Retrouvailles ardues

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Plus que je m'approche, plus que les éclairs se rapprochent de moi. Je les évite le plus possible. Sa tête se tourne légèrement vers moi, ses yeux sont un translucide et des éclairs en sortent. Je me demande si j'ai bien fait de la poursuivre. Je décide de prendre une forme humaine. Je sais qu'elle m'a connu sous forme lupine d'après mes souvenirs, mais je crois que ça sera mieux ainsi. Je me retrouve donc nu ; devant elle qui grogne. Je dois avouer que cette femelle possède un sacré caractère. Pourquoi ai-je oublié ce détail ? Je tente donc de m'approcher à nouveau, mais elle fait claquer ses dents dans ma direction. D'accord, les actes ont les oublis. Parole dans ce cas.

— Je sais que c'est difficile pour toi et je comprends. Lorsque je me suis réveillé, j'étais perdu, je ne me souvenais de rien. J'avais l'impression d'être une autre personne. Je sais que tu as souffert pendant toutes ces années où je n'étais pas à tes côtés. Tu es une louve forte, intelligente et parfois têtue, je dois avouer. Je sais que tu t'es battu pour tes enfants... Il faut que tu ouvres les yeux. Ouvre ton cœur. Je suis de retour pour être à tes côtés. Je t'aime Alexandra.

Son corps se tourne vers moi. Sa tête se penche sur le côté. Je crois l'avoir amadoué. Je lui souris et tends ma main. Oh merde ! Ça ne marche pas comme je l'espérais. Elle fait un pas de reculons en se secouant la tête. Son poil se hérisse et de nouveau ma louve me montre ses dents. Alex bondit sur moi ; les dents dégagées et nous déboulons tous les deux la montagne. J'ai mal aux côtes. Je grimace, mais je n'ai pas le temps de réagir que la voilà qui m'attaque. Plaqué dos contre sol, je tente de me protéger le mieux que je peux. Je ne veux pas lui faire du mal. Ma louve me mord, me griffe. Je suis en situation de suivi et c'est drôle, j'en sens presque de l'excitation... Non, je le suis. Elle me marque, mais cette dernière ne s'en aperçoit pas. En revanche, plus que j'essaie de me protéger, plus ses morsures sont profondes. Du mieux que je peux, je la repousse et me transforme à mon tour. Ça suffit. Il est temps qu'elle se mesure à quelqu'un de sa taille.

À mon tour, je bondis sur elle, mordant ses flancs. Bien sûr, ma femme n'aime pas ça et je m'en contrefiche. Je vais me battre avec elle, je n'ai plus le choix. Ma louve et moi nous engageons dans une bataille sans nom. Nos auras se battent également. La sienne est légèrement plus puissante que la mienne, je ne me laisse pas faire. Je n'ai pas découvert toutes mes forces, mais je dois me battre pour elle, pour nous. Nous nous donnons des coups de griffes, des morsures qui entaillent nos corps. J'ai mal, mais je ne le montre pas. Je ne sais pas combien de temps nous nous battons comme ça, mais ça me semble être une éternité.

À bout de souffle tous les deux, nous reprenons la forme humaine. Nous sommes accroupis, l'un à face de l'autre et je ne peux pas m'empêcher de la trouver belle et sauvage. Le cœur battant, elle se relève en me donnant un coup de pied. Je passe une main sur ma mâchoire, je saigne. Je grogne. Ça suffit !

— Ça suffit ! je grogne.

— Tu n'es qu'une ombre que je vais détruire. Une ombre qui me suit depuis des années, incapables de me débarrasser.

— Il est temps pour toi, Alexandra de revenir à la raison.

— Chose abjecte qui se prend pour mon âme sœur, c'est moi qui vais te détruire.

— Mais regarde-moi, par la lune. Vois ce qui est vrai. Ne laisse pas ton cœur se geler.

Même sur la neige, celle-ci arrive à tout geler. Elle s'approche de moi et attrape ma gorge. Alexandra est tellement froide. Je sens la froideur envahir mon corps. Vais-je mourir gelé ? J'attends, soudainement, une voix dans ma tête qui me dit que je suis de braise. Je peux également me servir de cette braise. Tandis que ma femme se laisse consommer par la glace, je me laisse à mon tour consommer par mon feu intérieur. Je ne sais pas ce qui se passe, mais elle me relâche. J'ouvre les yeux et elle se tient la main. J'ai chaud, tellement chaud. Je décide de me regarder. Je suis littéralement en flamme, mais ça ne me fait pas mal. Alexandra, qui est de glace, me regarde étrangement. Il y a de la fureur dans ses yeux. Je m'approche, elle s'éloigne. Je la veux, je l'aurai.

Lorsqu'elle me tourne le dos, je l'attrape par la nuque la forçant à se retourner vers moi. Ma main dans son cou est comme si un glaçon fondait dans ma main. Alexandra grogne et tente de se dégager. Non, elle ne partira pas une seconde fois. Je l'emprisonne dans mes bras ce qui ne lui plait pas. Ma femme finit tout de même à se calmer et me regarde droit dans les yeux. Je n'ai qu'une envie; l'embrasser.

Mes lèvres se posent sur les siennes. Elle se débat au début, puis se laisse faire. J'ai l'impression que celle-ci me reconnait. Son corps devient de plus en plus chaud et elle passe une main dans mes cheveux. Si elle savait que je souhaite lui faire maintenant. Nos lèvres se mouvent et nos langues se croisent. J'ai retrouvé ma femme. Cependant, il y a un goût salé qui me vient en bouche. Je me sépare à contrecœur et je vois des larmes couler le long de ses joues. Alexandra s'effondre au sol, éclatant en sanglots. Je m'abaisse pour la prendre dans mes bras et elle me dit :

— Tu n'avais pas le droit. Tu n'avais pas le droit de me faire ça.

— Je sais.

— Tu m'as laissé seule.

— Je sais.

— Je suis perdue.

— Je le suis autant que toi. J'ai passé des mois à essayer de me souvenir de qui j'étais. Six ans entre la vie et la mort, ce n'est pas un cadeau. Maintenant, je suis là. Je vais toujours être là.

— Je n'en peux plus... J'ai plus la force.

— Je suis là. À tes côtés.

À nouveau, je l'embrasse et cette fois-ci, je l'entoure d'un aura bienfaiteur et je lui insuffle de ma chaleur dans notre baiser. Je sens son cœur se réchauffer. Je sais qu'il ne sera pas totalement guéri, mais je serais toujours là à veiller sur elle. Ça ne sera pas toujours facile, mais je l'aime. Nous restons un moment comme ça ; dans les bras de l'un de l'autre. Lorsqu'elle juge que c'est bon, ma femme se recule en baissant le regard. Ah ouais. J'oubliais ce détail.

— Tu es sérieux ? sourit-elle.

— C'est plus fort que moi. Tu es trop belle.

— Hmm...

J'attrape son visage.

- Je t'aime, Alexandra.



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Voilà pour cette semaine. Vous voyez, j'ai fais un effort. J'ai écris deux chapitres aujourd'hui. Cette histoire ne sera pas aussi longue que le premier tome, mais elle va avoir sa fin. ;)

De Feu Et De GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant