Chapitre 8

1.6K 194 37
                                    

Agir comme un couple ? Participer avec lui au Jeu des Roses ? Et puis quoi encore ! Cet homme n'a rien compris. S'il croit que je vais rester les bras croisés à rester gentiment avec lui, il se met le doigt dans l'œil. Il n'a pas compris qui j'étais et ce que j'allais lui voler. Je vais lui arracher sa vie sans vergogne, je vais le regarder mourir lentement alors que je lui trancherai la gorge en me délectant des moindres gouttes de sang qui s'échapperont de ses veines.

— Mademoiselle, puis-je au moins vous...

Je me retourne et foudroie du regard la domestique qui ouvre la porte de la salle de bains. Hésitante, elle me dévisage alors que je suis nue devant elle et je lui crache presque au visage :

— Déguerpis d'ici, je n'ai pas besoin de toi !

Alors, bon. Je suis méchante et sans doute un peu violente puisqu'elle prend ses jambes à son cou en laissant la porte ouverte mais je suis énervée. J'ai les poumons gonflés à bloc lorsque je sors de la baignoire pour me sécher. J'ai des envies de meurtres qui ne passent pas et c'est dérangeant. De plus, tous les objets coupants ont été retirés de cette vulgaire salle de bains. Pas de rasoirs, pas de lames. Juste un peignoir blanc en guise de vêtements et je me retiens de sortir de la pièce pour étrangler la domestique qui m'a repris ma robe.

Le bain a été d'une grande aide psychologique afin de récupérer ma santé mentale et au fur et à mesure que l'eau se noircissait et que ma peau retrouvait de son éclat, j'ai éprouvé une grande satisfaction. J'ai eu l'impression de renaître un court instant alors que je me savonnais le corps et que l'effluve du parfum arrivait jusqu'à mes narines. J'ai plongé un court instant la tête dans la baignoire et j'ai apprécié le silence qui m'entourait. Je me suis concentrée sur mes objectifs : tuer le roi et tuer le roi avec lenteur. Je vais le découper en petits morceaux.

Et alors que j'observe mon reflet dans le miroir, je grimace. Mes joues sont creusées à cause du manque de nourriture, mes clavicules plus prononcées. Je passe les doigts sur ma peau nue, immaculée d'imperfections. La seule partie de mon corps qui est soumise aux défauts, c'est mon visage avec ses taches de rousseurs. Mes joues sont rosies, ma peau rougie par la vapeur de l'eau brûlante et j'observe les proportions de ma silhouette dans les moindres détails. J'ai perdu des seins. C'est pas croyable ! Ma taille est plus marquée, mes hanches plus prononcées.

Je n'ai jamais accordé de réelle importance à l'état de mon corps mais lorsque j'étais plus jeune, avant de me lancer dans une carrière de tueuse en série, j'ai longtemps complexé sur la forme qu'il prenait, le fait que mes seins ne soient pas symétriques, mes fesses trop rebondies, mes bras trop graisseux. Et puis, finalement, qu'est-ce qu'on s'en fiche ! Par le passé, j'ai dû me déguiser de nombreuses fois en homme. Avec le temps, mon physique est devenu de moins en moins important. De plus en plus inutile. Excepté pour séduire les vieux croûtons de la ville afin d'obtenir ce que je voulais d'eux.

On tambourine à la porte. Trois gros coups frappés me font sursauter.

— Ouvrez la porte.

Cette voix, je la reconnais. C'est le capitaine. Je pousse un soupir en enfilant mon peignoir avant de lui ouvrir la pote d'un geste désinvolte. Mon regard croise le sien ambré et je réplique :

— Un baiser ne vous a pas suffit ? Vous voulez en plus de ça, me voir nue ?

Je le vois grimacer comme si l'idée ne le réjouissait pas. Je le dévisage. Il porte toujours son uniforme débile qui lui moule le torse. Il doit sûrement avoir une dizaine d'années de plus que moi puisque des rides se forment aux creux de ses yeux. Quand on a vingt ans, on n'a pas de rides. Conclusion : il est vieux. Les cheveux coupés ras, il est séduisant mais loin d'être le type d'hommes que je fréquente. Plus charnels, plus séduisants et surtouts plus masculins que lui. Il a l'air d'une mouche effrayé avec son nez en trompette.

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant