Partie 48 :
"Descente en enfer" "Du chagrin de son fils qu'elle a vu sortir, pour plus jamais revenir.. Partit trop tôt sans dire au revoir à la
famille, au poto.."
J'étais tentée d'analyser des heures durant dans ma chambre, wallah j'ai cherché. J'allais chez ma soeur Rim je prenais son pc, je me souviens elle venait tout juste d'avoir la livebox d'orange lol, et pendant des heures je parcourais le net, je cherchais à comprendre ce système, je cherchais à comprendre pourquoi.. L'arme, la fusillade, ça m'avait tromatisé wallah ! J'en parlais pendant des heures avec Ismail, et c'est en partit lui qui m'a fait comprendre, c'est à ce moment là qu'il m'a dit "tu sais.. un homme rallié à la rue, le reste toute sa vie, d'une façon où d'une autre".
Et c'était quoi la fin ? La mort ? La prison, je faisais des analyses dans ma tête, je retournais le truc dans tout les sens, je faisais des insomnies en cherchant à savoir si oui ou non Houssam arriverait à surmonter tout ça, si un jour y avait une possibilité qu'on y arrive à deux.. Et je pleurais.. Je me disais "ya rabbi pourquoi lui ? Pourquoi un homme comme ça ? Pourquoi Houssam n'est pas un homme normal ? Pourquoi il a pas un travail comme tout le monde, pourquoi y a tout ça autour, pourquoi ce n'est pas aussi simple que ça ? Ya allah pourquoi ?". Je me suis accrochée à la patiente, à l'endurance, j'avais pas d'autre choix, que me balader avec mon arme dans mon sac, mon coeur lourd, et ma peur. Houssam ne m'avait pas reparler une seule fois de la fusillade, pas une seule fois, pourtant moi j'y pensais, j'y pensais même trop, mais rien du tout, et j'osais même pas évoquer le sujet. C'était comme si rien ne c'était passé.
Mais il avait pas oublié, je le savais très bien. Puis un jour j'étais chez Rim avec Ali, c'était mon squat, quand j'étais pas chez Rim, j'étais chez
Mohamed avec ma petite princesse, Saïd était tout le temps dehors ou au taf, donc moi je désertais ma maison lol. Houssam m'appelle quelques plus tard.. il était très occupé donc les fois où il venait me chercher était de plus en plus rare, je descend donc en l'attendant. Quand il est arrivé, il avait même pas sa voiture, mais celle de Kem, il était sur les nerfs, stressés, il m'a à peine salam.
Moi : qu'est ce que t'as ?
Houssam : rien rien
Il monte la musique devant mon nez. Donc je l'a baisse
Moi : houssam.. je supporte pas que tu me dises rien, rani hna hlach ana ? (je suis là pour quoi moi)
Moi : dis moi..
Houssam : t'es pas là pour savoir ça
Moi : si !! arrêtes de vouloir me protéger ! c'est trop tard pour ça hein !
Il me regarde vraiment énerver
Houssam : me zehef pas, me zehef pas un conseil
Moi : d'accord je me tais ! c'est bon fais comme tu veux
Il se frotte le visage, en soufflant, il a l'air perdu. J'arrive jamais à le faire parler, c'est un truc qui m'agace, un truc que je supporte pas chez lui, c'est ça.
Houssam : tu veux savoir ? j'hoche la tête
Houssam : j'ai le nom des fils de putes qui ont tirés dans le grec
Je le regarde choqué, au fond je savais très bien qu'il avait pas oublié, que ça trottait dans un coin de sa tête, je le savais, j'étais trop naïve de croire qu'il avait zappé, je pouvais changer ses activités mais pas ça manière d'être...
Moi : oublis ça Houssam, oublis ça.. arrêtes de vouloir avoir des vengeances pour tout, sur tout
Houssam : COMMENCES PAS AVEC TA MORALE TEH ZEUBI LA ! .. Putain ! c'est même pas histoire de vengeance, tu sais pas les trucs qui passent par la tête là wallah
Moi : mais putain !! c'est ça alors c'est un truc sans fin ? ils te font un truc, tu leurs rends, et vice et versa ? putain mais sois plus intelligent, oublis ça, oublis, on s'en fout !
Il passe une vitesse en arrachant le levier limite, j'ai flippé..
Houssam : Y A QUOI QUE TU COMPRENDS PAS ? PUTAIN TU VOIS PAS OU QUOI TOI ? T'ETAIT LA INTISSAR, HOO T'ETAIS DANS CE PUTAIN DE KEBAB LA, T'ETAIS AVEC MOI..
IMAGINES ILS AURAIENT TIRÉ UN PEU PLUS BAS IMAGINE INTISSAR, C'EST LA (il met son doigt sur ma tempe) .. IL T'AURAIT FOUTU UN BALLE DANS LE CRANE ! JE
FAIS COMMENT APRES ! WALLAH C'EST MÊME HISTOIRE DE FIERTÉ J'AURAIT ÉTE TOUT SEUL JE M'EN BALLE LES COUILLES.. MAIS INTISSAR T'ETAIS LA ! TU COMPRENDS ÇA !
Il hurlait en faisant des gestes
Moi : je croyais que tout le monde mourrait un jour hein
Houssam : pas toi Intissar.. pas avec moi, et pas avant moi
Moi : on fait le concours de qui va claquer le premier c'est ça ?? tu peux prendre tout les risques, et c'est pas important ? C'EST QUAND QUE TU VAS FAIRE ATTENTION A TA VIE HOUSSAM , C'EST QUAND QUE TU VAS TE RENDRE COMPTE DE L'IMPORTANCE DE LA VIE !! QUAND TU SERAS DERRIÈRE LES BARREAUX OU MORT?
Houssam : quand je serai sur que t'es en sécurité
Moi : JE SERAI JAMAIS EN SÉCURITÉ OK .. ? SI ALLAH LE VEUT LA MAINTENANT JE MEURS D'UNE CRISE CARDIAQUE SI ALLAH LE VEUT LA MAINTENANT ON A UN ACCIDENT ET JE MEURS..ET TOI TU RESTES ! COMPRENDS ÇA ! TU PEUX FAIRE TOUT CE QUE TU VEUX, TU FERAS PAS LE DESTIN..
Il reste dans le silence..
Moi : oublis cette histoire, je t'en supplie Houssam, oublis ! quand tu seras enfin sorti de tout ça.. ce sera fini, y aura plus aucun danger, plus rien..
Houssam : ça marche pas comme ça
Je mets les mains sur mon visage.. J'ai peur, j'ai tellement peur !!
Moi : j'ai l'impression d'être dans un film putain
Houssam : sauf qu'un film, quand tu veux qu'il s'arrête t'as qu'à appuyer sur stop
Je le regarde en panique... wallah en panique je me souviens de la sensation que j'ai eu, des frissons qui m'ont traversé le corps à ce moment. Et là j'ai encore l'impression d'être dans cette voiture avec lui, sur cette route. Un long silence glaciale s'est installé, et plus personne n'a parlé, il m'a redéposé devant chez moi... Ce soir là je suis restée avec Saïd et ma mère je me souviens, car c'était très rare que mon frère reste avec nous, très très rare, puis il m'a dit "ça risque de péter ce soir" en regardant par la fenêtre..
Non il ne parlait pas de l'orage lol Je suis allée me coucher la boule au ventre, et ça faisait bien longtemps que ça ne mettait pas arriver.. La peur, cette peur du silence, cette peur qu'Houssam soit dehors.. La peur qu'il soit au mauvais endroit au mauvais moment. J'étais rassurée de savoir Saïd dans le salon et Mohamed chez lui, mais toujours aussi inquiète de savoir l'homme que j'aime dans la rue.. J'osais pas appeler Rim de peur de la déranger, et j'avais perdu ma meilleure amie..
Alors j'ai prier, parce qu'encore une fois mon seul confident rester allah ! J'ai prier.. je me demande combien de fois dans ma vie j'ai demandé à allah de protéger houssam, combien de fois j'ai dit "ya allah retires le de mon coeur" combien de fois j'ai ressenti le besoin de m'effondrer, de le supplier qu'houssam ne meurt pas, qu'houssam ne tombe pas. Je recommençais à me dire "finalement s'il tombe c'est pas le problème tant qu'il prend une petite peine", j'en venais presque à penser que la prison était une solution. Tard ce soir là, dans la nuit j'ai reçu un appel d'Houssam, ça aussi c'était un truc qui avait disparu jusqu'ici, il respectait mes horaires de sommeil, et la nuit il ne m'appelait jamais. Comme je me suis réveillée au dernier moment, je n'ai pas eu le temps de décrocher, il m'a rappelé une nouvelle fois :
Moi : allô ?
Houssam : oublis ce que je t'ai dit tout à l'heure, je vais me battre Intissar, wallah je te laisse pas ?
J'ai à peine eu le temps de comprendre ce qu'il venait de me dire, j'étais dans sommeil encore..
Houssam : vas-y je te laisse nehess.. fais attention à toi princesse.
Il a raccroché sans même me laisser le temps de me répondre, j'ai soufflé un grand coup.. Al hamdulillah il est toujours vivant !!!! Cette nuit là m'a marqué, car le lendemain en rentrant j'ai apprit qu'un jeune de la cité était mort cette nuit là, c'est ma mère qui me l'a annoncé, en me disant les larmes aux yeux "sa mère est prête à mourir... " et elle a rajouté en levant les mains aux ciels "al hamdoulillah.. Merci ya allah ! merci ! protèges mes enfants !". Je savais par Houssam que Saïd trafiquait de temps en temps mais qu'il s'était largement calmé, et je remerciais Allah..
Mais c'était pas facile, c'était tous mes frères, tous des frères, des fils, des pères, des maris pour certains. Et le truc qui m'a encore plus choqué.. c'est que j'ai rien entendu, c'est pas loin de ma tour que les coups de feux on était tiré, j'ai rien entendu.. J'étais tellement habituée, vous imaginez, j'étais habituée à entendre les sirènes de polices, à entendre des jeunes criaient, des voitures brûlés. J'étais habituée à voir une télé volée d'une fenêtre pendant qu'une voiture de police passait au quartier, j'étais habituée à voir des petits de 6 ans jetaient des cailloux sur des voitures de hnouchs. Quand j'ai raconté tout ça à Houssam, quand je lui est dit tout ça, j'ai pleuré comme une merde, parce que je me suis rendue compte de notre situation, encore une fois, je regardais de loin ma vie, tout ce qui m'entoure, et je découvrais petit à petit le monde dans le quel j'avais grandi, la cage dans la quelle on était enfermé, le monde nous contemplait de l'extérieur, comme des animaux dans un zoo..
Pour les cours, j'avais validé mon premier semestre malheureusement pour le deuxième semestre j'ai du passer en session de rattrapage, je l'ai quand même validé après ça, hamdoullah. A cette période je cherchais du taf pour occuper mes longues vacances. Les jours passaient, et puis un soir je dormais chez
Rim car Ali était partit au bled voir sa famille et Rim travaillait.
Il était environ 22h quand je reçois un message d'Houssam
lui : « t ou»
Moi : « chez rim pk?»
Houss : « sa tdit d'aller voir un film»
Moi j'étais toute contente, c'est rare qu'Houssam est envie de faire des sortis.. Le truc c'est qu'il était 22h
Moi : «il est 10h houssam!!» Il m'appelle direct :
Houssam : et alors on s'en fout t'es avec moi
Moi : j'sais pas
Houssam : vas-y je viens te chercher dans 20 minutes en bas de chez ta soeur, t'as intérêt te dépêcher Il raccroche sans même me laisser le temps de répondre.
Moi : Houssam veut m'emmener au cinéma
Rim : houaaaouh c'est l'Aid ou quoi ?
Moi : mdr ! je sais pas il est tard
Rim : j'sais pas pourquoi j'ai confiance en Houssam, je sais qu'il t'arrivera rien avec lui
Moi : tu me laisses y aller
Rim : si tu gardes ton téléphone avec toi, tu fais attention, je te fais confiance Intissar.. prends les clés au cas où je m'endors
Je me suis habillée en vitesse, je me souviens que ce jour là j'avais l'énorme pull gris dont je suis amoureuse à rim lol
Y avait déjà Houssam en bas, j'ai dévalé les escaliers toute souriante, j'étais tellement heureuse que quand je me suis assise je l'ai embrassé sur la
joue longtemps il a rigolé tout seul.
Houssam : ça va ?
Moi : hamdullah !
Houssam : hooo non housssam il est tard je sors pas moi (en mimitant) zehma.. t'es toute farhana là
Moi : mdrr vas-y roules ma poule
Houssam : je vais t'en coller une ma poule
On est donc aller au cinéma, y avait vraiment personne dans la salle, et je me souviens plus du tout du film qu'on avait été voir. Au bout de 10 minutes il m'a prit dans ses bras et il a commencé à s'endormir, je l'ai entendu ronfler lol et moi j'étais morte de rire dans mon coin.. Et grâce à mon salaire j'ai pu me payer un nouveau téléphone.. et handek qui fait appareil photo !! lol j'ai commencé à le prendre en photo dans tout les sens avec le flash et tout ça le réveiller même pas!
Une fois le film fini je l'ai réveillé, il grognait carrément. Puis après il a ouvert les yeux il m'a tapé un big sourire.. ça m'a fait un truc au coeur.
Moi : ça va il t'a plu le film ?
Lui : tropppp hella ! mdr
Finalement on s'est retrouvé à 00h à mcdo, monsieur ne voulait pas rentrer, je lui montrais les photos que j'avais prise, et comme on était seule dans le mcdo, il me dit vient, et il commence à me prendre en photo, on s'est prit en photo tout les deux.. cette soirée m'a marqué, j'ai encore les photos !
Après ça on s'est posé dans sa voiture sur le parking de mcdo, il avait mit de la musique, et on parlait comme d'habitude, on passait notre temps à parler dans cette voiture.. je jouais avec sa main, j'étais concentrée, j'observais la différence de taille de nos mains c'est impressionnant lol. Et lui il parlait, quand il m'a dit :
Houssam : oh tu m'écoutes
moi : oui oui
Houssam : prends pas pour un con
Moi : smeh. vas-y je t'écoute
Houssam : je vais te filer un nouveau numéro là sur le quel m'appeler, supprimes celui là
Moi : tu changes de téléphone
Houssam : ouais on peut dire ça..
Moi : Houssam ??
Houssam : hessoul.. je vais aller m'installer chez Kem 2,3 jours Intissar
Moi : Hein pourquoi ?
Houssam : comme ça .. par precaution
Moi : par précaution ? tu te fous de moi là ?
Houssam : ouais par précaution.. fais attention à comment tu parles
Moi : par précaution de quoi?
Houssam : de certains trucs
Moi : Houssam il se passe quoi ?? Il balance son téléphone sur le tableau de bord et souffle :
Houssam : j'ai quelques soucis avec les hnouchs, rien de grave t'inquiète, je vais m'installer là-bas pour pas longtemps..
Moi : et nour ?
Houssam : t'inquiète je vais lui laisser ce qu'il faut, et c'est un petit intelligent, je compte sur toi pour l'aider
Moi : Houssam pourquoi tu parles comme si t'aller prendre 10 ans ?
Houssam : vas-y arrêtes tes conneries, je pars quelques jours je te dis c'est rien, fais moi confiance Intissar.. fais moi confiance...