Partie 38 :
J'ai commencé à trembler de tout mon corps, c'est quoi cette question ? Et c'est quoi cette manière de changer de sujet ? Il sait trop comment me faire tourner la tête lui !
Moi : mai.. heu.. en sah vous êtes combien dans ton cerveau Houssam ?
Il rigole
Houssam : j'sais pas trop c'est le zbeul la dedans
Moi : ça s'voit !!!!!
Houssam : réponds à ma question esquive pas le truc
Moi : j'esquive rien du tout, c'est juste que t'as question elle est hors sujet l..
Houssam : Réponds !
Moi : bah j'veux .. je sais pas 3, 4 inchallah Houssam : ah ouais ?
Moi : bah ouais
Houssam : moi j'en veux 6 et j'en aurai 6 ! Il me sourit de toute ses dents là !
Moi : dis inchallah !
Houssam : inchallah on aura 6 enfants !
Mon pouls a accéléré d'un coup !
Moi : c'est pas un peu beaucoup 6 ?
Houssam : nan nan c'est bien 6 ! 4 filles et 2 garçons
Moi : ah tu veux plus de filles que de gars ?
Houssam : ouais.. tu vois Slimane il me disait zehma, les filles c'est une prise de tête, c'est chaud t'as toujours peur qu'elle tourne mal tout ça mais frère si ta fille tu sais la tenir y a pas de raison, les filles c'est tranquille.. wallah moi j'veux pleins de petites princesses !
Encore une fois, plus je parlais avec Houssam et plus j'apprenais à nouveau. Il suivait pas un model typique de mec de quartier comme tous. Lui, il avait sa propre personnalité, ses envies, ses angoisses. Je savais qu'il était sincère dans ses paroles, je savais qu'il aurait vraiment aimé avoir des filles. Et je me sentais heureuse, je me sentais bien de savoir qu'il me voyait déjà comme la futur mère de ses enfants. C'est un honneur pour moi, wallah limite j'en étais fière, j'étais fière de pouvoir penser qu'un jour je porterai ses enfants.
Finalement le lendemain Saïd m'appelle il me dit de le suivre au grec du quartier. Ça fait très longtemps que je n'ai pas marché à côté de mon frère dans la rue. Avant, j'avais cette fierté de défiler dans les rues à côté de mes frères, je me sentais imbattable, je marchais la tête haute, sans trainer mes baskets au sol. Et dés qu'il accélérait je faisais de même lol Il s'assoit à table, puis Rim nous rejoins, et quelques minutes plus tard Houssam arrive. J'étais mal à l'aise, parce que j'avais l'impression de trahir mon frère, j'avais l'impression qu'à tout moment il savait, qu'il allait l'apprendre, j'avais honte. Rim s'est assise, je lui avais rapidement expliqué que Houssam voulait nous filer sa voiture. Saïd s'assoit :
Saïd : bon on fait vite là, j'ai des trucs à faire. Donc maintenant je vous fais confiance sur le permis tout ça, Houssam m'a proposé d'vous filez sa voiture. Rim elle sourit
Saïd : donc on a dit 300 balles c'est ça ?
Houssam : non non vas-y frère 200 c'est bon, elle est vieille tout ça, 200, c'est la famille Il venait juste de changer le moteur... lol 200
Saïd : azy on a dit 300
Houssam : non wallah 200 !
Saïd : vas-y 200 alors, donc je vous la paye.. mais HANDEK si jamais vous faites un pas de travers, l'une ou l'autre, la voiture elle saute ok ?
Moi : oui
Rim : ok !
Saïd : ok bah c'est bon frère pour 200.
Mon frère Saïd il sort des billets de sa poche lui tend, Houssam nous file la clé, et me lâche un petit sourire satisfait en quoi. Zehma après il se sert la main comme s'il venait de faire une affaire de fou ! Rim et moi on monte dans notre petite clio. Je suis amoureuse de cette voiture parce que c'était la première d'Houssam, ma première, j'ai trop de souvenir dans cette clio, trop de truc qui me font penser à Houssam, j'ai appris à conduire avec elle, j'en suis amoureuse ! RIP MA CLIO :'-( Rim et moi on était trop contente on klaxonner, on danser, Rim elle commençait déjà à mettre des jours sur quand elle allait la conduire ou pas ! C'est à dire tout les jours de la semaine sauf le dimanche lol oui Rim. Sayé j'allais entrer en Fac, j'avais une voiture, le permis, c'était le début de l'indépendance ! Je savais pas pour vous, mais cette époque là, elle est top. L'époque où on commence à découvrir l'indépendance, la première fois qu'on conduit sa voiture. Moi je voulais juste rouler, m'évader, j'étais capable d'aller au grec en bas de chez moi en voiture juste histoire de conduire, j'étais fière de m'asseoir à la place du conducteur, fière de démarrer ma petite clio, fière de sortir avec mes copines en voiture, j'étais fière de tout ça. Le lendemain même, Houssam m'appel je le rejoins avec ma petite clio toute fière de moi, quand il m'a vu arrivé il a pas pu s'empêcher de rigoler.
Houssam : zehhhma la conductrice !
Moi : je gère je gère ! tu vois !
Houssam : ouais vas-y descend de là
Moi : non
Houssam : vas-y descend t'es folle toi tu crois je vais te laisser conduire
Moi : stp Houssam ! stp je viens juste de l'avoir ! j'ai envie de conduire wech
Houssam : et quoi ? tu crois j'vais m'asseoir à côté de toi j'vais me téma dans la glace, me remaquiller belek ?
Moi : wah arrêtes avec tes préjugés à la con, je veux juste conduire stp !
Il sourit et s'assoit à côté de moi. J'étais toute fière, toute concentrer. Je voulais lui montrer comment je conduisais bien, comment je gérais bien.
Houssam : mais handek avec les créneaux commence pas à te prendre pour Schumacher, si t'abîme ma clio je t'abîme ta tête !
Moi : c'est MA clio
Houssam : tout ce qui est à toi et à moi.
Moi : ah ouais ?
Houssam : ouais ouais !
Moi : laisses moi conduire.
Je passais vitesse en étant grave concentré sur la route, je voulais pas caler, pas passer de la 3e à la 5e, je voulais lui montrer que je conduisais bien. Sauf que lui me fixer, il était assit au fond de son siège et je le voyais sourire en me regardant.
Moi : Houssam arrêtes stp wallah ça me stress !
Houssam : tu me faisais la même
Moi : abuses pas j'te fixe pas comme ça !
Houssam : nan mais moi si j'ai envie de te fixer, y a quoi maintenant ?
Moi : on va se planter avec tes conneries !
Il continu de me regarder, puis prend sa casquette et l'a dépose sur ma tête.
Houssam : voilà Houssamette maintenant
Moi : t'es vraiment fou !
Il y avait une mèche presque devant mes yeux à cause de sa grosse casquette. Il continuait de me fixer, puis prend délicatement ma mèche et il met derrière mon oreille. C'est bizarre, parce que sa main de maçon il aurait pu facilement me tuer et il était tout doux, tout calme. J'étais gênée, mes mains tremblaient sur le volant. Il veut vraiment que je lâche les pédales !
Houssam : t'es belle en moi. Je me suis mise à rire.
Moi : tu veux qu'on se plante ?
Houssam : quoi ? J'ai fais quoi là ?
Il se met à rigoler avec sa grosse voix enraillé, sa voix rock un peu cassé, des fois ça poussait dans les égu, je pense que même si j'avais voulu reproduire le son de sa voix je n'aurai pas réussi. Il prend mon sac et met une enveloppe dedans.
Moi : tu fais quoi ? c'est quoi ça ?
Houssam : t'inquiète
Moi : HOUSSAM C'EST QUOI ÇA ?
Houssam : déjà tu vas commencer par baisser le son quand tu t'adresses à moi ok ? c'est l'argent que Saïd m'a filé, il est à toi, tant fais ce que tu veux, tu le brules, le téje, je m'en fout c'est à toi.
Moi : Non !! mais j'en veux pas moi ! j'en veux pas ! c'est à toi
Houssam : ET TU SAIS QUOI J'AI MÊME PAS ENVIE DE ME PRENDRE LA TÊTE LA, ALORS ÉCOUTES, CETTE CAISSE JE TE LA FILE INTISSAR, DONC L'ARGENT DE SAÏD J'EN
VEUX PAS IL TE REVIENT TU M'AS COMPRIS LA ? JE VEUX MÊME PAS ENTENDRE PARLER DE ÇA. WALLAH TU ME ZEHEF QUAND TU FAIS DES TRUCS COMME ÇA. C'EST A TOI INTISSAR, JE SAIS PAS SI TU CAPTES QUE TOUT CE QUI EST A MOI ET A TOI, JE M'EN TAPE DE L'ARGENT JE M'EN BALLE LES COUILLES DES VOITURES ! .. Déjà tu vois c'est parce que je savais t'aller me casser les couilles, mais je voulais t'acheter une caisse neuve ! J'ai hlef, et même si y a avait pas ça, Intissar c'est toi, je m'en balles les couilles, si demain tu me demandes une Ferrari geh j'te la paye !
Je savais qu'il me prenait pas pour n'importe qui, qu'il disait pas ça méchamment, je savais qu'au fond c'était sa façon de me montrer qu'il s'en foutait pas. Alors j'ai rien dis, même si je comptais pas utiliser cette argent, qu'il était encore plus hors de question pour moi que je lui demande quoi que ce sois. Son argent me dégoûtait, j'en avais rien à foutre de cet argent. Pour moi, c'était mon ennemi juré, c'était à cause de cet argent que l'homme que j'aimais s'enliser dans le crime.
Houssam : je suis pas zehef, c'est pas la peine de faire ta vieille tête là, c'est juste j'aime pas les actions comme ça, dis toi bien dans ta tête, que faut que tu comprennes, je peux pas assurer sur tout, alors jure moi juste que jamais tu resteras dans le besoin, ou même ta famille sans me le dire !
Moi : je sais... et je te le jure, mais faut pas que tu le prenne comme ça, c'est juste que moi je veux pas de cet argent
Houssam : bah mehlich téje le, mais quand je te le donne tu le prends. Ce qui est à moi et à toi !
Moi : t'es malade.
Houssam : t'va toucher un bête d'héritage ma gueule !
J'ai pas pu m'empêcher de rigoler, elle était con sa blague, vraiment.
Moi : putain fallait me le dire avant, j'organise ton meurtre.
Il sourit, et tape avec son point dans mon bras.
Houssam : c'est toi qui va m'achever.
J'avais l'impression que chaque phrase qu'il lançait été faite pour me déstabiliser, pour me montrer qu'il faisait des efforts. J'étais comblée, parce que c'est vrai ça me toucher qu'il parle comme ça. Mais même un silence total aurait suffit, à me rendre heureuse, un truc immense. Je le regardais, toujours aussi beau, parce qu'il est vraiment beau à mes yeux, il est vraiment magnifique, et je me rendais compte que finalement c'était même pas physique lui et moi.
J'avais cette hantise de tomber amoureuse d'un homme et que finalement je ne me rende compte qu'après que ce n'était que physique,qu'on est rien à se dire. Mais Houssam il me complétait vraiment. J'aimais parler avec lui, parce qu'on s'apprenait des choses mutuellement. On refaisait le monde avec peu. C'était aussi bien physique que mentale.
On aimait se regarder, comme j'aimais l'écouter parler. J'aimais son coeur, sa façon d'être, malgré ses erreurs, ses vices et ses défauts. Je voyais en lui surtout un mec unique, avec un coeur énorme. Pour moi c'était comme une perle dans un immense océan rongé par le sel. Il se détruisait petit à petit et pourtant y avait toujours cette personne, cet être unique. Un homme à part entière, avec un coeur, des valeurs, des principes, un cerveau. C'était pas simplement un voyou de cité qui avait fait de la prison, c'était un homme.
Et j'avais beau énumérer ses défauts, ses qualités étaient beaucoup trop supérieur pour que je le hais. Finalement c'est le destin, car au début Houssam s'était vraiment une vrai attirance physique, je le trouvais beau, avec du charisme, j'étais déstabilisée quand il m'adressait la parole, sans comprendre pourquoi.
Mais c'était sans plus, sans connaître sa personnalité, et au contraire je ne voyais en lui que les mauvais côtés. Puis il y a eu ses discutions après que Moha soit tombé, et dés la première conversation, dés les premières paroles qu'il m'a sortit. Quand il m'a parlé pour la toute première fois. Je me suis dis, il cache bien son jeu, ou c'est pas possible y a quelqu'un qui lui souffle ses répliques. lol Mais non, c'est Houssam, un homme pur à part entière.
Le jour juste avant notre départ au bled, on était tous posé dans le salon, mama, baba, saïd, moha, camille, rim, ibti, khalti, nour, houssam, moi et y avait même Fatiha elle faisait partit de notre famille cette folle. J'avais grave envie de l'emmener en Algérie mais elle allait partir au Maroc. On profitaient de l'ambiance du soir, l'ambiance arabe, les blagues pourris de Saïd suffisaient à nous éclatez. Puis on a été dormir, car le lendemain matin on devait prendre l'avion tôt.
C'était la deuxième fois qu'on prenait l'avion, d'habitude on faisait la route en voiture et bateau, mais pour 2 mois ! Ibti avait presque jamais été au bled, donc elle était toute heureuse de nous suivre, et moi j'étais contente d'avoir ma petite princesse à mes côtés. Les hommes étaient toujours au salon.
Puis juste avant de dormir j'ai reçu un message d'Houssam. J'aimerais vous parler d'Houssam et de sa phobie des textos ! Il a sincèrement une phobie. Il savait pas utiliser le téléphone et le clavier, parce que zehma à l'époque y avait pas le tactile et les claviers avec toutes les lettres, fallait taper plusieurs fois sur la touche pour avoir la lettre, enfin vous connaissez. Et donc lui ça l'énerver il se trompait tout le temps de lettre, il était impatient. Il me dit "wallah quand je vois des meufs là avec le gros pouces à croire que leurs appareils c'est un piano, elle lève même pas le regard, elle s'batte avec les touches, j'ai envie de le faire manger". Donc recevoir un texto de plus de 3 mots de la part d'Houssam c'est comme une déclaration ! lol
Houssam : "fait handek a ma mere mon reuf et a toi jte fais confiance et kan tu rentre inchallah on fra un truc a 2 princesse"
Fallait quand même dire qu'Houssam s'était très très loin d'être le mec à dire des mots comme ça, à exprimer un tant sois peu ce qu'il ressentait. C'était même pas pour se donner un genre, je savais qu'il connaissait pas ça, qu'il voulait même pas connaître. Je lui en demandais même pas. Je voyais juste qu'il kiffait dire le mot princesse, et quand il le disait je me sentais vraiment comme une princesse, j'étais sur mon nuage, parce que je connaissais la valeur de ce mot. L'entendre dire des trucs comme ça, j'avais l'impression d'être sur une autre planète, fallait le connaître, voir comment il était au quotidien, dehors avec le reste du monde, et l'entendre dire ça après. C'était irréel. Et c'est là que je reconnaissais sa sincérité.
On est arrivé au bled, un bien fou, de profiter de la famille, de se ressourcer totalement, c'est complètement différent. J'ai profité un maximum de ma mère, de ma soeur, de khalti. D'ailleurs khalti et nour était chez nous comme chez eux, ma famille du bled les considéraient comme de notre famille. Nour était pour moi comme mon petit frère, et khalti comme ma deuxième maman. Je profitais un maximum de la famille. Puis on a été quelque jour dans la famille à Khalti, donc la famille à Houssam. Et elle m'a carrément présenté à eux comme sa futur belle fille, ça m'a gêné !
On a profitait quelques jours de sa famille vraiment accueillant, j'avais du mal à me dire que j'étais dans la famille d'Houssam. Puis un soir un peu avant le départ en France, on était sur la terrasse avec khalti et rim, on profitait des lumières, de l'air frais du soir. Puis Rim s'est levé pour prendre sa douche, et khalti s'est approchée de moi, elle a posé sa main sur la mienne et m'a dit en arabe :
Elle : on a pas encore eu l'occasion de parler ma fille, pourtant j'ai pleins de choses à te dire.
Elle me sourit
Elle : ne sois pas gênée par ce que je vais te dire, tu es comme ma fille, tu n'as pas honte à avoir avec moi, pas sur ça.
Moi : tu veux me parler de quoi ?
Elle : de mon fils, de mon fils Houssam
Elle s'est reculée en regardant la vue
Elle : tu sais c'est surement la dernière fois que je vois mon pays
Moi : hein ? mais non arrête de dire n'importe quoi, on reviendra l'année prochaine inchallah !
Elle : ne fait pas comme mon fils, ma fille, tu vois bien que je suis malade, je le sais
Moi : mais non ! t'es en force, regarde, tu vas bien !! c'est juste la fatigue ne dis pas ça ! seul Dieu sait ! tu ne peux pas dire ça
Elle : seul Dieu sait, mais moi je le sens, je sens qu'il ne me reste pas beaucoup de temps, tu es une femme, tu es assez forte pour comprendre ma fille je le sais bien.
Je me suis mise à pleurer devant elle.. s'était horrible, horrible d'entendre ça
Moi : mais non tu vas rester avec nous, dis pas ça ! tu es là khalti et en forme !
Elle : tu ne dois pas dire des choses comme ça, ne fait pas comme mon fils, je suis malade, et je n'ai pas peur de la mort, j'ai peur de ce que je laisse derrière moi.
Je pleurais, j'avais envie de la sangloter, de la réveiller, de lui montrer que ce n'était rien simplement de la fatigue, qu'elle dramatisait beaucoup, trop j'avais envie de lui dire qu'elle avait trop regardé des séries turques, que la vie ce n'est pas un film, on en prévoit pas ça, et elle était encore en forme. Mais j'avais même pas les mots.
Elle : malgré tout ce qu'il peut te dire, même s'il fait l'homme, même s'il fait le dur, Houssam est le plus fragile de mes enfants, je te jure, que c'est le plus fragile ! Et je suis rassurée de savoir que tu es là, je sais que tu tiendras ta promesse comme tu as promis de ne pas l'abandonner, tu resteras près de lui, et tu l'aideras. Je le sais, j'ai confiance en Allah et en toi.
Moi : mais ne dit pas ça.. wallah non !
Elle s'est mise à essuyer mes larmes, je fixais ses petits yeux ronds, elle laissa couler quelques larmes.. Elle a les yeux de son fils, des petits yeux ronds légèrement en amande, et cette couleur foncé si intense. Tbarakallah. Elle me sert la main laissant couler des larmes.
Elle : je suis fière de toi ! Je sais que tu seras une bonne femme, et pas parce que tu fais à manger, que tu sais tenir une maison et que tu es bien éduqué, juste parce que tu as un grand coeur immense, et que le coeur de mon fils t'a choisi, je le sais, parce qu'une mère voit ses choses là.
Je tremblais en serrant ses mains.
Elle : Houssam a tellement de chance de t'avoir ma fille .. tellement.. (elle frotte mon visage), et je prie pour que Noureddine rencontre aussi une femme qui l'aimera et qui sera grande à l'intérieure.
Moi : c'est moi.. c'est moi qui est de la chance de l'avoir .. C'est comme si j'avais oublié que j'étais en face de sa mère, que c'était à sa mère que je parlais, j'avais complètement oublié ça.
Elle : je te demande beaucoup, je le sais, mais inchallah mon fils sera le mari qu'il te faut.
Moi : inchallah tata.. inchallah
Elle : et puis tu sais, le jour ou je partirai, peut-être qu'il fera n'importe qu..
Moi : non ne parle pas de ça ! ça va pas arriver ! arrête !
Elle : mais tu sais très bien qu'il faudra qu'on est cette conversation un jour, tu le sais... et je préfère l'avoir maintenant
Moi : mais.. tu ne peux pas parler de la mort
Elle : si car je sais que la vie d'ici bas n'est qu'un passage et c'est l'essentiel.
Je regardais cette petite femme si forte, je voyais en elle un modèle, l'expression de toute une génération de femme guerrière. Cette femme qui a sacrifié jusqu'à ses propres rêves pour voir ses enfants grandir, pour leurs apportés le maximum. J'aimais cette femme comme ma deuxième maman, pas seulement parce qu'elle avait enfanté l'homme dont j'étais amoureuse, mais juste parce qu'elle était ce qu'elle était.
Un modèle de sagesse, de dignité, de bonté, de gentillesse. J'arrivais pas à m'imaginer sans elle, j'arrivais pas à m'imaginer de plus me plonger dans ses petits yeux, de ne plus voir son petite sourire, de plus l'entendre des milliards de choses sur le monde, ne plus profiter de son immense sagesse, ne plus serrer ses petits mains, ne plus entendre sa petite voix. Je pleurais rien que d'imaginer une journée sans sa présence.
C'était horrible pour moi d'entendre ça, vraiment insoutenable, mais fallait que je réagisse comme une adulte, que je fasse comme si j'avais les épaules de supporter ça, alors qu'on font je n'écoutais même plus sérieusement, c'était impossible pour moi de me mettre en condition, en situation.
Elle : je sais que tu sauras prendre soin de mon fils, que tu sauras le relever, et m'offrir des tas de petits enfants inchallah !
Elle : j'aurai aimé voir mes futurs petits enfants, assister au mariage de mes fils, mais seul Dieu décide.
Et je me suis imaginée me marier, m'unir à Houssam, sans la présence de sa mère, d'avoir ce manque permanent, ce vide, autant pour lui que pour moi ce serait impossible.
Moi : tu sauras là, inchallah, tu sauras là.. Elle a versé quelques larmes et m'a dit
Elle : je t'en demande trop d'un coup, on reprendra cette conversation un jour inchallah, mais l'essentiel c'est que tu saches ça ma fille, je sais que mon fils t'aime, et que tu sauras la personne qui va l'aider. Va dormir ma fille.
Je l'ai serré dans mes bras tremblotantes, comment ? comment supporter le poids de la douleur ? Comment imaginer ma vie sans cette petite femme ? Je me suis allongée sur mon lit, rongée par la douleur et la peur, j'ai pris mon téléphone j'avais envie de parler à Houssam, j'avais au moins envie de lui dire, ce que je ressentais. Sans vraiment réfléchir je lui est envoyé : "je t'aime houssam".
Je me suis endormie. Le lendemain j'avais déjà oublié, j'étais un peu pommé, et quand j'ai pris le téléphone de Rim pour regarder l'heure, j'ai vu numéro de France : "wllh moi c plus ksa fé attention à toi". ça m'a suffit à me faire oublier le malheur qui pesait sur nos têtes.
Le retour en France fût difficile, on était, moi, rim, nour, khalti et ibti. Mama restait encore. Les au revoir ont été difficile. 2 semaines c'était beaucoup trop court. Rien ne m'avait manqué, la quartier, le froid, l'ambiance, la tentions, les galères. J'étais déprimée. Les premiers jours j'ai accompagné khalti pour ses examens, Houssam avait l'air très occupé donc j'ai pas osé lui demander qu'on se voit. Puis un soir je reçois un appel de lui, on parle rapidement, du bled, de sa famille, de tout, puis il me dit :
Houssam : au faite t'as un truc de prévu demain ?
Moi : bah euh.. non.. ah si ! je devais passer chez ta mère pour l'aider à mettre les rideaux qu'elle a ramené du bled.
Houssam : ouais mais ça je m'arrange, t'ira après-demain, t'as rien de prévu ?
Moi : bah non
Houssam : bah tu viens avec moi
Moi : ou ça ?
Houssam : je t'enlève
Moi : hella !
Houssam : tu te démerdes comme tu veux mais demain trouve un truc pour sortir de 10h et je te ramène vers 7h.
J'ai mis la soirée à élaborée un plan avec Rim, finalement on a trouvé, mes frères n'étaient pas à la maison donc on avait juste mon père à convaincre. Mais c'était le plus dur, parce que malgré son âge, fallait le prendre pour un imbécile, il connaissait les failles. Finalement il a accepté. Rim m'avait fait les plaques, je mettais dis que j'allais faire un effort. Le lendemain matin j'ai jamais été de si bonne humeur j'étais debout grave tôt, Rim et moi on est partie, je l'ai déposé chez sa copine Lila, et j'ai été rejoindre Houssam à une station service. J'avais 20 minutes d'avance, je jouais avec le lecteur cd, j'étais angoissé comme si s'était la première fois que je le voyais, on aurait dit une gamine. Finalement il est arrivé dans une grosse berline, direct ça m'a zehef, mais je me suis dis allez pour une fois ferme ta bouche.
Quand il est descendu de la voiture.. j'ai cru mourir ! Il avait mit une jean, belek ça parait un truc normal pour n'importe qui .. sauf pour Houssam ! Je le voyais tout le temps en jogging, casquette, même en été. Je le voyais jamais comme un mec à la mode, ou juste avec un jean et un tee shirt simple. C'est un truc grave con de remarquer ça, mais moi je sais pas ça m'a fait quelque chose. Je suis montée avec lui en voiture, même le voir souriant c'était un truc pas normal de ça part.. et pourtant il l'était.
Houssam : zehmaaa le lissage
Moi : zehmaa le jean ! il est où ton vieux jogging ?
Houssam : ahh t'inquiète moi aussi j'ai des fringues des les gens civilisés
Moi : bah tant mieux !
Houssam : c'est quoi ce maquillage ?
Moi : quoi ? j'en met presque jamais !
Houssam : t'es hella comme ça, mais je préfère que y est que moi qui voit.
Moi : mais bien surrr Houssam !
Houssam : ouais ! je suis sérieux
Moi : si je m'habillais en mini jupe tu pourrais dire ça, là ... nehel sheitan !
Il m'a regardé puis il me montre son poing en souriant.
Houssam : je te tue si t'ose faire ça un jour !
Finalement il m'a emmené dans un parc d'attraction.. ouais un truc de fou ! Moi je suis restée choquer quand il m'a dit ça, au fond j'étais toute heureuse de voir tout les efforts qu'il faisait c'était impressionnant. J'étais toute euphorique je voulais faire des trucs pourris, il se plaignait mais me suivait tranquille sans calculer. Puis il a voulu faire un manège zehma t'a la tête en bas.. et moi j'ai vraiment peur. Je faisais pas zehma, j'étais vraiment terrorisé, alors une fois assise, je commence à flipper :
Houssam : t'es sah t'as peur ?
Moi : mais wallah j'ai vraiment peur c'est pas du zgah !
Houssam : bah on descend si t'as peur
Moi : non non c'est bon
Houssam : nan nan vas-y s'tu veux pas le faire on s'casse
Moi : non c'est bon tu m'as suivi, à moi de te suivre ! Le manège démarre et il me dit :
Houssam : regarde tes pieds
Moi : hein ?
Houssam : s'ta peur fixe tes pieds
Je commence à fixer mes pieds, et il attrape ma main et la sert très fort, autant vous dire que le manège aurait pu se décrocher je sentais plus rien ! lol j'étais perchée, en sortant il souriait fière de lui :
Houssam : tu vois t'es pas morte.
Toute la journée il a fait des efforts, il était gentil, il parlait bien, il s'énervait pas. Lui même il m'a dit, tu sais ça me fait chelou d'sortir du quartier, wallah j'sais même plus comment me tenir. J'étais trop contente, trop heureuse, juste de le voir sourire. Il a acheté que des trucs sucrés, et gras on aurait dit un gamin de 12 ans qui avait trouvé un billet de 50 balles par terre ! lol.
A un moment on était dans des espèces de boués, qui tournait sur l'eau, et comme on était que deux dans la boué avec la descente j'ai glissé d'un coup. Il a m'a rattrapé, il m'a bloqué dans ses bras, il s'est passé un truc bizarre à ce moment là. Il m'a fixé au moins 5 seconde, et puis il a tourné la tête, comme si je l'avais déstabilisé, comme si pour une fois c'est moi qui avait réussi.
J'étais tellement heureuse tellement dans une bulle perché, je me croyais dans un film, on est monté dans un petit train qui faisait le tour, lui il clachait les gens de devant, il arrivait à se faire rire seul. Puis d'un coup j'ai collé ma tête sur son épaule, j'ai senti qu'il était gêné :
Moi : merci Houssam
Il a mit un temps avant de réagir, sur le coup j'ai eu peur qu'il me dise "tu prends la confiance". Mais finalement il a mit son bras autour de mon cou, il m'a embrassé la tête.
Houssam : t'es farhana là hein ?
Moi : bah ouais ! lol
Houssam : tant mieux alors.. c'est le but.
Il m'a embrassé à nouveau. J'arrivais plus à détacher mes yeux des siens, il se passait un truc chimique encore, un truc surpuissant entre nous. Il m'a ramené vers 7 h, je suis passée chercher Rim sur mon petit nuage.
Le lendemain je vais chez khalti, en rentrant je m'excuse de ne pas être venu hier :
Moi : je suis désolée, j'ai pas pu venir et..
Khalti : oui je sais ma fille ! alors vous vous êtes amusés ?
J'ai reculé d'un pas..
Khalti : ah tu comptais me mentir ! J'ai esquissé un sourire
Moi : mai.. Khalti : Houssam il m'a dit tu sais, il me cache pas ça, alors toi ma fille je veux pas que tu me cache !
Je suis restée bouche bée, il en a parlé à sa mère. J'osais même pas demander le pourquoi du comment, j'ai souri. J'étais haut perchée dans mon arbre bien heureuse, mais je sentais que tout ça n'était qu'éphémère et que la réalité allait très vite me rattraper.
Début Août 2006, un matin je reçois un message de Farouk. Il m'en envoie que rarement et surtout pas le matin !
J'ouvre : "intissar rappel moi c urgent".
Ce matin là j'étais en plein ménage de printemps avec ma maman, y avait khalti qu'il allait arrivé. Mais je décide quand même de le rappeler, je m'enferme dans la salle de bain.
Moi : allô Farouk ?
Farouk : ouais c'est qui là ?
Moi : Intissar
Farouk : ha putain... t'es où là ?
Moi : chez moi pourquoi ?
Farouk : y a du monde chez toi ?
Moi : pourquoi tu veux savoir Farouk ? Il se passe quoi ?
Farouk : y a des mecs qui sont tombés sur Houssam hier soir, ces fils de pute ils étaient une dizaine, wallah Intissar il est dans un sale état..