• Chapitre 16 •

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Je dois avouer que ce dessert me laisse sur ma faim. L'envie de reprendre encore une autre assiette m'assaille mais Felix a déjà commandé notre plat. Bien que ce soit une sortie professionnelle, j'aime beaucoup ce petit moment entre nous deux. Sa froideur constante semble s'évaporer dans cet endroit. Comme si venir dans un lieu qu'il aime, l'apaise de tous les soucis qu'il peut avoir. À son jeune âge, ce n'est certainement pas facile de diriger deux entreprises aux besoins différents. Je suis admirative devant de telles compétences.

— Erika, je suis désolé d'avoir été très désagréable lors de notre première rencontre et durant tous nos échanges.

Sa déclaration est si soudaine que je peine à trouver des mots. Il a le don de me déstabiliser en quelques mots, en un regard ou avec sa simple présence. Pourquoi maintenant ? J'ouvre ma bouche pour répondre mais il me devance.

— Ne dis rien. Je suis en tort.

Ses yeux sont figés sur la bague qu'il tourne du pouce. Je n'avais pas remarqué qu'il en portait une jusqu'à maintenant. Il le manipule d'une telle délicatesse que je me demande si ce bijou a une importance pour lui.

— J'espère que tu ne m'en voudras pas, bien que je le comprenne.

L'embarras se lit sur ses traits. Il ne semble pas avoir l'habitude d'être dans cette position. Je suis touchée qu'il s'inquiète de mes sentiments. Mais je ne m'éterniserais pas dans ce manoir. Cette demeure m'effraie. Quelque chose d'anormal réside entre ces quatre murs. En tout cas, je deviens folle à mesure que je reste et en toute honnêteté, je préfère encore revenir chez mes parents même si je m'oppose totalement à cette idée.

— J'accepte tes excuses... Je n'ai pas été très honnête moi non plus. J'espère que nous pourrons repartir sur de bonnes bases.

Il acquiesce de la tête. Il n'a pas le temps de rajouter quelques mots que le serveur de tout à l'heure revient les bras chargés. Je m'inquiète de le voir faire tomber une vaisselle mais mon attention s'attarde sur le verre que Felix renverse accidentellement.

— Excusez-moi, s'empresse de dire le dénommé Sylvain qui versait justement le calice de vin.

Les sourcils du patron se froncent alors que son poing tremble tant il serre les doigts. Est-il en colère ? Il se relève brusquement de son siège. Mon souffle se bloque au même moment que ses yeux me foudroient d'une haine terrifiante. Puis son visage se transforme en confusion avant qu'il ne perde l'équilibre.

Si le serveur n'était pas intervenu, il serait tombé. Malgré les frissons qui braquent mon dos, je me précipite sur lui afin de l'aider. Je lui demande s'il se sent bien. Il ancre ses yeux dans les miens. La crainte se dessine dans ses iris puis il secoue de la tête.

— J'ai besoin... de rentrer... chez moi.

— D'accord. Monsieur, pouvez-vous appeler le chauffeur ?

Il fonce dehors sans perdre une seconde tandis que j'oblige le jeune entrepreneur à s'asseoir. La main collée contre son front, il semble tenter de faire disparaître une douleur invisible. Je m'agenouille à hauteur de ses genoux et lui envoie un regard soucieux.

— Je vais appeler le médec...

— Non, s'il te plaît... Préviens le numéro d'urgence. Dans mon téléphone.

Il me tend son portable et je passe très vite un coup de fil sauf que personne ne répond. Je finis par laisser un message sur la boîte vocale en m'assurant que le chauffeur guide son employeur vers la voiture sans encombre. C'est la première fois que je vois Felix dans cet état. Jamais il n'avait fait un malaise en ma présence. Est-ce que le docteur Harris est au courant ? Devrais-je lui en parler ? Il va falloir que je la contacte afin d'être sûr que ce n'est rien de grave. Elle ne m'a parlé d'aucun problème de santé. J'espère qu'il n'a rien...

De retour au manoir, je recompose le numéro tandis que Suzanne et deux autres domestiques aident leur propriétaire à se rendre dans sa chambre. Malheureusement, je sonne dans le vide. Gardant une distance avec l'intimité de Felix, je préfère rester dans le couloir.

Au bout de quelques minutes, ils sortent tous de la pièce. La quarantenaire ferme la porte en dernière. Elle m'offre un sourire puis me confie qu'il serait mieux de le laisser se reposer.

     — A-t-il déjà eu ce genre de situation ?

     — Je ne suis pas autorisée à vous divulguer des informations, ma belle, dit-elle tout en me poussant à m'éloigner de ce couloir.

Sachant qu'elle gardera le secret, je range ma curiosité dans une armoire et retourne au rez-de-chaussée. Si les employés de Felix ne peuvent rien me dire, il vaut mieux que j'appelle le docteur Harris. Je cherche son nom dans mon répertoire de contacts mais je sursaute violemment quand une voix s'élève à mes côtés. Mon téléphone m'échappe des mains. Je n'ai pas le temps de le rattraper qu'une personne l'agrippe de justesse, m'évitant un écran cassé.

     — Merci ! je souffle, soulagée. Si...

Mon esprit se met en mode pause alors que les iris marron d'un irrésistible jeune homme me scrutent avec douceur. Après un effort surhumain, mes souvenirs refont surface. Il était là quand j'ai fait tomber la porcelaine dans le couloir. Si ma mémoire ne me fait pas défaut, il s'appelle...

     — Christopher, se présente-t-il en serrant ma main dans la sienne. Mais vous pouvez m'appeler Chris. Vous êtes Erika.

Sa poigne est forte et les veines qui circulent de ses doigts aux avant-bras me donnent des difficultés à déglutir. Travaille-t-il comme garde du corps ? Je n'oserai même pas un bras de fer. Ma main est bien faible comparée à la sienne. Est-ce que je suis sérieusement en train de fantasmer sur ses mains, là ? Reprends-toi...

     — Oui ! Erika... Mais je suis désolée... Monsieur Lee n'est pas en état à recevoir des invités.

     — Vous m'avez appelé tout à l'heure.

Ah. L'idiote... Je lui offre un sourire, espérant qu'il ne voit pas la gêne qui monte à mes joues puis je l'informe que Felix est actuellement en train de se reposer dans sa chambre.

     — Vous voulez que je le prévienne quand il se...

     — Je vais rester ici pour ce soir. Je veillerai sur lui.

     — Ah. Oui... Euh... Bien sûr ! Je vais informer le personnel.

Il hoche la tête. J'évite de loucher sur ses lèvres pulpeuses et me réfugie dans ma pièce à coucher. Je ne peux pas mentir. Il est extrêmement séduisant. Il m'a fallu plusieurs jours pour m'adapter à la beauté fascinante de Lee Felix. Rencontrer une autre personne au charme ensorcelant et similaire à mon patient est troublant. De toute façon, ce sera juste pour cette nuit. Pourquoi est-ce que je réagis autant alors que je l'ai déjà vu ?



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Bon, je crois que le lundi va être notre jour pour les posts 😭 (je rigole, mais sachez que je poste le lundi en cas d'oubli -ce qui m'arrive très souvent ces derniers temps-).

Week-end chargé...

Enfin ! Felix a eu un malaise, plutôt inhabituel chez lui. Qu'a-t-il bien eu à ce moment-là ?

Oh ! Aussi ! Chris est de retour dans ce chapitre. Court passage mais vous ne inquiétez pas, il reviendra !

J'espère que cela vous a plu et que vous continuerez à lire ! Merci de votre attention !

L'ombre de FelixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant