Chapitre 49

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Le cheval galope à une vitesse fulgurante. Ma capuche rabattu sur ma tête, j'ai quitté Barentown depuis bientôt deux bonnes heures. Le soleil s'est levé, je suis allée chasser en forêt comme dans l'ancien temps et j'ai repris ma course. Ma maison n'est plus très loin d'ici. Grenton est un petit village où tout le monde se connaît. Mais depuis les propos de Maverick... J'ai peur. Si Erkel m'a dit avoir déplacé la population, je n'ai aucune idée de l'endroit où mes parents pourraient être.

Alors je divague vers l'inconnu, c'est évident. Je ne balaye pas de la main la possibilité qu'ils soient morts, mais je garde espoir naïvement. Bientôt, je traverse la forêt à toute vitesse. J'aboutis dans une petite clairière, là où Grenton devrait être. C'est sans surprise que mon village a été complètement rasé. Il ne reste plus que des ruines et un petit cours d'eau sur la droite.

Je descends de mon cheval, l'attache à un arbre puis me dirige d'un pas las vers le cours d'eau. Je me baisse pour saisir un peu d'eau et me débarbouiller le visage, mes genoux frottant contre le sol. Mon carquois est lourd sur mon épaule mais je n'y fais pas attention. Au lieu de mettre des flèches, j'y ai fourré un tas de poignards suffisamment aiguisés pour trancher des têtes.

Le temps s'écoule et je laisse mes yeux embrasser l'horizon. Au loin, il n'y a que des champs à perte de vue, et des clairières encadrées par des barrières en bois. Grenton a disparu. Ma maison n'est plus là. Mes souvenirs ont été complètement effacés. Liam a quitté mon cœur depuis bien longtemps, malgré toutes les choses que j'ai pu penser par le passé. J'ai haï Erkel d'une haine si profonde, si meurtrière que j'aurais fait n'importe quoi pour l'atteindre. Et aujourd'hui, je ferais n'importe quoi pour le revoir sain et sauf. C'est étrange comme les sentiments peuvent varier du jour au lendemain.

Soudain, je me fige. Quelque chose retient mon attention, des pas se font entendre. Je tends le bras pour saisir un poignard mais une douleur lancinante me saisit à la hanche. Quelqu'un vient de me tirer dessus avec une flèche. C'est la seule chose qui traverse mon esprit parce que bientôt, mon corps part en avant. Et merde.

• • •

Quand mes yeux se rouvrent, j'ai mal partout. Je sens mes poignets enserrés, et mes chevilles me brûlent. De l'eau coule sur mon visage et je penche la tête en avant pour recracher tout le liquide contenu dans mes poumons. Je mets quelques secondes à découvrir mon environnement.

— Mais c'est qu'elle est enfin réveillée, celle-là !

Je plisse le nez, grimace avant de me rendre compte de trois choses. Un : je suis attachée sur une ridicule chaise en bois. Deux : un homme aussi moche que puant me fixe d'un air carnassier, une lame dans la main. Trois : je me trouve dans une sorte de cabanon abandonné.

En fait, il n'y a pas que lui. D'autres hommes restent en retrait derrière lui et me dévisagent avec dégoût. Il y en a un autre derrière, celui qui s'occupait à me verser de l'eau dessus pour me réveiller. Ça a plutôt bien marché, maintenant j'ai envie de lui mettre mon poing dans sa figure.

— Tu te rappelles de nous ?

Je fronce les sourcils, les observe tour à tour. Ils ressemblent à des sauvageons de forêt.

— Je devrais vous connaître ?

— Oh, enfin, réfléchis. Je suis sûr que tu vas te rappeler !

Je me force à réfléchir. L'homme en face de moi doit être âgé d'une trentaine d'année, il porte une vieille veste noir pleine de boue et son visage est couvert de saleté et de cicatrices. Oh. Des cicatrices. Une attitude de sauvage. Bingo !

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant