Chiara somnolait lorsqu'elle entendit les cloches annoncer le retour du Duc de Creüse et son aîné. Un pli apparut automatiquement entre ses sourcils. Si les négociations avaient été couronnées de succès, Baldor serait resté fêter l'alliance renouvelée avec son ami Earol Litan. Mais un retour aussi prompt, une chevauchée nocturne ne pouvait signifier qu'une chose : l'Imperator avait refusé d'entendre raison.
Elle s'étira puis se força à sortir de son lit. Une mèche rebelle l'agaçait prodigieusement en réduisant son champ de vision, alors elle attrapa une brosse et se campa devant le miroir, bien décidée à lui régler son sort. Son reflet lui renvoya son regard assassin. Chiara sourit en réalisant qu'un simple mauvais pli dans sa tignasse suffisait pour allumer une telle lueur dans ses yeux d'un doré habituellement chaleureux. Elle s'empara d'une poignée des cheveux bruns rebelles, et, à force de persévérance, elle finit par leur rendre un aspect soyeux et chatoyant. Domptée, la mèche se rangea sagement aux côtés des autres, soulignant tranquillement l'ovale parfait du visage de Chiara.
Elle se dévisagea, satisfaite. Chiara ne tirait aucune fierté de la beauté qui irradiait de sa personne. Comme tous les habitants de l'Impire, elle savait qu'elle n'était pas due à une quelconque fée qui se serait penchée sur son berceau, mais à la magie de la génétique. En effet, Chiara était issue d'une famille dirigeante, et si les pouvoirs des autres étaient parfois bien mystérieux, il n'était un secret pour personne que la famille Agrivides avait été bénie par la Déesse Ferilis d'une beauté surnaturelle. Et pourtant, cela n'avait en rien empêché les Ducs de Creüse de profiter de cet atout maintes et maintes fois pour obtenir des privilèges qui avaient été refusés aux autres Duchés.
Une servante apparut soudainement derrière Chiara, lui arrachant un sursaut de surprise et la distrayant de ses observations. Elle se moqua immédiatement d'elle-même. Alors que son frère Balden accompagnait leur père pour négocier le futur de l'Impire et se plongeait déjà dans les intrigues avec les autres familles, Chiara, elle, se battait avec une mèche de cheveux. Elle se sentit envahie par un courage extraordinaire dans cette lutte extrêmement utile.
Lorsqu'elle remarqua le tissu entre les mains de la femme, Chiara faillit grommeler, mais elle avait toujours veillé à conserver une bonne image auprès des serviteurs. Si son frère s'était entouré des différents officiers militaires, elle pouvait compter sur l'affection et la loyauté de la quasi totalité des domestiques de la citadelle. Atout majeur pour celle qui était vouée à superviser les tâches ménagères, que ce soit ici à la citadelle ou chez un autre puissant de l'Impire qu'elle aurait épousé afin de renforcer une alliance, afin d'empêcher une guerre. Son père ne cessait de lui répéter que les femmes étaient réellement utiles à la famille et que, si elles étaient assez futées, leur rôle d'épouses leur permettait de contrôler leur mari. Chiara ne pouvait s'empêcher de jalouser son frère cependant qui, lui, pouvait exercer le pouvoir dans la lumière.
Elle quitta à regret sa chemise de nuit, grinçant des dents alors que sa servante serrait un à un les lacets du corset. Chiara n'avait pourtant pas besoin d'un tel instrument pour affiner sa taille puisqu'elle possédait un corps à faire tomber un Dieu à genoux, mais il lui fallait bien se plier aux coutumes creüsoises. Ce type de robe faisait partie des traditions qu'elle ne saurait pouvoir transgresser.
Une fois sa toilette effectuée et ses cheveux nattés, Chiara put enfin sortir de ses appartements qui étaient en train de se transformer pour elle en salle de torture. Elle mourait d'envie d'entendre Balden lui raconter la réunion, mais elle ne s'autorisa pas à aller à la rencontre de son grand frère sans toquer auparavant à la porte adjacente à ses appartements. Elle laissa passer plusieurs minutes, puis lorsqu'elle sentit qu'elle commençait à se rendre ridicule aux yeux de sa camériste, elle finit par entrer dans la pièce.
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Imperator
FantasiUne tour dont la puissance ne voit jamais le jour, Une reine qui préserve son peuple de la peine, Un cavalier par son devoir et son amour tiraillé, Un pion auquel personne ne prête attention, Un roi plus faible que l'on ne le croit, Un fou à la rech...