𝐏𝐋𝐈𝐆𝐇𝐓 ᴿᵃʸ ˣ ᴿᵉᵃᵈᵉʳ│Tome 2 [En réécriture]

𝐓𝐚 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐠𝐫𝐚𝐧𝐝𝐞 𝐩𝐞𝐮𝐫

Bom. Bobom. Bom. Bobom. Bom. Bobom.

Tu ouvres un œil, puis deux, avant de te redresser rapidement quand tu te rends compte que tu es à l'extérieur, et qu'il fait nuit. Tu n'as aucune idée de l'endroit où tu es. A en juger la terre ravagée, les restes de constructions mêlés à la boue et l'épaisse fumée noire qui émane d'un village en feu un peu plus loin, ça t'a tout l'air d'être un champ de bataille.

A tes pieds, gisent des corps inertes. Encore des humains.

Ils sont beaucoup plus nombreux que la dernière fois, et pas de fleurs aux pétales pourpre plantées dans leur cœur. Seulement du sang, partout, et parfois des membres arrachés, éparpillés sur la terre brûlée. Tu es en train de te demander ce qui a bien pu donner lieu à un tel massacre, quand tu obtiens ta réponse en voyant des ombres se diriger vers l'endroit où tu es.

Les démons, encore et toujours.

Par réflexe, tu te caches, même si tu as le sentiment d'être aussi invisible que la dernière fois. Et en effet, les monstres passent devant toi sans te voir. Ils sont nombreux, au moins deux fois plus que les dizaines de corps sans vie qui reposent au sol.

La fumée te pique les yeux, faisant couler des larmes sur tes joues. A moins que ce ne soit simplement ton chagrin? Tu ne sais pas très bien. Tu ne connais pas tous ces gens, et pourtant, tu te sens intimement liée à eux.

-Qui es-tu?

Tu sursautes. Il y a quelqu'un, derrière toi. Un jeune homme, à en juger le timbre de sa voix. Tu penses d'abord qu'il s'adresse à quelqu'un d'autre, puisque tu es invisible, puis tu comprends que ce n'est pas le cas quand il réitère sa question.

Tu te retournes. Quel étrange spectacle. Toi au milieu des cadavres, lui te toisant de ses yeux gris, son visage pâle éclairé par la lune.

🧭🧭🧭

Pour la deuxième fois cette semaine, tu te réveilles en sursaut, le cœur battant et des frissons dans tout le corps. Tu essaies de calmer ta respiration saccadée en inspirant et expirant doucement, tandis que les images de ton cauchemar disparaissent peu à peu pour laisser place à la réalité. Tu es emmitouflée dans tes couvertures, entourée de tes frères et sœurs qui dorment tous paisiblement. Enfin, presque tous: à ta grande surprise, Ray est parfaitement éveillé et t'observe silencieusement, l'air perplexe.

-Tu ne dors pas? Demandes-tu.

-Je lisais, jusqu'à ce que tu te mettes à parler dans ton sommeil.

-Oh non... fais-tu, penaude. Qu'est-ce que j'ai dit?

-Mon nom...

🧭🧭🧭

Oh non. A peine viens-tu de te réveiller que tu te retrouves dans un autre cauchemar. Le léger problème, c'est que celui-ci fait bien partie de la réalité. Note à toi-même: investir dans du ruban adhésif pour t'en scotcher sur la bouche la prochaine fois que tu jugeras bon de parler dans ton sommeil.

-Ce n'est pas du tout ce que tu crois! te défends-tu, rouge de honte.

-Et qu'est-ce que tu crois que je crois? te demande Ray avec un sourire moqueur.

-J'ai fait un cauchemar, lui expliques-tu en ignorant sa question.

-Un cauchemar? Qu'est-ce que je viens faire là-dedans?

Tu hésites. Comment lui expliquer avec tact et délicatesse que...

-Tu es mort.

-Pardon?

-Je veux dire que j'ai rêvé... ou plutôt cauchemardé, te reprends-tu, que tu mourais assassiné par des démons.

Ray t'observe un moment, pensif, avant de soudainement te demander d'une voix calme:

-Qu'est-ce qui te fait peur, (T/p)?

Devant ton expression étonnée, il t'explique:

-Si tu fais des cauchemars, c'est sûrement parce que quelque chose t'angoisse.

Tu prends un temps pour réfléchir, avant de répondre avec sérieux:

-J'ai peur des chaises qui crissent sur le parquet. Ca fait un bruit affreux.

Ray te regarde un instant sans comprendre, avant de laisser un sourire amusé se dessiner sur ses lèvres.

-Je ne te parlais pas de ces peurs là, mais si tu le dis... En tout cas, sache que tu es la seule personne que je connaisse qui a peur des chaises.

-J'ai peur du bruit, nuance, rétorques-tu, légèrement vexée. Et toi? C'est quoi, ta plus grande peur?

Le noiraud ne devait pas s'attendre à cette question, car il reste muet, l'air hésitant.

-Je ne sais pas, finit-il par répondre.

Tu devines qu'il ne te dit pas la vérité. Tout le monde a forcément peur de quelque chose, c'est inévitable. Mais s'il n'a pas envie de parler de ce sujet, ce n'est pas toi qui vas le forcer.

-Bon, c'est pas tout, mais on ferait mieux de dormir, déclares-tu en baillant exagérément. Wouaah, je suis fatiguée, moi!

Tu ne dois pas être très crédible, car Ray arque un sourcil, mais ne te fait pas de remarques pour autant. Sûrement qu'il t'est reconnaissant de ne pas insister sur sa réponse énigmatique.

-Dors, dit-il, je vais lire encore un peu. Si je vois que tu fais à nouveau un cauchemar, je te réveillerai.

Tu le remercies et te blottis dans tes couvertures, tandis qu'il reprend sa lecture. Tu le regardes un moment, hésitante, puis finis par tirer timidement sur sa manche pour loger sa main dans la tienne. Il ne quitte pas des yeux sa page, mais tu peux voir ses lèvres se muer en un sourire dans la pénombre.