Après être rentrée dans la suite royale, j'ai tourné en rond pendant un certain temps. Aucun signe de Torin. Les heures se sont écoulées et Erkel n'est toujours pas rentrée. Lorsque la nuit s'est faite haute dans le ciel et que mes espoirs ont été anéantis, j'ai décidé de sortir m'aérer l'esprit. Me voilà donc à présent sur le balcon, un tout nouveau plan en tête.
Au loin, j'aperçois la ville animée. Les lampadaires illuminent les rues aux couleurs de Galeïon. J'imagine les gens s'amuser et festoyer, rire entre eux et être heureux. Je pourrais l'être aussi. Je n'ai qu'à m'extirper de cette maudite chambre. Mais si Erkel s'en aperçoit, il va me tuer. Me séquestrer les prochains jours dans ma chambre, voire m'enfermer et cette idée me rebute. Mais je ne peux pas rester enfermée ici. J'ai besoin de sortir, de voir d'autres choses que les quatre murs de cette pièce.
Alors sans trop penser, je retourne dans la chambre, fouille ses affaires. Je ne sais pas ce que je cherche mais mes mains finissent par effleurer une lame. Un poignard. Bingo ! Torin était donc parti chercher des armes, je le savais !
Je m'empresse de le cacher dans un pan de ma robe avant de ressortir sur le balcon. Sans réfléchir, je me hisse de l'autre côté de la balustrade. Les fenêtres sont toujours ouvertes donc il s'apercevra de mon escapade. Mais pas si je rentre avant lui... Un petit tour en ville ne me fera aucun mal. Ni une ni deux, je me laisse glisser sur la petite murette le long du mur. Je descends rapidement, mes talents de grimpeuse sont mis à rude épreuve. Une fois en bas, je reprends ma respiration. Puis je me mets à courir, à courir à en perdre haleine jusqu'à ce que mes poumons me brûlent et que j'atteigne la ville.
Essoufflée, le cœur battant à tout rompre, je reste émerveillée devant la beauté de la ville. La musique résonne dans les rues et je sens une profonde euphorie m'envahir. Je suis libre, loin de ce roi tyrannique et de ses œillades adressées à cette reine. Je suis libre et je peux faire ce que je veux. Je peux être qui je veux. Alors sans trop penser, je commence à marcher dans les rues. J'ignore ce que ces gens fêtent mais ils portent tous le même genre de tuniques et se contente de danser au rythme des chansons. Il doit y avoir une fanfare quelque part, mais pour quelle occasion ? Galeïon n'a rien d'une ville détruite. Erkel m'a menti, c'est évident.
— Eh toi !
Je me braque. Cette voix, je ne la reconnais pas alors que je me tourne lentement. Une fille me fait face, les cheveux longs et noirs, la peau mate. Elle porte des vêtements traditionnels d'un violet foncé et sa bouche est cachée par un voile transparent. Elle est d'une beauté à couper le souffle. Et tout à coup, je la reconnais. C'est la fille qui se disputait avec son père à notre arrivée.
— Toi aussi tu cherches à échapper à ta destinée ?
Elle me sourit et étonnamment son regard est d'une douce tristesse. Habituée. Elle est habituée à la vie qu'elle mène, quelle qu'elle soit.
— Plus ou moins. Nous nous sommes vues tout à l'heure, n'est-ce pas ?
Elle acquiesce puis explique :
— Mon père est un haut fonctionnaire à Kelinthos. Il conseille Leurs Majestés sur divers sujets. Je suis coincée avec lui pendant ce temps-là. D'ailleurs, tu as sûrement dû rencontrer Ivayis, l'ambassadrice du palais. Elle assiste aussi à ces réunions. Enfin, bref...
— Ivayis ?
Elle hoche lentement la tête puis s'approche de moi, souriante.
— Mais bon, je ne viens pas ici le soir pour parler de ma misérable vie. Suis-moi, allons nous amuser !
Elle me prend la main avant que j'ai pu la stopper et m'entraîne dans les rues de Galeïon. Elle est plus petite que moi mais une énergie folle se dégage d'elle. Comme si l'excitation du moment lui revenait enfin. Bientôt, nous arrivons devant une petite taverne, une sorte de café ouvert mais à moitié club de nuit. S'il y a une terrasse avec des fauteuils à l'extérieur, une musique assourdissante ressort de l'intérieur.
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𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 3
Romance« Ma grand-mère était une assassin. Ma mère, une voleuse. J'ai sûrement hérité des deux puisqu'en ce moment même, je suis emprisonnée à Meridia pour tentative de meurtre. » Morgan Healthyer, a à peine dix-huit ans lorsqu'elle tente d'assassiner le r...