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Je suis réveillée par un hurlement.

Le hurlement d'une fille qui découvre un intrus dans son appartement. Je me redresse en sursaut et regarde frénétiquement autour de moi.

– Léa ?!

Je suis bien dans notre chambre. Il fait jour. Léa n'est pas dans le lit – ça a beau être la première chose que je remarque, je tâtonne bêtement le matelas comme si j'avais perdu quelque chose.

– Léa ?! répété-je. Qu'est-ce qui...

– Ne m'approchez pas !

Je lève les yeux. Léa se trouve debout devant le lit, faisant mine de se protéger de quelque chose, ou quelqu'un, avec mon sac à dos. Ses cheveux sont en bataille et ses lunettes menacent de tomber de son nez. Je regarde autour de moi. Il n'y a pourtant personne !

– Quoi ? Qu'est-ce qui se passe, enfin ? dis-je en faisant mine de me lever.

– STOP !

Dans le brouillard de ce réveil brutal, je finis par réaliser que sa cible... c'est moi.

Je ne sais pas pourquoi, ni comment, mais celle qu'elle regarde avec ces yeux de chat horrifié, c'est moi.

Je me racle la gorge – elle picote un peu, j'ai l'impression d'avoir attrapé un mauvais rhume pendant la nuit. J'ai la tête qui tourne et je me sens nauséeuse. J'ai dû attraper froid hier. Avec ce temps de chien, ça n'aurait rien d'étonnant.

– Léa, enfin ! C'est moi. Tu es mal réveillée ? dis-je d'une voix enrouée. Tu as fait un cauchemar ?

Les crises de somnambulisme sont monnaie courante chez elle, alors j'essaye de garder mon calme. Il lui est déjà arrivé par le passé de se lever pour balancer une lampe par terre, ou se mette à lancer des mots sans queue ni tête dans son sommeil.

La terreur dans son regard semble perdre en intensité. Si elle n'abandonne pas sa posture défensive, elle baisse tout de même le sac qu'elle s'apprêtait à me jeter à la figure.

– Micha... ?

O.K, elle va revenir à elle, tout va bien se passer. Pas de gestes brusques. C'est bien la première fois qu'elle me fait une frayeur pareille !

– Mon dieu, je dois être en train de rêver, encore, dit-elle à mi-voix.

– Voilà, exactement, répondis-je avec un rire.

Ah, sacrée Léa. Je me lève et fais mine de m'approcher d'elle pour la prendre dans mes bras, mais elle recule d'un pas.

– Non !

Une sensation désagréable me parcourt l'échine. J'ai l'impression que quelque chose cloche.

En fait, c'est peut-être moi qui ne suis pas réveillée. Je sais bien que Léa fait quelques centimètres de moins que moi, mais là, j'ai l'impression de porter des talons hauts, ou de me tenir sur une marche. Et puis, je me sens drôlement légère au niveau de la...

Sans réfléchir, j'effleure ma poitrine à travers mon débardeur.

Je me fige. Elle n'est plus là.

Je tapote frénétiquement mon torse plat. Mes seins, mes deux seins, ont disparu.

Non, ce n'est pas possible. Ce serait trop beau pour être vrai. Ces choses-là, ça n'arrive pas... comme ça. Pas en dormant. Pas en l'espace d'une nuit, sans rien faire. Je me rappelle les pensées qui occupaient mon esprit hier soir, et tout me semble évident :

– Haha, j'ai compris. Je suis en train de rêver, c'est ça ?

Je porte la main à ma gorge. Ma voix sonne rauque à mes oreilles et j'ai l'impression que mon œsophage vibre. Ça ne m'était jamais arrivé dans un rêve, auparavant.

Un homme comme elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant