• Chapitre 53 •

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Je n'arrive pas à respirer. C'est trop pour moi. Ça ne veut rien dire. Ça ne peut pas être possible. Mes bras ne cessent de trembler jusqu'à être secoués par des mains fermes. Je me rends compte que Sam me parle, mais je n'entends rien. Un voile recouvre mes oreilles comme s'il voulait me protéger de la réalité qui remonte dans ma gorge. Mes pieds reculent alors que j'ai envie de crier pour sortir le poids immense dans mon cœur. Je refuse d'y croire... Je refuse. Je...

— Erika !

Mes yeux retrouvent ceux du peintre. Il tient mon visage entre ses longs doigts. Son front est plissé par l'inquiétude.

— Erika, est-ce que–

— Non ! Non, me parle pas !

Prise par la panique, je le pousse et je me tourne pour appeler un taxi. Mais il n'est pas décidé à me laisser partir aussi facilement.

— Erika, posons-nous pour en parler. Tu ne–

— Lâche-moi !

Les mains levées au niveau de ses épaules, il fronce des sourcils face à ma réaction. Je m'éloigne de sa personne. Pourquoi ai-je l'impression d'être une bête de foire ? Pourquoi me fixe-t-il avec un tel regard ? Je secoue la tête. Il l'a vu. Il l'a vu lui aussi !? Il sait.

— Erika...

Minho sort du bâtiment. Il me regarde immédiatement. Je leur tourne le dos. Au même moment, une voiture s'arrête. Je monte sans tarder, fermant la portière plus fort que je ne l'aurais voulu.

— Attends. On veut juste te parler.

— Démarrer ! S'il vous plaît, démarrer !

Le chauffeur ne se fait pas attendre. Il appuie sur le champignon comme si sa vie en dépendait. Je le remercie et laisse mon corps couler sur le siège. Comme si tout ce que je retenais avait atteint sa limite, j'éclate en sanglots. C'est beaucoup trop dur... Si tout ce que j'ai vu est réel... Je ne peux pas.

Il faut que le chauffeur me rappelle une deuxième fois mon adresse pour que je daigne parler, malgré mon état déplorable. Il m'offre un sourire compatissant bien que gêné. Je sèche mes larmes, une énième fois. Ce n'est pas en pleurant que tout va s'arranger. La vie me l'a déjà assez apprise. Mais c'est difficile d'appliquer les conseils des expériences passées.

Après avoir payé le taxi, je monte dans mon appartement. Les chaussures à peine retirées, je cours jusque dans ma chambre, ouvre mon armoire et sort une boîte fermée par des rubans roses. J'aurais pu la trouver les yeux fermés. Elle n'a plus jamais bougé de place depuis que j'ai déménagé ici.

Avec toute la délicatesse que je peux avoir, je défais les nœuds et retire le couvercle. Mon cœur se presse que j'en ai mal... Je n'arrive pas à la tenir avec mes mains tremblantes. La peur frisonne chaque parcelle de mon corps. Comme un retour en arrière, un sentiment chaleureux m'envahit alors que son parfum entêtant m'enveloppe de sa douceur.

Avec du courage, je la déplie puis mes doigts s'arrêtent sur des courbes métalliques. Je retiens un sanglot, plaquant ma paume contre ma bouche. Mordant très fort ma peau pour m'empêcher de pleurer, je tombe sur mes fesses.

J'observe longtemps la boîte. J'ignore depuis combien de temps. Le bruit de mon réveil résonne de plus en plus que le silence de cette pièce se fait plus pesant. Mes souvenirs n'arrêtent pas de se mélanger dans ma tête. Je n'arrive plus à comprendre ce qui est réel ou non.

— Comment est-ce possible...? je murmure.

Très lentement, je caresse les lignes incurvées des motifs. Le temps ne semble pas avoir déteint sur ses formes, bien que ses couleurs vives aient perdu de l'éclat.

L'ombre de FelixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant