N°13 Ni vu ni connu

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Izuku avait commencé une discussion autour du monde des héros avec son mentor et Elisabeth ne s'en souciait pas vraiment. Sauf quand il lui demandait son avis sur son costume.

-Ce que tu devrais demander pour ton costume? Je sais pas moi, c'est pas vraiment mon truc les héros...

-T'as vraiment pas d'idée, je sais pas quoi faire comme dessin. La blanche réfléchit quelques secondes puis souffla.

-Généralement les héros font leur costume en fonction de deux choses. La première, leur alter! Elle leva un doigt en accompagnant ses paroles. S'il a certaines spécificités ils s'inspirent de celui-ci, regarde Midnight, son costume correspond au personnage qu'elle s'est construit et à son alter qui fonctionne que si elle dévoile sa peau. Le deuxième critère c'est leur personnalité ou ce qu'il aime, certains font des référence à leur idole, d'autres en fonction de quel héros ils veulent devenir. Si quelqu'un préfère travailler de nuit ou même être discret il s'habille en noir, c'est simple mais efficace. Les deux lui lancèrent un regard surpris, c'est l'adulte du groupe qui brisa le silence qu'elle avait engendré.

-Tu t'y connais vachement bien pour quelqu'un qui n'aime pas les héros. Elle se tassa un peu sur sa chaise.

-Faut bien rester informer sur notre société, y'a des héros à chaque coin de rue.

Elisabeth resta en retrait à la suite de la discussion qui ne la passionnait pas forcément. Pour faire passer le temps, elle observa le petit resto dans lequel ils se trouvaient, il faisait pâle figure face à celui de monsieur Mitsumasa. L'ambiance était conviviale, des personnes rigolaient au comptoir, un groupe d'amis était en train de passer un bon moment, il n'y avait qu'une seule personne solitaire cachée derrière son journal.

La télé diffusait une émission en direct, une attaque avait eu lieu en ville impliquant de nombreux civils et héros. Un en particulier interpella l'attention de la jeune femme. Il n'y avait pas eu beaucoup de blessés civils grâce à l'intervention d'une héroïne qui avait été blessée et envoyée à l'hôpital des héros. Les médias avaient l'habitude d'amplifier les faits mais voir que l'héroïne en question était filmée en sang laissait peu de doute. Elle sortit de ses pensées à cause de Toshinori.

-C'est ton portable? Elle cligna des yeux quelques fois et tourna son regard vers son téléphone qui sonnait.

-J-je... oui c'est le mien. Elle regarda le numéro affiché et décrocha. Allo?

-Oh bonjour, je suis désolé je ne sais pas vraiment à qui je parle, vous êtes bien de la famille d'Irina Rapovsky?

-Pourquoi? Sa voix n'était pas plus forte qu'un souffle.

-Oh! Em et bien... Vous faites partie des contacts en cas d'urgence et les autres numéros n'ont pas répondu. Je pensais que vous vouliez être informé qu'elle est rentrée au bloc opératoire à l'instant. Il sembla comprendre l'impact que pouvait avoir ses paroles, il s'empressa d'ajouter. Ce n'est pas grave ne vous inquiétez pas, elle va ressortir dans quelques heures en pleine forme. Vous voulez que je vous marque sur sa fiche de visite, vous n'aurez pas le droit de venir le voir sinon.

-Non c'est bon merci. Elle se racla la gorge. À vrai dire, j'aimerai être enlevé de ses contacts.

-Vous êtes sûr? Si jamais il se passe quelque chose de grave vous ne serez pas tenu au courant.

-Ce n'est pas grave... Je vous souhaite une bonne journée.

-Attendez je... Elle raccrocha avant qu'il n'ait fini. Elle s'affala sur sa chaise et se passa une main sur le visage.

-Qui c'était? Elle releva la tête comme si elle prenait conscience de ne pas être seule et lui offrit un beau sourire.

-De la pub, rien de très grave. Les deux hommes n'étaient pas dupe mais n'insistèrent pas plus.

L'après midi passa rapidement en bonne compagnie, Toshinori avait montré aux deux plus jeunes les coins inconnus de la ville. Izuku n'arrêtait pas de prendre des notes sur chaque héros qui passait. Toshinori partit en premier prétextant avoir une urgence après avoir reçu un coup de fil. Le vert raccompagna son amie jusque devant sa porte, ils se séparèrent après un moment quelque peu gênant.

Lorsque Elisabeth se retrouva seule dans son salon elle ne sut quoi faire. Ses chats demandaient des caresses à ses pieds, il était 18h, ils avaient faim... Elle leur servit leur repas et reprit le chemin vers l'extérieur. Elle ne prit conscience de la direction que prenait son corps que quand elle se retrouvait devant l'hôpital des héros. Elle devait bien aller la voir à un moment...

Du coin de l'œil elle vit le bâtiment de maintenance, elle ne voulait pas que son nom soit sur les papiers associé à une héroïne. Elle pénétra dans le bâtiment vide et prit une veste et une casquette dédiées aux agents de ménage. Ils n'avaient pas le droit d'accéder aux étages réservés aux héros les plus connus, bien sûr c'est là ou elle devait se rendre... Elle allait devoir rusé. Elle enfila la veste et enfonça la casquette sur sa tête, espérons que ça marche...

Elle pénétra dans ce lieu d'un blanc immaculé, les ascenseurs étaient sur sa droite et l'accueil à gauche. Pour monter il fallait une carte, elle essaya de repérer les escaliers, ils étaient au bout d'un couloir. Les médecins traversaient le hall fréquemment et ils avaient tous leur badge accroché à leurs blouses. Elle s'avança prudemment et se fit heurter par quelqu'un.

-Je-je suis désolé. Elle bredouilla des excuses. Je suis nouvelle ici!

-Y a pas de mal mademoiselle. L'homme qui l'avait bousculé la regarda de plus près. Vous êtes bien jeune pour travailler ici.

-Oh! et bien je voudrais offrir un cadeau à mon père pour son anniversaire alors je travaille un peu. Elle se gratta la nuque et il se mit à rire devant la gêne apparente de son interlocutrice.

-Je vois. Il lui tapa amicalement sur la tête. Travail bien dans ce cas. Il s'en alla sur ces mots.

Elisabeth ne perdit pas une seconde de plus et se dirigea vers les escaliers, grandir dans les bas fond permet de développer certaines aptitudes pratiques, comme savoir faire les poches sans se faire repérer. Elle monta quatre à quatre les marches, à un étage un chariot à linge sale était en stationnement, elle retira ses vêtements en plus et continua son ascension.

Elle supposait que la personne qu'elle cherchait se trouvait au dernier étage, il suffisait juste de trouver la chambre après. Elle déboucha dans le couloir, la seule personne présente était un infirmier.

-Euh excusez moi. Elle se posta en face de lui.

-Oui que puis-je faire pour vous aider?

-J'ai trouvé ça par terre et je me suis dit que quelqu'un pouvait le chercher. Elle lui tendit le badge volé avant.

-Merci petite, en effet c'est important. Maintenant si tu veux bien m'excuser.

Elle reprit sa marche avec plus de lenteur que précédemment, au détours d'un couloir elle entendit une discussion avec deux voies qu'elle connaissait et resta cachée derrière le mur pour ne pas se faire repérer. Pour l'instant personne ne l'avait démasquée mais il ne fallait pas relâcher les efforts.

Elle attendit quelques minutes que la discussion se termine et pria pour que personne ne passe par ce couloir. Il semblerait que ses vœux soient exaucées car elle entendit des pas s'éloigner. Elle souffla un bon coup et avança jusqu'à la porte, pas de nom était inscrit mais elle était sûre d'être au bon endroit. Ses mains étaient moites et des bouffées de chaleur venaient assaillir son corps mais elle ne se démonta pas. La scène lui rappela les derniers jours de son père, un parallèle peu réjouissant qui lui donnait encore moins envie de rentrer.

Elle souffla un bon coup pour se donner le courage qui lui manquait cruellement et toqua. Elle n'attendit pas la réponse et rentra.

****

Une fin de chapitre qui laisse en haleine.

AntihérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant