantha sortit deux tickets de sa poche, et en posa un dans la main de Juan.

Ils se dirigèrent vers l'arrêt le plus proche, et montèrent dans le tram qui était sur le quai. Ils trouvèrent deux places assises côte à côte. Juan essaya de deviner où ils allaient en regardant les arrêts, sans succès.

-On descend au prochain, annonça finalement Samantha, et Juan acquiesça. Cette sortie était beaucoup trop mystérieuse pour lui.

Il suivit les pas de Samantha comme s'il venait d'arriver dans une ville qu'il ne connaissait pas.

-On y est ! s'exclama-t-elle, un grand sourire aux lèvres, et Juan fut surpris de découvrir une patinoire devant eux.

-On va en faire ? demanda Juan comme si la réponse n'était pas évidente, et Samantha haussa un sourcil.

-Ben, bien sûr que oui, on n'est pas venus jusqu'ici pour regarder les autres !

-Je n'en ai jamais fait, avoua-t-il, et les yeux de Samantha se mirent à briller encore plus fort.

-Super !

Juan ne voyait pas ce qu'il y avait de "super" là-dedans, parce qu'à son avis, il allait être un fardeau sur la glace pour la pauvre Samantha.

-Comment ça se fait que tu n'as jamais patiné ?

Il haussa les épaules.

-Mes parents ne m'ont jamais amené à la patinoire. Et une fois que j'avais l'âge d'y aller avec mes amis, je n'assumais pas vraiment de ne pas savoir en faire.

Samantha acquiesça.

-Je comprends. Tu vas voir, faut juste prendre le coup de main.

Ils se dirigèrent vers le chalet qui délivrait les patins, et les enfilèrent avant de mettre leurs gants.

-Pour l'instant, on va juste se déplacer en se tenant les deux mains. Je vais me mettre à l'envers, décida-t-elle d'un ton professionnel, et Juan s'exécuta.

Ils firent deux tours sans embûche, ce qui ravit encore plus Samantha–si cela était possible.

-C'est génial !

-Oui, enfin, si tu me lâches, je rencontre le sol, rit-il.

C'est donc comme ça qu'ils passèrent leur matinée : à faire des tours, Juan ayant l'air paniqué, Samantha ayant l'air heureuse. Quand ils décidèrent de s'arrêter pour aller manger, Juan ne savait plus mettre un pied devant l'autre.

-Mais tu n'as jamais fait de roller non plus ? De ski ? De skate ? se moqua Samantha, et Juan haussa les épaules.

-Du roller, mais j'étais enfant, j'ai oublié la sensation !

Ils se dirigèrent d'un commun accord vers le stand de nourriture, où ils achetèrent chacun un panini avec des frites, et ils s'installèrent sur une des tables pour dévorer tout ça.

-Alors ? Tu en as pensé quoi ? demanda Samantha, toujours le même sourire aux lèvres.

-J'ai bien aimé. Par contre, je manque d'entraînement.

Samantha haussa les épaules.

-Celle-là, c'est une patinoire éphémère, mais je suis sûre que tu trouveras l'occasion d'en refaire.

Juan fut surpris de n'entendre aucune tristesse dans cette phrase. C'était juste un fait. Samantha était consciente que si l'envie de revenir dans une patinoire prenait à Juan, ce serait sans elle.

-Je suis contente de t'avoir fait découvrir ça, dit Samantha, et Juan comprit à ce moment-là pourquoi elle avait été aussi heureuse. C'était la première fois que Samantha faisait découvrir quelque chose à Juan.

Depuis qu'il l'avait quitté, Juan pensait sans cesse au fait qu'un jour, Samantha lui serait reconnaissante. À tel point qu'il avait oublié que le contraire était vrai aussi. Lui aussi, il allait repenser à des moments, des activités, des conversations qu'ils avaient faits et eus ensemble, des connaissances qu'elle lui avait données, des choses qu'ils avaient appris au contact l'un de l'autre, tout simplement.

Cette journée, et cette réalisation le rendait heureux, lui aussi.

C'était une jolie manière de terminer l'histoire.

pépites de chocolat » VERRATTI HERRERA BERNAT ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant