cosmos | jinlia

18. ipomée

Le lendemain, comme elles l'avaient convenu, Lia attendait derrière le lycée que Ryujin arrive. Elle avait peur mais ce n'était pas négatif pour une fois, juste du stress mélangé à de l'excitation. Elle voyait un espoir, ça pouvait s'arranger, et même si elle n'était pas forcément prête à afficher publiquement qu'elle aimait une fille elle avait enfin réussi à l'accepter, au moins pour elle-même.

Mais les minutes passaient, et plus Ryujin tardait plus des pensées indésirables commençaient à infiltrer son cerveau, profitant de ses insécurités.

Et si elle vient pas ? Elle m'avait répondu mais si elle change d'avis, ou si elle a oublié, ou si elle me pose un lapin pour se venger ?

Elle recommençait à angoisser alors elle prit son téléphone pour harceler Chan de messages. Peu lui importait qu'il lui réponde, elle avait juste besoin d'extérioriser ses peurs.

Elle ne savait pas ce qu'elle redoutait le plus. Que Ryujin soit toujours énervée, ou qu'au contraire elle ne lui en veuille plus ? Que se passerait-il quand Lia lui dira qu'à elle aussi, elle lui plaît ? Est-ce que ce sera même toujours réciproque ? Est-ce qu'elles seront en couple ? Ce mot fit paniquer Lia. J'y connais rien à ça, je vais me ridiculiser.

Mais non, elle savait au fond qu'elle ne se ridiculiserait pas. Ryujin était gentille, compréhensive, patiente et bienveillante, elle saurait la mettre à l'aise. Elle saurait laisser du temps à Lia avant de se comporter comme un « couple ». Même entourées de tout le lycée, elle serait capable en un regard de transmettre à Lia combien elle a envie de l'embrasser, elle avait pu le prouver ces dernières semaines en l'embêtant même si les filles étaient à côté. Lia commença à se demander si elles devraient mettre au courant les filles tout de suite pour elles. Je pense que je vais le dire à Chaeryeong en premier, c'est elle qui a été la première à remarquer un truc. Ensuite, elles l'annonceraient au groupe entier. Lia se sentait assez à l'aise avec Yuna et Yeji pour leur dire, mais elle voulait passer par plusieurs étapes.

La silhouette de Ryujin apparut dans le champ de vision de Lia, la ramenant à la réalité. Je viens vraiment d'imaginer ma vie de couple avec elle ? Je suis ridicule purée. Mais elle ne regrettait pas ses pensées, cela la fit même sourire. Et puis de toute façon ce n'était pas comme si Ryujin pouvait lire dans ses pensées, ce qu'elle venait d'imaginer resterait entre elle et son cerveau.

Elles se retrouvèrent face à face, Lia osa lui lancer un sourire hésitant. Ryujin avait l'air fatiguée, des cernes noires se dessinaient sous ses yeux, faisant culpabiliser Lia de ne pas avoir été là ces derniers jours. En temps normal elle m'aurait dit ce qui va pas, pour peut-être réussir à dormir plus. Mais étrangement elle non plus n'avait pas l'air d'oser la regarder dans les yeux, alors pour une fois Lia rassembla tout le courage qu'elle stockait depuis tout à l'heure et opta pour un « salut » ni trop froid ni trop enthousiaste, pour ne pas que Ryujin ne la trouve bizarre.

Celle-ci essaya de sourire, essayant de cacher qu'en réalité, elle était terrifiée. Des jours de silence radio et des nuits d'angoisse sans sommeil séparaient leur dernière dispute et maintenant Lia voulait lui reparler alors qu'elle n'était pas venue une seule fois au lycée depuis ? Ryujin avait ses raisons de stresser.

Pourtant, dans la tête de la petite brune, c'était un tout autre scénario qui se jouait. Son regard avait été automatiquement attiré vers le sourire que Ryujin lui avait lancé, et maintenant elle ne pouvait plus détacher ses yeux de ses lèvres, lèvres qui lui manquaient depuis bien longtemps déjà. Cela faisait des jours que Lia repensait à la manière qu'avait Ryujin de l'embrasser, la manière qu'elle avait de mettre sa main sur sa nuque pour que leurs visages ne soient jamais séparés. La manière qu'elles avaient de respirer entre deux baisers, à bout de souffle, la manière que Ryujin avait de poser sa main sur sa taille, ce qui enflammait le ventre de Lia, la manière qu'elles avaient de rire niaisement dès qu'elles avaient ces moments privés, car sourire ne suffisait plus.