• Chapitre 50 •

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Les rues deviennent sombres à mesure que le soleil court se cacher derrière les arbustes et les petites maisons de Miatory. La vie nocturne commence à se réveiller de son sommeil. Quelques lampadaires s'allument dans la même synchronisation des lumières des magasins, des restaurants ou d'autres vitrines de commerces. Mon regard s'accroche à quelques couples qui roucoulent leurs amours passionnels devant les autres. Mais parmi le monde de la nuit, je ne suis pas à l'aise. Mes bras tremblent. Peut-être que c'est juste le froid qui s'infiltre sous ma robe légère et ma veste en jeans. L'été arrive, mais mes poils se hérissent.

La police est venue il y a deux jours. Ils ont vérifié tout l'appartement. Il n'y eut aucune effraction et les caméras de surveillance de l'immeuble ont cessé de marcher deux heures avant l'incident. Ils sont revenus hier pour me poser des questions. Est-ce que je connais quelqu'un qui m'en veut ? Ai-je contrarié un proche ou une connaissance très récemment ? Je n'ai pas pu répondre. Comment aurais-je pu ? Je ne suis pas certaine de qui cela pouvait être. L'homme de la cave... ? Est-ce qu'il existe même ?

Je suis perdue. Au moins, ils ont rassuré ma conscience. Le cœur dans la boîte appartenait à un porc. Ça reste cruel d'envoyer un colis pareil à quelqu'un, mais je suis soulagée que personne ne soit réellement mort. Le message était clair. Ils ont utilisé un organe similaire à un humain pour me menacer psychologiquement. Pour en arriver là, il faut vraiment être malade. Je ne comprends pas... Ils mettront leur menace à exécution si je reste dans l'ignorance. Pourquoi les deux choix que Sam m'avait proposés durant le dîner des Lee me reviennent-ils en tête ? Rester dans l'ignorance ou découvrir la vérité ?

Je suis en train de me faire des films. Pourquoi me ferait-il ça ? Il me connaît à peine. Je ne suis qu'une étrangère à ses yeux. Enfin... Il m'a tout de même offert un tableau qu'il a pris soin de peindre durant plusieurs heures pour moi. Je l'ai inspiré. Qu'est-ce que cette peinture peut me représenter ? Une pomme, une fleur, un pétale, dans le noir. Aucune idée de ce que cela peut dire ! Je ne sais même pas pourquoi je me triture les méninges sur la soudaine inspiration d'un artiste. Il faut que j'arrête.

Dans un doux sourire, Seungmin m'accueille dans sa maison. Je suis focalisée dans la chaleur de ses yeux bruns. Ça doit faire pratiquement une semaine que je ne l'ai plus vu, mais j'ai l'impression qu'une éternité s'est écoulée depuis. Son aura angélique m'avait manqué. Cette ambiance change de celle qui me colle à la peau depuis ma rencontre avec son ami.

Alors qu'il me mène dans le salon, il me pose les questions habituelles. Comment je vais ? Si tout va bien... Je m'assois sur l'un des canapés.

      — J'ai pris des vacances de quelques jours.

Je sais que ma réponse n'est pas celle qu'il devrait entendre. En réalité, est-ce que je suis bien ? Est-ce que je suis heureuse ? Je ne sais même pas et Seungmin semble comprendre le tourment de mes pensées.

      — Est-ce que tu veux quelque chose à boire ? demande-t-il, en se dirigeant vers la supposée cuisine.

      — Si tu as du jus d'orange, ça me va, je réponds plus fort pour qu'il m'entende.

      — Hum... j'ai du mojito sans alcool ?

Je pouffe de rire. Ça ne va pas changer grand-chose. Il saisit le message face à mon manque d'opposition. Lorsqu'il revient avec une bouteille sur laquelle est scotchée une étiquette en grand « 0 % », je me permets de sourire, ce qu'il me rend tout de suite. Il dépose deux coupes, avant de verser un liquide blanc sur des glaçons fraîchement sortis du congélateur. En se baissant pour prendre les sous-verres cachés sous la vitre de la table basse, son t-shirt se relève une seconde et mon attention n'échappe pas à sa curiosité. J'ai vu brièvement, mais je suis certaine d'avoir remarqué une encre noire sur la peau de sa hanche. Mes lèvres ne peuvent pas rester scellées.

L'ombre de FelixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant