Ma veste n'a pas encore séchée et l'humidité me glace. Je frissonne.
Assit à côté du lit de Laura qui dort profondément, j'attends. J'attends que mon père bouge, parle, me ramène, fasse quelque chose...
J'ai retourné ma, presque, discutions avec Laura dans tous les sens mais je n'ai pas plus avancé. Il me manque des pièces du puzzle. J'ai hâte de rentrer pour en parler avec Édouard et surtout Alix, elle a souvent réponse à tous, elle trouvera un truc.
La nuit tombe dehors et on allume des néons aseptisés à l'intérieur. Alors que j'attends en silence depuis trop longtemps, mon père se lève enfin.– Je vais fumer, souffle t'il en se dirigeant vers la porte.
Il doit vraiment aller mal, il ne fume plus depuis des années. Je me lève et je le suis sans un mot.
On descend au rez-de-chaussé puis on sort devant l'hôpital. L'air froid me fait frissonner mais je fais mime de l'apprécier.
J'aimerai parler à mon père comme je le faisais quand j'étais tout petit, lui dire ce qui m'inquiète, me réjouit, lui dire que je sais tout, que je ne lui en veux pas, que je veux que ça redevienne comme avant...
Mais je n'y arrive pas. Alors je reste à côté de lui, en silence.
C'est douloureux mais il y a maintenant trop de distance entre nous pour que je puisse lui parler librement. Je dois me forcer.
– Papa, soufflé-je aussi bas que possible. Tu sais, je considère Laura comme ma sœur maintenant...
J'en dis pas plus, juste assez pour lancer la discutions sur ce point sensible.
– Ne dis jamais ça devant ta mère.
Géniale comme réponse. Je sens les larmes envahir mes yeux. Je fais un pas en avant et lui un pas en arrière. Ça ne sert plus à rien...
J'enfonce mes mains dans mes poches pour cacher mes frissons. On remonte en silence dans la chambre. On reste encore un long moment sans se parler puis on retourne à la voiture.
Le trajet de retour est morose mais je ne fais rien pour l'améliorer, j'ai trop de choses à penser et je suis fatigué.
Je détourne le regard alors qu'on passe à côté de l'arbre « tombé » sur le chemin. Les lumières de dehors sont allumées, mauvais présage.
Mon père se gare et il a à peine coupé le moteur que ma mère sort sur le parvis.
– T'as vu l'heure qu'il est ? Lancé t'elle alors qu'on sort de la voiture.
– Il y a de la route et...
– Il a école demain !
– Je sais, j'ai pas regardé l'heure c'est tout.
– Il a mangé au moins ?
– Oui, j'ai mangé, répondis-je pour calmer les tensions.
– Et ses devoirs, il va faire comment ? Rétorque ma mère en m'ignorant.
– Tu veux entendre quoi ? Que je suis désolé ? D'accord, excuse moi.
– Il est beau le Père responsable.
Je frémis puis je jette un regard en biais à mon père dont le visage s'est fermé. Sans un mot, il retourne à sa voiture, démarre en trompe et s'en va.
Je reste bouche bée alors que ma mère fulmine.
– Aller vous coucher tous les deux, reprend t'elle furieuse.
Je me retourne et je vois qu'Alix est sur le perron de la porte donnant à la cuisine. Je m'empresse de la rejoindre afin d'éviter la colère de ma mère.
– T'as apprit quelque chose ? Me souffle Alix alors qu'on monte les escaliers.
Un cri nous stoppe en marche. Ma mère vient apparemment de se rendre compte que Jo est encore parti en douce. Elle hurle toute seule, disant qu'elle va appeler la Police et le père de Jo aussi.
Avec Alix, on échange un regard mi surprit mi las, puis on reprend notre ascension. Mieux vaut ne pas se faire remarquer.
– Elle ne m'a pas vraiment répondu, fis-je alors qu'on arrive au second. Je ne sais pas si elle était vraiment lucide mais je crois qu'elle connaît le nom de la fillette qui est dehors.
– Personnellement, j'ai pas vraiment envie de l'appeler... Et pour Hannah ?
– Elle a dit un truc vraiment bizarre : sous l'arbre de vert.
– C'est quoi ? Un lieu-dit ?
– Je ne sais pas, elle a dit « sous », comme « dessous » je pense.
– J'espère surtout que c'est dans le coin. Au fait, j'ai passé un savon à Édouard et...
– Vous faites quoi là ? Allez-vous coucher !
Ma mère monte les escaliers comme une furie. Alix soupire avant de partir vers sa chambre. Je fais de même et je suis bien content de pouvoir ôter mes vêtements humides.
Ma sœur a déposée mon sac à dos au pied de mon lit. Je regarde rapidement si j'avais des devoirs bien que j'ai aucune intention de les faire.
J'entends alors ma mère revenir dans le couloir puis le cliquetis d'une serrure que l'on verrouille.
Surprit, je laisse tomber mon agenda sur mon lit pour aller à ma porte : elle est bien verrouillée.
– Va dormir, Thomas, fait la voix étouffée de ma mère.
J'en reviens pas qu'elle m'ait enfermée dans ma chambre. Partagé entre ma surprise et mon indignation, je vais me mettre au lit.
Dans le noir, j'attends que ma mère parte du couloir car je l'entends encore marmonner. Je veux appeler Édouard mais je ne veux pas qu'elle m'entende lui parler, alors je prends mon mal en patience.
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Le Mas du Lac
Mistério / SuspenseSuite à un déménagement, Thomas, treize ans, change radicalement de vie. Il quitte l'étroitesse d'un appartement de sa ville natale pour une grande maison isolée en campagne. Le changement n'est pas simple surtout que le Mas du Lac, sa nouvelle deme...