De Feu Et De Glace

Tu es mon papa

Seulement retrouver Alexandra n'est pas une mince affaire. Nous ne savons pas exactement où elle se trouve. Bastienne a des suppositions, mais nous avons besoin de certitude. Comment allons-nous réussir à le savoir ? Nous sommes mis en routes se cachant toujours dans la forêt. Je ne comprends pas pourquoi. Il serait tellement plus simple de voler une voiture ou deux au lieu de dépenser notre énergie pour rien. Je ne suis pas le seul à le penser, mais Bastienne ne fait qu'à sa tête.

Dire que je connaissais tout le territoire européen avant de mourir et même le monde entier, mais qu'en mourant c'est comme si j'avais perdu non seulement ce que je suis, mais toutes mes connaissances. Parfois, il m'arrive de ne plus savoir comment fonctionnent les simples choses de la vie, mais je pile sur mon orgueil.

Nous nous arrêtons brusquement, lorsque Bastienne se tient sur le haut d'une colline, la tête ailleurs. J'ignore où nous sommes, mais je sais que je n'en peux plus d'être sous forme lupine. J'ai besoin d'être sous ma forme humaine et manger comme les pauvres mortels. Malheureusement, nous n'avons aucun vêtement. Nous portons très peu d'affaires personnelles. Je tourne en rond en attendant les réponses de Bastienne et je vais me coucher sous un arbre. Tranquillement, mes yeux se ferment et je plonge dans un sommeil. En fait, c'est ce que je crois.

Je suis dans une clairière, le vent fait virevolter l'herbe autour de moi. Nous sommes en plein été, mais je ne reconnais pas ce territoire. C'est trop verdoyant.

— Alors, c'est vrai ? demande soudainement la voix de la petite fille.

Bien sûr, j'aurais dû m'en douter. Cette fillette et moi sommes connectés par un lien magique que je ne comprends pas tout à fait. Bastienne semble le comprendre, mais préfère rester en silence. Je présume que c'est encore une chose que je dois découvrir seule. Je me tourne donc vers la fillette qui essuie des larmes du revers de la main. Elle a pleuré, mais pourquoi ? Pour la première fois, j'arrive à bouger et je m'accroupis à genoux devant elle.

— Pourquoi as-tu pleuré ? je lui demande.

— Je dois savoir. Est-ce que c'est vrai ?

— Je ne peux rien te dire si je ne connais pas la réponse. J'ai perdu la mémoire. J'apprends à la retrouver.

— Tu es mon papa ? Mon vrai papa. Pas comme papa James.

Ces mots se heurtent dans mon esprit et je fronce les sourcils. Moi, papa ? C'est absurde. Je le saurais non ? Mais tout est absurde pour le moment. Je connais seulement le nom que devrait porter ma femme.

— Je ne sais pas. J'avoue à la petite. Je sais seulement que ma femme d'une autre vie s'appellerait Alexandra.

— Alexandra Redlight ! souffle-t-elle.

— Tu la connais ?

— C'-c'est maman.

La surprise peut se lire sur nos deux visages. Tout à coup, la petite fille se jette dans mes bras en me disant :

— Oh papa ! Comme tu m'as manqué. Je savais que tu n'étais pas mort.

Je suis sans mots. Que dois-je répondre à ça ? Comment répondre que je ne savais même pas que j'avais un enfant ou deux d'après ce que je constate. Je la serre fort dans mes bras et je sens tout l'amour se dégager de cette petite fille. J'ai envie de lui demander tellement de choses, mais je veux prendre mon temps. Ses mains délicates prennent mon visage et cette dernière fronce les sourcils en me disant :